6 avril, Olympie.

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Le Péloponnèse en avril forme un immense bouquet de fleurs sauvages, soigneusement confectionné par le printemps. Non loin du site archéologique d’Olympie, si l’on regarde avec attention les prés, les talus, les jardins publics, on peut voir un arc-en-ciel impossible à peindre autrement que par l’énumération poétique et colorée de leur nom vernaculaire : des géraniums à feuilles molles, des grandes pervenches, des camomilles sauvages, des oxalides des Bermudes, des campanules étoilées, des orges des rats, des molènes floconneuses, des euphorbes réveille-matin, des tordyles d’Apulie, des anémones coronaires…

Mais cessons de faire le beau : car nous ne savons rien de la botanique. Si je parle avec érudition de ces fleurs, c’est que Marie et moi venons de télécharger sur nos téléphones une application très pratique appelée PlantNet. Le principe est à la portée de tous : il suffit de prendre une photo d’un arbre ou d’une plante, et le tour est joué, le nom de l’espèce apparaît sur l’écran, ce par la grâce d’une immense base de données botanique. Depuis plusieurs jours, cette application nous invite à mieux considérer la nature, à poliment l’identifier ; si je connais le nom de Pierre, Paul ou Jacques, pourquoi ne pas connaître aussi celui de Primevère, Pivoine ou Jonquille ? Apprendre à nommer les fleurs, à les retrouver par la suite, est un plaisir oublié, primitif, un peu ringard à vrai dire ; petit plaisir vaniteux, d’ailleurs, que d’identifier tel ou tel plante en public en recrachant doctement son nom – le must étant de le faire en latin.

Mais que vois-je au loin, derrière le parking où nous allons passer la nuit ? Le jaune brûlant d’un mimosa d’été ; des arbres de Judée d’un pourpre à faire pâlir les plus beaux cerisiers du Japon ; des mûriers blancs dont les ports gracieux, feuillus, offrent un refuge à celui qui craint le soleil ou la pluie ; des glycines de Chine à l’odeur entêtante et sucrée ; plusieurs eucalyptus globulus avec qui Marie se réjouit de lier connaissance (elle utilise régulièrement leur huile essentielle) ; des figuiers, des lauriers, des pins blancs, des platanes d’Orient, etc., etc. Folle frénésie de la verdure ! Puis je range mon téléphone car je commence à plantnetiser n’importe quoi, y compris Marie, fort belle plante au demeurant, qui m’invite à revenir à l’essentiel, à la sève de notre périple : il est l’heure de manger.

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