21 mars, Cité du Vatican.

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« Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe ». Voilà ce que chantait fougueusement Saint François d’Assise dans le Cantique des créatures (on imagine un décor champêtre, une rivière, un bois, des écureuils, et Saint François célébrant pieusement la divine nature avec ses compagnons). Par ailleurs, cet extrait constitue huit cents ans plus tard l’incipit d’une encyclique intitulée Laudato si’ - Sur la sauvegarde de la maison commune, et publiée le 18 juin 2015 par le pape François.

Rappelons qu’une encyclique est une circulaire adressée par le pape aux évêques ainsi qu’aux fidèles de l’Église, et portant sur un sujet bien précis que le Saint-Père entend traiter à fond. Seulement deux encycliques ont été publiées depuis le début du mandat du pape François, en 2013. La première ne compte pas, puisqu’elle est en réalité le bébé de Benoît XVI. La seconde, en revanche, est marquée du sceau du pape François, qui n’a donc pas choisi son nom de règne au hasard : il adore Saint François d’Assise, et le démontre ici par la rédaction de cette encyclique. Chose étonnante, elle n’est pas simplement destinée aux catholiques : sont nommément visés, au-delà des seuls hommes de bonne volonté, tous les habitants de notre planète – on ratisse large, et c’est tant mieux.

Le Souverain pontife a donc appelé plus d’un milliard de catholiques, au minimum, à se jeter dans la bataille contre le changement climatique. À corps perdu. L’encyclique évoque entre autres choses une défiguration, une destruction de la création, et de ce fait un péché commis contre la création ; elle en appelle au repentir, à la reconnaissance de nos contributions, petites ou grandes, à ce drame écologique. Dieu ayant confié le monde aux humains, ces derniers sont coupables aujourd’hui de réduire à néant l’œuvre de Dieu. Non content de dénoncer plus largement l’ère industrielle, capitaliste et matérialiste, le pape invite à la « conversion écologique », à se tourner vers un mode de vie plus respectueux de la maison commune, à l’image de Saint François d’Assise, qui se satisfaisait de si peu, et pour qui les fleurs étaient des sœurs et les oiseaux des frères. Ou comment concevoir avant la lettre – au début du 13ème siècle ! – un projet de simplicité volontaire.

Tandis que nous faisons la queue sur la place Saint-Pierre, je me demande si le pape se déplace encore en avion ; si les prêtres et les évêques, depuis la publication de cette encyclique, exhortent davantage les fidèles à s’approprier cet ancien nouveau pan de la foi catholique ; si les fidèles eux-mêmes accomplissent en ce moment leur mue, de peur de trop pécher, s’ils deviennent ainsi des écolos, des décroissants, des anticapitalistes acharnés… Rien n’est moins sûr, mais cette encyclique a néanmoins le mérite d’exister ; il faudra dorénavant la mettre en œuvre avec le plus grand sérieux du monde. Un sérieux de pape.

Nota bene (venant d’un athée) : ne pas oublier que si les hommes disparaissent, ils entraîneront Dieu dans leur chute. Essayons donc de préserver Dieu de l’effondrement du vivant.

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