Bernadette
Pendant ma petite enfance, je suis d'une innocence totale à propos des choses du sexe. Je suis bien loin d'imaginer que ma belette pourrait être source de délices. Elle et mon cul ne sont utiles que pour pipi et caca. Je trouve d'ailleurs ces organes sales et répugnants. J'évite même de trop les toucher. A la maison, nous n'avons pas de douche et je me lave dans une bassine. Quand je fais ma toilette, en grand le samedi soir, ma plus grande peur est que mon frère ainé - 9 ans de plus que moi - me surprenne dans ma nudité. D'une jalousie maladie, son plus grand plaisir est de rire de moi pour n'importe quel prétexte. Nous ne nous parlons jamais.
Arrive Bernadette. Je fais sa connaissance en CM1. Elle a redoublé. Aussi je la rejoins dans la même classe. A 9 ans, elle est drôlement maligne, exubérante, même tyrannique. Au début, elle me fait plutôt peur, mais elle me prends sous son aile car nous habitons le même hameau et nous allons à l'école ensemble avec son frère Louis, un an plus vieux qu'elle. À pied quand il fait beau ou qu'il bruine. Dans la voiture du père de Bernadette quand il pleut beaucoup. Mon père à moi ne conduit plus. Nos familles habitent dans une ferme à 1 kilomètre l'une de l'autre.
Louis est très réservé et ne parle pas. Passer au tableau en classe pour un exercice est un supplice. S'il pouvait, il se cacherait dans son bureau ! Mais il tient à sa sœur comme à la prunelle de ses yeux. Leur famille est très catholique, comme la mienne. D'ailleurs, son père – qui décide de tout sans discussion - avaient choisi le prénom « Louis » en hommage au père de Sainte Thérèse de Lisieux et celui de Bernadette pour Bernadette Soubirou qui disait avoir vu la Sainte Vierge à Lourdes.
Je suis maintenant très proche de Bernadette. C'est toujours elle qui vient vers moi car je suis bien trop timide. J'apprécie son contact, cette odeur animale qui se dégage d'elle, typiques des gens de ferme pas trop regardants sur l'hygiène. Avec le printemps et les tenues légères, je m'aperçois que je passe encore plus de temps à la regarder. J'aime même ses vêtements, ses jupes et ses shorts que je trouve tellement ravissants alors qu'ils sont parfaitement banals. Même ses pieds dans ses sandales. J'adore par dessus tout le derrière de ses genoux. Quand nous rentrons à pied de l'école, je fais exprès de traîner derrière elle pour les admirer. Ses muscles qui se déploient quand elle marche font comme deux petites fossettes. Je ne me lasse pas de les observer. Je voudrais les toucher. Les embrasser même.
Le matin, maintenant, elle me fait la bise très affectueusement, plus qu'une camarade ordinaire, en me touchant le cou, puis la joue ou le menton. Un jour, dans la cour, les autres nous surprennent à nous prendre par la taille. Des insultes dont j'ignorais le sens se mettent à pleuvoir. Alors, Bernadette : « Vous êtes pas contents ? Alors regardez ! » Et sans aucune hésitation ni gêne, elle lève sa jupe et montre sa culotte. Après quelques murmures et rires étouffés, les moqueries ont disparu pour toujours...
Elle plaisante de ma timidité mais, contrairement à mon frère, elle ne se moque pas, ce qui change tout. Il lui arrive de me toucher parfois quand nous sommes seules, par dessus mes vêtements. Quand je sens ses doigts sur ma blouse, mon cœur sort de ma poitrine, mon corps se recroqueville tout entier dans mon ventre, et je tremble comme une feuille. Cette sensation m'est inconnue. J'ai aussi très peur de m'évanouir et de faire pipi. Evidemment, je rougis et mon teint cramoisi fait rire Bernadette aux éclats. Je ne lui dis pas, mais je voudrais qu'elle montre sa culotte rose comme elle a fait devant les autres, lentement. Qu'elle me laisse l'admirer. Mais cela n'arrive pas.
Depuis quelques temps, en rentrant de l'école, nous nous arrêtons dans les champs avec Louis et Bernadette. Nous allongeons dans l'herbe pour bavarder et jouer avec les herbes hautes, celles qui collent aux vêtements et d'autres qui chatouillent avec leurs chatons. Louis ne participe pas et se contente de regarder.Il ne perd pas une miette de sa sœur qui lève ses jambes, qui frotte son ventre sur l'herbe, qui caresse parfois ma jambe. Je n'ose évidemment pas faire la même chose sur elle. Elle effeuille les marguerites : « je t'aime, un peu, passionnément, devant moi » ou confectionne des cocottes en papier, sur le même principe avec des couleurs qui font découvrir des sentiments quand on les déplie. Je prie pour que le sort puisse dire : « Je t'aime pas du tout ». Car quand la marguerite de Bernadette conclut : « je t'aime passionnément », ou « à la folie », je ne sais plus où me mettre. La révélation de cette relation si particulière me plonge dans le dégoût. Au fur et à mesure que l'été approche, Bernadette va de plus en plus loin : elle glisse des fougères par dessous mon short ; Louis, qui regarde attentivement prend un air jaloux.
Un soir de juin,Bernadette annonce avec un ton qui ne souffrait pas de réplique :. « Viens, on va jouer... ». Bernadette nous entraîne dans un champ de luzerne. Elle devient très concentrée. Elle ôte ses sandales tandis que Louis s'installe prêt à tout observer. Je tremble comme une feuille. Je leur pose des questions sur leur manège mais ils ne répondent pas. L'effroi me paralyse mais cette proximité me fascine aussi. Louis sort alors de son cartable deux grosses seringues en plastique blanc. Fort heureusement, elles ne sont pas pourvues d'aiguilles et j'apprendrais plus tard qu'il s'agissait en fait de seringues que son père introduisait dans la mamelle d'une vache pour la soigner. Rien que d'y penser, cela me répugne encore aujourd'hui.
« N'aie pas peur. Tu es malade et je vais te soigner ! » Elle mime alors l'allure sévère de l'infirmière qui nous a prodigué la cuti puis le BCG à l'école. Elle actionne la seringue sur mes jambes avec un air sérieux. La seringue fait semblant de piquer sur mes genoux, puis mes cuisses, puis elle remonte encore. Je suffoque comme si j'étais malade vraiment. Est-ce que je me prends à leur jeu ? Elle tapote et caresse ma peau comme le fait l'infirmière de l'école pour la cuti. Je me détend. Elle jette la seringue dans l'herbe. Puis, sans un mot, sa main s'égare sur mon short. Le malaise m'envahit. Je sens mon cœur. Bernadette joue t-elle encore ? cette découverte de ces drôles de jeu me mettent dans un brouillard total. Je me contortionne : « Arrête, sinon tu ne vas pas guérir ! » me dit Louis.
Les doigts de Bernadette glissent de plus en plus lentement sur mes cuisses. Puis font descendre mon short sur mes genoux. J'ai la sensation d'un souffle d'air frais. L'excitation que j'avais découverte quand Bernadette me touche à l'école revient. Bien plus forte. Mon corps s'enfonce un peu plus dans l'herbe. « Ma culotte va être toute sale, me dis-je, que va penser ma mère ? ». Secrètement, j'aimerais que Bernadette me montre aussi mais je suis bien incapable de lui demander. Une vague de douceur part de mon ventre et m'inonde et en même temps, la honte me submerge. Je ne bouge plus. Bernadette se penche, lentement. En un éclair, elle me fait un baiser puis se relève comme si elle avait conscience d'aller trop loin. Je suis rouge de confusion. Je crois mourir.
« C'est fini. J'ai tout guéri. » Mon amie Bernadette m'aide à remonter mon short. Puis nous repartons tous les trois vers nos maisons comme si de rien n'était.
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