Chapitre 6 - Escapade incognito

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La tension dans le palais de Fereyan était devenue presque insupportable. Le regard de Jaelith se posait souvent avec inquiétude sur Tyrian. Ses yeux, autrefois pétillants de curiosité, semblaient maintenant ternes, comme éteints par un poids invisible. Chaque jour, il s’enfermait un peu plus dans la bibliothèque, cherchant à fuir les entraînements imposés par Freyki et l’atmosphère oppressante de la cour.

Une après-midi, déterminée à offrir un moment de répit à son fils, Jaelith s’approcha de lui alors qu’il était absorbé dans la lecture d’un vieux manuscrit. Elle posa une main douce et rassurante sur son épaule, et lorsqu’il leva les yeux, elle lui sourit avec tendresse.

« Tyrian, aujourd’hui, tu vas m’accompagner, » dit-elle, une lueur de détermination dans la voix. « Nous allons sortir, juste toi et moi. Il est temps de découvrir la cité et de laisser nos soucis derrière nous, ne serait-ce qu’un moment. »

Tyrian releva la tête, surpris mais profondément reconnaissant, un faible sourire se dessinant sur son visage. « Mère… vraiment ? »

Jaelith hocha la tête, son regard débordant de tendresse. « Oui, mon fils. Parfois, pour retrouver notre force, il faut prendre un peu de distance. Alors va chercher ta cape, nous partons sans plus attendre. »

Enfilant leurs capes et leurs capuches pour masquer leurs identités, Jaelith et Tyrian quittèrent discrètement le palais. La cité de Fereyan s’étendait devant eux, vibrante d’animation. Le marché bourdonnait d’activité, les marchands vantaient leurs marchandises, des enfants couraient en riant entre les étals, et des musiciens de rue emplissaient l’air de mélodies entraînantes.

Ils se dirigèrent vers le quartier des marchands, où des étals colorés proposaient des épices exotiques, des étoffes aux teintes vibrantes et des bijoux scintillants. Tyrian, qui semblait toujours absorbé par ses tourments, retrouva un semblant de sourire en découvrant les richesses et les couleurs qui s’étalaient devant lui. Son regard s’illumina un instant lorsqu’il s’approcha d’un stand de livres anciens, un vieil homme aux cheveux gris lui tendant un ouvrage relié de cuir.

Jaelith, heureuse de voir son fils sourire, l’observait avec affection. « Tu vois, il y a tant à découvrir ici, Tyrian, » murmura-t-elle. « La vie est bien plus vaste que les murs de notre palais. »

Après avoir exploré le marché, ils se dirigèrent vers une auberge modeste mais chaleureuse appelée Les Trois Chopes. L’endroit était empli des rires des clients et des éclats de voix joyeuses. Jaelith et Tyrian s’installèrent près de la cheminée, savourant la chaleur et l’atmosphère conviviale de l’auberge.

Alors qu’ils conversaient tranquillement, un éclat de voix brisa la quiétude du moment. Près du comptoir, une serveuse tentait de se dégager de l’emprise d’un homme ivre qui la tenait par le bras, son rire gras et menaçant résonnant dans la salle. Les clients, soit indifférents, soit trop intimidés, n’osaient intervenir.

Jaelith se leva brusquement, la fermeté dans le regard. « Tyrian, reste ici, » ordonna-t-elle d’une voix douce mais inflexible.

Elle s’avança vers l’ivrogne, le regard dur. « Lâchez cette jeune femme, immédiatement ! »

L’homme se tourna vers elle, un rictus méprisant aux lèvres. « Et qui êtes-vous pour me dire quoi faire, hein ? »

Jaelith soutint son regard avec une dignité inébranlable. « Peu importe qui je suis. Ce que vous faites est inacceptable. »

L’ivrogne éclata de rire, mais avant qu’il n’ait le temps de réagir, Jaelith lui asséna une gifle cinglante, le faisant chanceler. La serveuse, profitant de la diversion, se libéra de son emprise et se réfugia derrière le comptoir. À cet instant, deux soldats de la garde royale, attirés par le tumulte, entrèrent dans l’auberge. Leurs yeux s’élargirent en reconnaissant la reine, malgré sa cape.

« Majesté ! » s’écria l’un des soldats en s’inclinant précipitamment. « Que se passe-t-il ici ? »

La couverture de Jaelith était tombée. Les murmures parcouraient la salle alors que les clients réalisaient à qui ils avaient affaire. Jaelith soupira légèrement, comprenant qu’ils ne pourraient plus rester anonymes.

« Rien de grave, » dit-elle aux soldats, d’une voix calme. « Cet homme importunait cette jeune femme. Veuillez le conduire dehors. »

Les soldats s’exécutèrent, emmenant l’ivrogne sous les regards réprobateurs de l’assistance. Tyrian rejoignit sa mère, l’air soucieux.

« Mère, allons-nous avoir des ennuis ? » murmura-t-il, son visage marqué par une inquiétude sincère.

Jaelith secoua la tête, lui souriant avec douceur. « Non, mon fils. Allons simplement rentrer au palais. »

Accompagnés des soldats, ils reprirent le chemin vers le donjon. Bien que leur escapade ait été écourtée, Tyrian se sentait plus léger, reconnaissant envers sa mère pour ce moment de liberté partagée.

À leur retour, Freyki les attendait dans la grande salle, les bras croisés, le regard dur. Son expression sévère ne laissait présager aucune indulgence.

« Où étiez-vous ? » demanda-t-il, sa voix trahissant un mélange de colère et d’inquiétude.

Jaelith releva la tête, posant un regard déterminé sur son époux. « J’ai emmené Tyrian en ville pour lui changer les idées. Il avait besoin de respirer, Freyki. »

Freyki serra les poings, ses sourcils se rejoignant dans une expression de frustration contenue. « Tu sais bien qu’en ces temps troublés, la sécurité de notre famille doit primer, Jaelith. Ce n’était pas prudent de sortir ainsi. »

Avant que Jaelith ne réponde, Tyrian, sentant la tension monter, prit la parole, sa voix trahissant une timidité mêlée de courage. « Père, c’était ma faute. Ne blâmez pas mère. »

Freyki détourna son regard vers son fils, et quelque chose dans ses yeux vacilla brièvement, pris entre la colère et l’incompréhension. Après un moment de silence, il relâcha un peu la tension de ses épaules.

« Nous en reparlerons plus tard, » finit-il par dire, avant de tourner les talons et de quitter la pièce sans ajouter un mot.

Jaelith posa une main réconfortante sur l’épaule de Tyrian, lui offrant un sourire doux. « Tu as bien agi, mon fils. Ce fut une petite aventure, et c’est tout ce qui compte. Reste fort. »

Tyrian hocha la tête, son regard empli de gratitude. Avec la présence rassurante de sa mère à ses côtés, il sentait qu’il pourrait faire face à ce qui l’attendait.

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