5. 22,09,22, RICHARD, LE PETIT DERNIER DE NOTRE FRATRIE.

3 minutes de lecture

Richard est le petit dernier de notre fratrie, le seul garçon aussi, né avant terme comme moi, et pas plus gros qu'un lapin pelé aux dires des adultes. Sa place de cadet lui confèra quelques avantages et des inconvénients, un peu comme tout, comme ma place d'aînée responsable des plus jeunes, chargée de leur sécurité etc. Un rôle de petit chef que je n'ai ni demandé ni apprécié. Ça m'a rendue parfois autoritaire, hargneuse et méchante.
J'ai été punie pour mes bêtises et pour les leurs. C'est un système parfait pour désunir les frères et sœurs. Par chance nous avons échappé à ça. La dureté de notre père a eu l'effet inverse et nous a soudés.

Richard était un enfant passionné par le feu. Un jour que ma mère venait de mettre la friteuse à chauffer sur la gazinière, trouvant sans doute le niveau trop bas, il y avait ajouté un bon verre d'eau sans rien dire. Et ce qui devait arriver arriva, quand l'huile commença à être bien chaude, il se produisit des remous et des bulles dus à l'eau, des gouttes jaillir de la friteuse et attrapèrent la flamme du gaz mettant le feu au tout.
Panique à bord ! La colonne de feu atteignait quasi le plafond ! Mon frère était subjugué. Ma sœur effrayée essayait de passer par la fenêtre pour s'échapper alors que nous étions au premier étage de l'immeuble, notre appartement étant au dessus du porche où passait la rue. Et moi je la tirais par le bras et les vêtements pour l'empêcher de tomber.
Ma mère arriva rapidement, posa un couvercle de métal sur la friteuse étouffant la flamme et coupa le gaz. La situation sous contrôle, elle s'occupa de calmer ma sœur et de vérifier que nous n'étions pas blessés. C'était le premier exploit de Richard, en tous cas le premier dont je me souviens. C'était à Sarcelles, rue d'Alsace (95).

J'ai récupéré une vieille photo de lui dans une ferme où il devait avoir maxi 4 ans, affublé d'un béret, de sabots et la pipe au bec, une seconde photo le montrait plus tard à Grand-Fresnoy déguisé en pyromane, barbouillé de noir, un bidon de white spirit dans une main et un briquet dans l'autre.
Ce qui me surprend le plus, c'est que mon second fils Mirko est aussi un grand passionné du feu. Un jour d'hiver ou d'automne, j'avais commencé à préparer la flambée, remplissant l'insert : papier, pommes de pin, bûchettes, et comme il me manquait du bois, j'étais sortie chercher le complément dans l'abri de jardin. Mais bien qu'il ne m'aie fallu guère plus de quelques minutes, quand je suis rentrée, il y avait de grandes flammes affamées devant le poêle. Lucas mon premier fils était debout, stupéfié, la bouche formant un OH silencieux, et son frère assis sur le canapé avec la même expression. J'ai vite piétiné les flammes et stoppé le début d'incendie puis fait un bon courant d'air pour chasser la fumée. En fait, les garçons avaient voulu allumer le feu et tout avait roulé et sauté sur le sol du salon. Le premier truc que je leur ai dit c'était :

« ¬ Oh les garçons, quand il se passe quelque chose comme ça, faut crier, faut m'appeler ! »

Suite à cet incident, j'ai pris l'habitude de laisser Mirko satisfaire sa passion pour le feu avec des règles simples et précises : toutes les expériences de ce genre devaient se faire dans une grande bassine en métal, posée sur la terrasse de béton, un seau d'eau à portée de main. Et nous n'avons jamais eu d'autre incident. À part un feu de cheminée, mais là ils n'y étaient pour rien...

Annotations

Vous aimez lire MAZARIA ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0