Chapitre 9 -Confidences

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Les jours qui suivirent la blessure de Tyrian s’écoulèrent dans une nouvelle routine. Sous la supervision du père Nidud, Tyrian recevait des soins attentifs et reprenait peu à peu ses entraînements. Mais malgré son apparente bienveillance, Nidud nourrissait des intentions sombres. Chaque soir, après les entraînements, il prenait Tyrian à part, lui prodiguant des paroles douces mais empoisonnées contre Freyki. Le prêtre savait jouer sur les faiblesses de Tyrian, distillant des mots soigneusement choisis pour enflammer le ressentiment latent du prince.

« Ton père ne comprend pas ta véritable valeur, Tyrian, » murmurait Nidud d’un ton conspirateur. « Il te voit uniquement comme un prolongement de lui-même, un outil pour atteindre ses propres objectifs. Mais tu es bien plus que cela. Tu as en toi une sagesse et une profondeur qu’il ne pourra jamais voir, qu’il ne saura jamais apprécier. »

Tyrian, vulnérable et avide de reconnaissance, écoutait, se laissant peu à peu séduire par les paroles venimeuses de Nidud. Chaque soir, il sentait naître en lui un sentiment nouveau, un mélange d’amertume et de défiance. Encouragé par les paroles du prêtre, il commença à fréquenter des cercles clandestins, où il rencontra les membres d’un mystérieux groupe : le Culte des Ombres. Ils semblaient le comprendre d’une façon que personne n’avait jamais fait auparavant, lui offrant une étrange forme de réconfort et d’acceptation. On lui promettait puissance et reconnaissance, des choses qui lui avaient toujours été refusées par son père.

Pendant ce temps, au palais, Talia vivait elle aussi des tourments. Le mariage arrangé avec le prince d’Etania pesait lourdement sur ses épaules, son futur scellé sans qu’elle ait son mot à dire. Cette perspective la terrifiait. Un soir, alors que la lune éclairait doucement les jardins du palais, elle décida de confier ses peurs à Feiyl, son garde du corps et confident le plus proche.

Ensemble, ils marchaient en silence parmi les haies taillées et les fontaines scintillantes, mais Talia, incapable de contenir son angoisse, brisa le silence.

« Feiyl, je ne sais plus quoi faire, » avoua-t-elle d’une voix tremblante. « Ce mariage… c’est comme une prison dorée. On me condamne à une vie que je n’ai pas choisie. »

Feiyl tourna son regard vers elle, ses yeux dorés empreints de compassion. Bien qu’il cachât sa véritable nature de dragon sous forme humaine, sa loyauté envers Talia était inébranlable. « Talia, tu es bien plus forte que tu ne le crois. Il doit y avoir une solution, un moyen d’échapper à ce destin imposé. »

Un soupir s’échappa des lèvres de Talia, et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. « Comment ? Père est déterminé à ce que ce mariage ait lieu. Pour lui, il n’y a que les alliances, les avantages pour le royaume. Mon bonheur n’a aucune importance. »

Feiyl s’arrêta, prenant doucement la main de Talia dans la sienne, ses doigts fermes mais réconfortants. « Nous trouverons un moyen, Talia. Je te le promets. Je ne laisserai personne te forcer à vivre une vie que tu n’as pas choisie. »

Talia leva les yeux vers lui, cherchant dans son regard la force qui lui faisait défaut. « Merci, Feiyl. Ta présence est la seule chose qui me donne encore un peu d’espoir. »

Feiyl lui adressa un sourire rassurant, cachant la profondeur de ses propres sentiments et du lourd secret qu’il portait. « Toujours à tes côtés, Talia. Quoi qu’il advienne, nous affronterons ensemble ce qui viendra. »

Alors qu’ils continuaient de marcher, Talia sentit une étincelle d’espoir naître en elle. Avec l’aide de Feiyl, peut-être pourrait-elle échapper au destin qu’on lui imposait.

Le lendemain matin, Jaelith rejoignit Tyrian dans sa chambre, profitant d’un rare moment d’intimité avec son fils. La conversation dériva doucement vers ses doutes et ses peurs, et Tyrian posa une question qui lui brûlait les lèvres depuis longtemps.

« Mère… mon prénom… qu’est-ce qu’il signifie, exactement ? »

Jaelith le regarda avec un sourire doux, son regard empli de tendresse. « Tyrian… cela signifie ‘la victoire du juste’. C’est ton père qui t’a donné ce nom, en espérant que tu seras un homme bon et sage. »

Tyrian baissa la tête, méditant sur la signification de ce nom. « La victoire du juste… c’est ce qu’il voulait pour moi ? » Il plongea son regard dans celui de sa mère, cherchant un reflet d’espoir, quelque chose pour le réconforter.

Jaelith acquiesça, son sourire s’agrandissant alors qu’elle fixait son fils. « Oui, Tyrian. Il croit en toi, même si parfois il te semble dur. »

Tyrian soupira profondément, son regard dérivant vers les fenêtres de sa chambre. Dans ses moments de doute, il aurait voulu hériter de quelque chose de plus que le regard de son père, quelque chose qui lui aurait donné la force de s’élever, d’être lui-même.

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