Chapitre 1: Ombre d'espoir

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 Une ville en plein désordre, voila ce qu'est devenu le rêve d'une nation qui pensait que les erreurs du passé ne se renouvelleraient jamais. Une ville où tout le monde ne pense qu'à une seule chose... écraser les autres pour sa propre réussite. Je suis venu vivre ici alors que je n'avais que douze ans, mon père, paix à son âme, était policier, et, ce qui est rare dans une ville comme celle-ci, un flic plus où moins honnête. Bien sûr, il s'est fait des ennemis parmi ses collègues à qui le mot justice n'était qu'un mot parmi tant d'autre dans les manuels. On l'a retrouvé, mort bien entendu, à deux cent mètres du commissariat. Je ne vais pas vous raconter l'histoire de mon père, mais, ce que vous savez de lui maintenant explique pourquoi je n'ai pas suivi ses traces dans les forces de l'ordre.

 Moi, mon truc c'est plus le journalisme, je préfère dénoncer au monde ce que je sais que de combattre la menace seule et me retrouver un couteau planté dans le dos et flottant sur la rivière. Pour être franc j'aime bien jouer avec le feu, et donc je prends un malin plaisir à écrire sur les flics corrompus, ce qui nous mène à cette histoire. Une histoire, qui je l'admet, même moi j'ai du mal à y croire, et pourtant.

 Tout commença alors que je consommais un beignet dans ma vielle voiture, une tasse de café rallongé au whisky bon marché, écoutant les appels de police. Je me rappelle, je me disais :

« Encore une soirée où il ne se passe rien »

 Quand tout à coup. La radio grésille et j'entends ce murmure, à peine perceptible. Je me redresse et joue avec le bouton de fréquence quand la voix se fait plus claire :

« ... homme en noir, ne fait rien au hasard. »

 Ne comprenant pas et n'étant pas là pour ça je me replongeait dans ma tasse.

 Trois heure du matin, plus rien ne se passerait aujourd'hui, je fait démarrer ma voiture, qui tousse comme un asthmatique qui se fume quatre paquets par jour, et là, un appel intéressant. C'est Maxime et Pascal, deux des pires crapules que compte cette ville, sans oublier qu'ils portent tous deux la plaque de la police.

« Eh Max, ça te dis une petite augmentation ? »

« Ouais, ça tombe bien je devais justement changer de TV, tu proposes quoi ? »

« Il y a cette fille, une nouvelle qui fait le trottoir, et devine quoi elle ne nous a toujours pas payé notre impôt. »

 Connaissant ces deux hommes depuis longtemps, je savais que l'impôt en question consisterait à cent pour cent des recettes de la fille, et le droit à ses services à titre gratuit. Par chance, pour moi, je n'étais qu'a deux rues de leur position. Je coupe les phares de ma voiture pour me rendre invisible, je localise la fille et prends mon Canon en main, je fais le point et tout est prêt pour immortaliser cette soirée dans le journal du matin, Facebook et tous autres outils de diffusions.

 Maxime et Pascal arrivent sur les lieux, la pauvre fille, une minute je me demande si je ne peux pas l'aider, mais si je le fait ces deux là recommenceraient avec une autre, un autre soir, car pour un crime il faut une victime. Les deux flics accostent la fille qui ne peut prendre la fuite, elle donne son pécule, puis Pascal la prend par le bras et la pousse contre un mur, avec une main il détache sa ceinture et baisse son pantalon. Je ne perds pas une seconde de l'action, prenant photo sur photo. La fille essaie tant bien que mal de se défendre mais Maxime lui colle une droite en espérant sans doute la rendre plus docile, lorsque tout à coup les éclairages de la ville clignotent et une ombre apparaît, sortant d'une ruelle, elle s'approche des deux hommes qui ne remarquent pas sa présence. Puis, plus de lumière, juste des sons, les sons que font des bottes sur un trottoir sale et humide. Les lumières reviennent et l'ombre n'est plus qu'à deux mètres des deux flics, un mètre, un choc accompagné d'un bruit sourd, c'est la tête de Pascal qui s'encastre dans le mur, Maxime sort son arme, mais trop tard, l'ombre lui a déjà déboîté le bras, et en un seul mouvement la nuque du policier se brisa.

 L'ombre aidait la fille à se relever, je ne voyais que deux reflets rouges sur cette forme fine, reflets qui naissaient des lumières sur les deux cercles de ses lunettes. Elle s'approchait de moi et sans même me regarder passait son chemin et disparue dans les ténèbres de la nuit. Je me rappelle que l'ombre avait le corps d'un homme, tout vêtu de noir, le vent se prenait dans sa longue veste, ses longs cheveux noirs flottaient dans les airs et ses yeux, ses yeux qui derrière ces verres rouges, étaient jaunes et entourés de grenats, comme s'ils étaient nourris par des flammes.

 Je ne pouvais pas utiliser les photos que j'avais prises cette nuit là, car la pauvre fille aurait été accusée du meurtre des deux flics, mais d'un coté, justice avait été faite, pour une fois. Je me rappelle une dernière chose, la radio, quand l'ombre était passée à coté de moi, la radio grésillait et j'entendais une voix claire.

« Dans une ville au désespoir, garder toujours en votre mémoire, que l'homme en noir, ne fait rien au hasard. »

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