Boucle d'or
Est-ce l'émotion, la passion que j'ai mise à me vêtir ? La nuit quasi blanche que j'ai vécue à réfléchir encore et encore à ma tenue, la robe, la culotte.. que j'allais mettre ? Ou cette chambre qui, à chaque fois que j'y entre, me plonge dans une humeur étrange ? La fatigue me gagne. Je suis Boucle d'or, l'héroïne du conte des frères Grimm. Mais j'ignore qui sont les trois ours de cette chambre étrange.
Je m'allonge sur la méridienne du canapé de cuir. Bien comme il faut, sur le ventre. Je goûte à cette sensation délicieuse de l'abandon. Je devine mes tétons qui se dressent, sous le soutien gorge et ma robe. Imperceptiblement, ma poitrine, puis mes jambes, puis mon corps amorcent de très lent mouvements sur la méridienne, se caressant comme si le désir tirait doucement le corps de l'éther. Mon bateau se met à tanguer sur les vagues bienveillante de la délectation.
Une vague douce mais puissante prend naissance autour de mes seins, puis court vers mon nombril, puis enfin s'installe au creux de mes cuisses. Ma belette est vibrante. Bien sûr, la vague s'étend aussi jusqu'à mes jambes qui enclenchent alors une danse presque invisible.
Tout mon corps frissonne maintenant d'impatience et d'envie. Alors, mes mouvements sur le canapé se font plus amples, je glisse très doucement de haut en bas sur quelques centimètres, en un lent mouvement de va et vient. J'aime le parfum fauve du cuir. Mes doigts s'agrippent comme à une bouée, découvrant la fraicheur du cuir. Mes jambes s'écartent, la tension ressenties dans les plis de mes aines ouvertes troublent jusqu'à ma belette, puis mes jambes glissent nonchalantes de chaque côté de la méridienne.
N'y tenant plus, je soulève ma robe par dessous moi, de manière à ce que ma culotte et mon entre cuisse soit directement au contact du canapé. Plaisir divin du bas ventre qui prend toute son aise, qui se frotte, masse le cuir comme s'il était une peau amoureuse, et vogue le déhanchement du beau navire sur des vagues amies.
Je crois bien que je découvre cet après-midi là à quel point mes seins sont sensibles, là, sur méridienne. Alors que j'écarte au maximum mes cuisses pour libérer mon entre jambe, mes deux petits beignets rose se raidissent sous mon soutien-gorge. Alors, je n'y tiens plus : je ne peux qu'ôter ma robe. La fine broderie de mon Aubade - jadis confectionnée par des petites mains expertes dans la Vienne - me permette donc d'éprouver mes sensations à plein. Mes tétons pointent triomphant au milieu de mes deux aréoles brunes. Même elles, sont très réceptives. Leur plaisir préféré est quand je les mouille très doucement, puis les humecte encore, parfois en faisant couler ma salive de mes lèvres, caresse d'abord doucement, puis plus fermement mes tétons. J'imprime ce petit mouvement circulaire, les mouille encore comme si je devais les laver. J'adorerais dans ce moment qu'une présence inconnue viennent m'abluer mes anneaux de Saturne et les ilots qui trônent au milieu, comme deux toutes petites fraises. Quel régal.
A cet instant, je dois reprendre mon souffle, laisser un instant le clavier. J'ai tellement honte d'écrire ainsi tout ce qui m'arrive... J'en veux parfois à cette porte franchie. Elle est la cause de ce laisser aller au stupre et à ses turpitude ! Je n'en suis pas responsable : c'est de sa faute si j'ose décrire -et y prendre plaisir - toutes ces saletés.
Mais, je dois bien avouer que tout mon corps est assoiffé ; mes cuisses et mes genoux, mes chevilles et jusqu'au bout de mes orteils, ces folichons ont tellement faim de caresses... J'ose glisser ma main en bas, écarter encore afin qu'elle se fraye un passage. Est-ce la moiteur ou l'humidité et la liqueur de mes doigts, il y a de la rosée. Tandis que je l'humecte, mon corps se détend enfin. Et ma belette qui me tourmente. aurais-je le courage de l'entreprendre ?
Jouir me reste inconnu. Je me sens déjà si coupable de mes gestes sur moi. Il m'arrive même d'en rêver la nuit. Des rêves tout ce qu'il y a plus réalistes. Or, Mme Makvilain nous avait dit que les rêves réalistes sont plus inquiétants que ceux qui sont loufoques et ridicules. Ils illustrent un traumatisme, comme pour les victimes d'attentats. Mon Dieu ! Je m'attente à moi-même. Je ruisselle de culpabilité. Fort heureusement, à chaque fois, mon rêve de lubrique stoppe juste avant que ne se concluent ces sales cochonneries.
Donc, disais-je, j'ai très mal dormi la nuit précédente. Alors que ma main se repose maintenant entre mes cuisses, l'excitation sensuelle, pour ne pas dire sexuelle et érotique, disparaît. Elle laisse sa place à un sentiment bien plus désagréable né des ruminations qui m'envahissent.
Depuis que j'ai franchi cette porte, je ne me reconnais pas. La perversité ou le diable, je ne sais, me hantent et je m'abandonne si souvent aux plaisirs et au désir. Et si un jour quelqu'un entrait ! Que dirait-il ? Quelle ne serait pas sa surprise ! Que ferait-il de moi en me voyant ainsi la proie de toutes les indécences ? je serais dans le piège. Quand le désir s'estompe, cette pièce me plonge dans un sentiment de faute horrible, puis une sorte de «déréalisation» s'installe. C'est le mot, certes imparfait, qui me semble le mieux décrire mon sentiment. Je suis dans une bulle d'angoisse.
J'avais déjà ressenti la « déréalisation » lors de mes crises d'angoisse autrefois. J'ai en effet connu ces manifestations psychiques redoutables peu après mon adolescence. J'avais appris que j'avais un terrain sensible à ce trouble, sans doute par mon enfance. J'ai compris qu'elles entraînaient une "hyperventilation" - on respire avec le haut des poumons - ce qui entraîne une flopée de symptômes plus désagréables et déroutants les uns que les autres : le coeur qui s'affole, des douleurs abominales, des tremblements, une chaleur intense ou un froid de pôle nord, et quand la crise est vraiment intense, un sentiment de déréalisation. L'impression tout à coup d'être dans un monde extraterrestre, un autre monde, de l'autre côté du miroir. La crise peut parfois durer plusieurs heures : j'étais alors dans un puits sans fond de tristesse, convaincu(e) que l'état infernal dans lequel j'étais ne s'arreterait jamais ; j'allais mourir à coup sûr d'une crise cardiaque ou mieux, j'allais courir à la gare me jeter sous le premier TGV.
L'on m'avait conseillé beaucoup de trucs pour me calmer lorsque la crise survenait, une méthode de respiration, souffler dans un sac en papier, etc. Rien n'y faisait. Ce qui était le plus efficace, c'était sans doute la masturbation, que je finissais par utiliser consciencieusement à ma grande honte car c'était avant. Mais j'ai réussi à résoudre mes crises d'angoissse sur le long terme grâce au professeur Makvilan.
Voilà que je frissonne d'angoisse à nouveau. L'excitation est bien loin désormais. Dans ma pire peur, J'imagine que je me laissais surprendre dans cette chambre étrange, j'anticipe le viol, le meurtre, que sais-je encore ? L'infâme punition pour oser vivre ce que je vis. Cette sexualité, bien sûr, mais tout le reste aussi ! Si la porte s'ouvre, quelqu'un entre, me découvre, que pourrais-je crier ? Qui peut venir me sauver ?
Pour plus de sécurité, je vérifie la porte de la chambre. Comme l'extrême propreté, surtout dans les parties intimes et les orifices, les vérifications font partie de mes TOC. Je m'allonge à nouveau. Je voudrais dormir à tout prix. Je pense encore au grand professeur Makvilan qui m'a tout appris. Son Par exemple, qu'imaginer de jolis rêves, par exemple des rêves érotiques, avant de s'endormir aide au sommeil. Que mes sensations fabuleuses m'entraînent dans les songes chez Morphée.
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