Sept jours ont passé dans l’aire de camping-car, au pied de la colline où s’érigent les volcans de boue. Nous n’avons pu quitter ce cadre idyllique, hors du monde, hors du temps. Nous avons bu du jus d'argousier frais, de la gnôle, et quelques bières locales au kiwi. Nous avons mangé des beignets, des frites et des saucisses, et d’autres plats plus rustiques dont nous ne savons ni le nom ni les ingrédients. Nous avons vu passer beaucoup de camping-cars, des tas de ferraille et des flambant neufs. Nous avons rencontré des Allemands qui nous ont offert un repas. Nous avons croisé plusieurs biches en train de brouter leur repas. Nous nous sommes liés d’amitié avec Aurel, le propriétaire des lieux, plus généreux qu’un Saint. Nous lui avons donné un coup de main dans son potager, et savons désormais, grâce à lui, distinguer l’aillet, la cive et la cébette (en réalité, ce n’est toujours pas très clair). Nous avons découvert à quoi ressemble une fleur de carotte, lorsqu’on renonce à sa récolte. Nous avons étudié les constellations. Nous n’avons pas cueilli d’étoile car Marie n’est pas sensible à ce genre de romantisme. Nous avons nettoyé de fond en comble le fourgon, puis vérifié les niveaux des liquides du moteur. Nous avons graissé la pédale d’embrayage, qui couine à chaque fois qu’on embraye. Nous avons lu sous des toits de chaume. Nous avons passé du bon temps avec les hirondelles. Nous sommes retournés marcher sur la lune, en haut de la colline où sont les volcans de boue. Nous n’avons rien fait de particulier, nous avons vu sept fois le soleil descendre et monter, nous avons regardé le film du printemps, en boucle et souvent sans rien dire. Nous avons fini par fleurir, à force de regarder les fleurs. Nous avons appris comment dire merci en roumain (multumesc).

Nous sommes partis ce matin.