Ce qui me retenait…

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Je vais vous épargner le sempiternelle « c’était un doux matin de printemps » et vous raconter mon histoire. Surtout que cette journée-là n’avait rien de douce… Enfin celle de Noélie. Inventer et construire une nouvelle identité me permet de tout mettre à distance et d’éviter l’émoussement affectif.

Le plus simple et le moins angoissant serait de vous raconter tout cela dans l’ordre qui me vient le plus naturellement. Et de vous expliquer pas à pas mais succinctement (je vous épargne les détails insignifiants) le pourquoi, le comment et le quand de mon incapacité à aimer alors que je suis passée maître dans l’impressionnisme amoureux.

La première des choses à savoir est que je vis avec une dépression. Non je ne suis pas dépressive, je ne suis pas cette chose informe qui vous étouffe, qui vous submerge, qui vous entraîne vers le fond. Je vis avec elle, comme avec une vieille amie un peu lourde dont vous ne pouvez pas vous passer. Parfois elle me rassure comme une comptine apprise par cœur qu’on se remémore avec nostalgie. Souvent, elle me paralyse. Mais plus jamais elle ne me fait peur. J’ai appris à la dompter. Petit à petit, elle s’est laissé approcher. J’ai fait sa connaissance. Souvent je lui ai demandé pourquoi elle était là. Jamais elle ne m’a donné de réponse. Car s’il y a une chose que je sais c’est que la dépression n’est que la réaction face au vide, au néant, donc ce n’est de rien qu’elle naît.

Mon vide est affectif, je l’ai transformé en un vide émotionnel. Je contrôle mieux mes émotions que mes sentiments. Au fil de temps, j’ai réussi la prouesse extraordinaire de faire disjoncter mon système émotionnel lorsque la situation l’exigeait. De plus en plus, je parvenais à le faire sur commande. Si cette dépression me suit sans cesse, partout où je vais c’est parce qu’on a toujours voulu ça de moi.

Je suis en quelque sorte, arrivée comme un cheveu sur la soupe dans la vie de mes proches. Je n’étais pas prévue au programme et j’ai toujours eu le sentiment d’être comme un problème à résoudre. J’étais la cause du déséquilibre familial. La quadrature du cercle de la fratrie. De ce fait, j’étais une enfant très inhibée, je parlais peu pour ainsi dire jamais. Que je regrette tout ce temps passé à attendre passive qu’on me voit autrement sans penser que je devais changer une seule seconde !

Comme pour éviter les problèmes, je préférais fuir constamment. Fuir mes obligations, fuir mes responsabilités, fuir mes proches, fuir les gens qui m’aiment avant qu’ils ne se décident à ne plus m’aimer. Tout faire pour ne pas déroger à mon étiquette de problème ambulant.

A l’école, j’étais tellement en retrait que j’étais quasiment inexistante. Personne ne me parlait, mais je ne parlais à personne non plus. Je m’enfuyais dans des rêves dont j’étais l’héroïne chaque soir. Tantôt, je devais sauver le monde, tantôt on venait à mon secours. C’est drôle comme les délires mégalomaniaques succèdent au besoin d’être sauvé. Je préférais de loin cette vie terne au changement. Par lâcheté je suppose. Je reste persuadée, qu’en lisant cette histoire vous serez convaincu de ma lâcheté aussi.

En grandissant, je me suis rendu compte que je témoignais une confiance sans bornes aux mauvaises personnes et c’est ce qui m’a valu de rester dans cet état léthargique aussi longtemps. En l’occurrence, il s’agissait de ma plus proche famille. Ils n’étaient pas méchants, ça non ! Mais ils étaient étouffants. Ils avaient peur de tout, constamment. Il ne se passait pas une journée sans que la mort et la détresse ne se lisent dans leurs yeux. J’avais droit à des contraintes absurdes, des reproches inutiles. J’étais surprotégée. Dans un cocon de verre qui me faisait voir le monde de la pire manière qui soit. J’ai longtemps cru ce qu’on avait voulu m’apprendre : le monde est dangereux, les vrais actes de bienveillance n’existent pas, les gens ont forcément de mauvaises intentions. Un doute subsistait pourtant. J’aimais me montrer bienveillante, j’aimais faire preuve de gentillesse, je ne pouvais pas être la seule !

Alors, de ma prison dorée, car j’étais entouré d’un amour effrayé et gigantesque, je me suis mise à chercher mon alter ego. Je parcourais des chats très divers et je tombais souvent sur des personnages sordides aux idées plus tordues les unes que les autres. Ils confortaient l’idée du danger imminent dans la relation à l’autre. Et d’autres fois, je tombais sur des personnes qui paraissaient normales. Cela me faisait dire qu’il n’y avait pas qu’une seule et unique façon de voir autrui.

Mais jamais je n’avais rencontré cet autre moi. Puis un jour, du haut de mes quinze ans je me retrouvais à nouer une amitié bancale avec un ami de mes parents. Il avait tout juste 21 ans de plus que moi. A trente-six ans, il me paraissait mature, fort, audacieux, courageux… Tout ce que je n’étais pas. Il me complimentait souvent, me taquinait parfois. Ces taquineries sonnaient toujours à mes oreilles comme des façons de sonder ma personnalité, de tester mes limites. Je me laissais prendre au jeu. Je le taquinais également sur son âge, son travail, ses amis, sa voiture, enfin toutes les informations auxquelles il me laissait libre accès. Je pensais sincèrement entretenir une amitié franche et honnête. Enfin, aussi franche que Noélie me le permettait du moins !

Un jeudi matin, je me souviens encore, il était neuf heures treize. J’arrivai chez lui, missionnée par mes parents pour récupérer je ne sais plus quoi, car je n’ai jamais rien récupéré. Il me fit entrer. M’incita à me mettre à l’aise pendant qu’il allait chercher ce que je devais récupérer. Il revint, me tendit un objet tout en me posant tranquillement des questions sur ma vie, mes cours, mes projets, mes amours. Je m’arrêtai à la seule évocation du mot amour.

« Tu n’as jamais été amoureuse ? Me demanda-t-il très surpris,

_Non. Répondis-je sur un ton sec pour lui faire comprendre qu’en parler me gênait,

_Une fille aussi mignonne que toi ? Je n’en crois rien ! Minauda-t-il en me faisant un clin d’oeil,

_ça ne m’intéresse pas, je reste concentrée sur mes cours… Tentais-je

_Tu viens de me dire que tu passais ton temps à sécher et que tu n’étais pas faite pour l’école, se moqua-t-il gentiment,

_Ce n’est pas drôle, j’essaie de faire de mon mieux….

_Je crois qu’en fait tu as peur. Je me trompe ? »

Il disait cela tout en s’approchant de moi. Très, voire trop sûr de lui. J’eus un mouvement de recul et baissai la tête pour cacher mes yeux qui commençaient à se remplir de larmes.

_Ecoute, je sais que tu es dépressive, ce n’est pas facile, je comprends. On est fragile quand…

_JE NE SUIS PAS FRAGILE, hurlais-je en relevant la tête,

Je fus estomaqué par ma capacité à émettre des décibels car jamais auparavant je n’avais réussi à crier. Ses yeux étaient ronds d’étonnement et un torrent de malice se dégageait de son regard. Il avait visé juste.

_Je ne voulais pas dire que tu étais fragile… Tu es forte, il faut beaucoup de force pour se battre contre cette maladie. Je le sais très bien. Ma mère était dépressive et ce n’était pas évident pour elle. Le quotidien paraît être une montagne. Et chaque contrariété, difficulté est une colline de plus à gravir. C’est ça ? Tu sais, pour chasser la peur, il faut l’affronter ça ne sert à rien de l’éviter. »

Sa voix était de plus en plus calme et posée. J’essuyais quelques larmes d’un léger revers de la main. Il se rapprocha de moi, sécha mes larmes, me prit les mains. Il patienta quelques instants que mes sanglots de colère passent et remonta ses mains sur ma taille et me serra contre lui. Je suffoquais de cette insupportable présence. « N’ai pas peur ! » me répétait-il en susurrant. Son odeur se faisait acre à mes narines. Je ne savais dire pourquoi à ce moment précis. Mais je le sus lorsqu’il commença à poser ses lèvres sur mon cou et que ses mains se mirent à parcourir mon corps juvénile.

Je le repoussais vivement sans dire un mot. Il paraissait hébété mais je ne le regardai pas une seconde dans les yeux. Je pris mes affaires et commençai à partir. Il me retint d’une main. J’essayai de m’extraire mais ne parvint qu’à le rendre plus pressant encore.

A partir de ce moment, ce fut le trou noir. Je ne me souviens que de bribes de conversations, que de quelques sensations désagréables, sans jamais mettre un mot sur ce qu’il s’était passé.

Tout ce que je sais, c’est que j’avais fait la bêtise de lui faire confiance. Jamais je n’ai eu le courage de le regarder en face depuis ce jour. J’avais l’impression de voir en lui la réflexion de l’être fragile et vulnérable que j’étais. Celle qui n’avait pas su se défendre, la gentille petite fille passive qui s’était laissé faire une fois de trop. Mes parents ne comprenaient pas ma nouvelle réticence à aller chez lui seule. Mais ils ne me posèrent pas plus de questions. Après tout, elle est dépressive, les dépressifs c’est versatile et incohérent. Ce ne sont pas leurs mots propres mais c’est la signification de leurs comportements, de leurs phrases, de leurs soupirs.

A chaque fois que j’exprimais une émotion : la dépression.

A chaque fois que j’objectais leur décision : la dépression.

A chaque fois que j’adoptais un comportement qu’ils ne comprenaient pas : la dépression.

A chaque fois que j’essayais de me trouver en réinventant mes systèmes de penser : la dépression.

Elle était devenue la cause et l’explication de tous mes faits et gestes. Et j’y ai longtemps cru. Sans me rendre compte que la seule amie que j’avais jusqu’à maintenant c’était cette bonne vieille dépression. Cette alarme qui vous dit que les choses vont trop loin pour vous, que vous commencez sérieusement à vous égarer loin de vous, de votre intégrité, de votre sentier. Cette petite voix intérieure qui vous rappelle sans cesse combien vous souffrez de ne pas être suffisamment vous.

Je l’ai tu trop longtemps au lieu d’écouter tout ce qu’elle avait à me dire. Je croyais n’entendre que des plaintes mélancoliques mais dans chaque dépression se cache de l’espoir. Et Fanantenana représentait tout cela à lui seul. Rien que son nom était la réponse à toutes mes tergiversions ineffables.

Jamais il ne sut que j’étais atteinte de ce mal. Ce spleen dont parle si justement Baudelaire. Et je ne l’en aimais que plus. Car, ce fut bien la seule personne qui ne me voyait pas comme un problème à résoudre mais plutôt comme une personne à comprendre. Une personne avec ces forces et ces faiblesses. Une personne forte malgré l’adversité. Il me voyait même positive. Le mot positif est-il le premier qui vous vient à l’esprit lorsqu’on vous parle de dépression ? J’ai longtemps associé la dépression à une dégringolade. Comme la pression baisse drastiquement, le moral lui ploie sous les pressions justement. Mais mon mental avait beau se courber sous le poids de la souffrance, jamais il ne se rompit.

Et c’est en cela que je peux dire que je suis forte, je suis de ceux qui préfèrent voir que le bon côté des choses, je suis un disciple de Leibniz, descendante de Voltaire, philosophe allumée à mes heures perdues. C’est ce qui me fait tenir, c’est ce qui crée l’équilibre et l’osmose avec ma dépression. Elle se joue de moi autant que je me joue d’elle. La vie est un jeu dont chaque coup manqué nous apprend comment esquiver et nous relever plus fort que jamais.

Malheureusement, tout ceci ne s’arrêta pas là. Il essaya encore et encore de créer des instants de malaise, de souffrance. A chaque fois qu’il le pouvait, il se présentait chez mes parents sur de faux prétextes. Pour me voir, me parler, m’asséner des phrases assassines que seuls lui et moi ne pouvions comprendre. Je me taisais toujours face à cette douleur sourde qu’il créait en moi. J’aurais voulu mourir à l’instant même. Personne ne voyait que sa stratégie n’avait d’autres buts que de détruire celle qui avait osé lui résister intérieurement. Il avait eu mon corps, il n’aurait pas mon âme.

C’est donc pour ces raisons que désormais, ma première et plus efficace stratégie est d’user de distance bien mesurée avec autrui. Pour éviter qu’on ne me limite, qu’on ne me fasse un quelconque mal irréversible, qu’on ne me contrôle avec des mots, des gestes inutiles.

J’ai toujours traité mes relations avec une incohérence déroutante. Tantôt j’aimais à en mourir, tantôt mon indifférence blessait de ses griffes glaçantes mes interlocuteurs. On ne savait jamais sur quel pied danser avec moi.

Et c’est ce que je fis avec Fanantenana. Combien de fois ne l’ai-je pas tout simplement ignoré lorsque je sentais naître en moi l’attachement alors que j’étais poursuivie par la peur de perdre ce duel.

Il cherchait souvent à me rassurer. Je sentais qu’il ne fuirait pas, qu’il ne cherchait pas à me faire du mal. Mais le fait qu’il venait d’un autre pays, que notre relation avait cette douceur virtuelle me permettait en toute sécurité de pouvoir douter de sa bonne foi. Ce qui m’était totalement exquis car cela me laissait de la marge.

J’étais devenue plus douce, plus calme et plus sereine. J’avais l’impression d’avoir trouvé mon alter ego. Pourtant, nous n’étions pas si semblables que cela, mais quelque chose nous reliait. Je ne saurais toujours pas dire de quoi il s’agissait exactement. Certains diront que c’est l’amour, d’autres peut-être diront que nous étions juste formatés de la même manière. En cartésienne que je suis, je suis plutôt tentée d’adhérer à la deuxième proposition.

Je respirais la joie de vivre en quelque sorte. Je travaillais mieux, je parlais avec plus de facilité aux gens. Savoir qu’on est aimé change vraiment tout. On se sent si transporté. A chaque fois que je lui parlais, j’avais l’impression d’être emmené dans ce pays lointain et exotique où il était, de voir un autre quotidien. Souvent, je me surprenais à imaginer ce qu’était sa vie. J’imaginais à quel point il devait être beau au réveil. Le voir arriver, les yeux embrumés de sommeil, sentir son odeur. Cela suffisait à me faire chavirer.

J’y pensais si souvent, que cela commençait à se voir dans mes silences :

« Je ne te sens pas comme d’habitude…

_Comment ça ?

_Je ne sais pas, quand tu ne parles pas comme ça, tu as l’air… Epanouie…

_Merci maman, ça me fait plaisir que tu penses cela.

_ça me fait plaisir aussi, tu es passé par des moments difficiles. Et te savoir loin comme ça ne me rassure pas toujours.

_Ne t’inquiètes pas pour moi ! Je suis une grande fille. Avec un esprit d’enfant certes, mais une grande fille… »

Je vérifiai mes messages d’un regard distrait.

Tu as encore disparu…

« Qui t’écrit à cette heure ?

_Oh, il s’agit de ma meilleure amie. Elle demande si tout le monde va bien !

_Dis-lui bonjour de ma part ! »

_Tout va bien, je suis chez mes parents, je ne peux pas trop parler…

_Pourquoi ??

_Internet rame pas mal…

_D’accord…

J’avais bien compris qu’il faisait semblant de me croire et je fis semblant de ne rien voir. Je ne voulais surtout pas que mes parents découvrent que je parlais à un homme. Ils avaient toujours eu cette fâcheuse tendance à dénigrer les seuls garçons que j’avais pu apprécier. Et comme je les appréciais toujours de loin, rien ne me confortait à les approcher. Je préférais garder ma première impression sur Fanantenana sans être polluer par les avis divergents de gens qui se croyaient bien attentionnés.

Il faut dire, que la seule relation que j’eusse entretenue fut quelque peu chaotique. Mon… petit ami de l’époque était plutôt… comment dire… stupide. Il aurait aimé avoir mon amour pour lui tout seul. Quitte à le voler à ma famille. Il avait réussi à créer assez de blessures dans la relation avec ma mère pour que je ne puisse plus lui échapper. Il les blâmait souvent de ne pas l’aimer, me commandant ainsi à n’aimer que lui. Jamais, ô grand jamais, je ne m’étais laissé avoir sur ce point. Cela ne faisait que faire monter en moi une haine sourde à son encontre. Ses paroles et ses agissements ne faisaient que déverser plus de vitriol sur mes sentiments pour lui.

Il ordonnait non pas seulement un amour exclusif mais aussi une attention particulière. Je ne comprenais plus, lorsque nous étions amis, il n’était pas comme ça. On aurait dit qu’il cherchait à combler un vide abyssal dans sa personnalité, à happer ce qu’il y avait de bien et de beau dans la mienne pour les faire jaillir et réfléchir sur les mornes contours de son être. Il me vampirisait totalement et je l’ai longtemps laissé faire. Il m’apportait, il est vrai, un sentiment de toute puissance qui me faisait frôler l’extase par moment. Il ne pouvait vivre qu’à travers le regard de quelqu’un et le mien était le centre de son univers. Je l’ai vite compris. Le faire sortir de ma vie ne fut pas chose aisée mais fut si libérateur et me ravissait. Savoir que l’on fait souffrir un être que l’on trouve ignoble est exquis.

Passer d’un amour obsessionnel au néant fut très compliqué à gérer, je ne vous le cacherais pas. Ce qui me manquait le plus fut cette profonde amitié qu’il existait entre nous. Je me suis toujours refusé à réapparaître dans sa vie. Nous n’étions pas faits pour nous rencontrer, le destin eut la cruauté de le mettre sur ma route au pire moment qui soit. Je venais à peine de me remettre d’une longue traversée dans les ténèbres de la dépression quand il m’apparut comme un ange de lumière. Il cherchait à s’approcher et voulait me sauver de mes peurs. Je voulus croire en lui, en cette promesse tacite de ne plus jamais connaître la douleur extrême d’émotions déchaînées.

Quand il cherchait à tout prix à me voir, il m’étouffait. Quand il m’assaillait d’appels, il me déstabilisait.

Il savait que je n’étais pas assez forte pour me défendre directement. Je me laissais faire en sa présence, et ne me laissais l’occasion de lui asséner des coups que lorsqu’il était loin de moi. Je n’étais pas d’une grande éloquence et souvent il me coinçait lorsque nous parlions en face à face. Ses arguments étaient tellement ahurissants que je ne savais jamais quoi objecter. :

_Tes parents ne m’aiment pas, ils ne veulent pas qu’on soit ensemble… - Peut-être parce que tu es un idiot…

_Tu es trop proche de ta mère, tu prends toujours sa défense– J’ai longtemps ri de cette argument car sa mère et lui était dans l’osmose la plus totale et il aurait certes voulu qu’on ne fonde plus qu’un tous les trois. Ce qui me révulsait totalement.

_Je suis ton petit-ami, tu devrais être toujours de mon côté ! – Tu ne devrais pas te battre contre les gens que j’aime, déjà.

_Ta meilleure amie a une mauvaise influence sur toi ! – Elle était là avant toi… Et je l’aime bien plus que je ne t’aimerais jamais.

Alors qu’à l’écrit, je me permettais toute sorte d’arguments pour le contrer, tout était beaucoup plus facile.

_Tu dois faire un effort avec mes parents. Je refuse d’avoir à les rayer de ma vie pour toi. C’est à toi de les respecter en premier. Tu pourrais avoir la décence de leur dire bonjour quand tu les croises.

_Ma meilleure amie a toujours été là pour moi. J’écouterais toujours ce qu’elle a à me dire.

_Tu n’es pas le centre de l’univers. Ton orgueil démesuré te perdra.

Qu’il haïssait me parler par message. J’étais beaucoup trop forte pour lui alors qu’à l’oral il me terrassait toujours de sa bêtise. Cela ne paraît peut-être rien mais passer des mois à devoir vous battre continuellement, à vous sentir écartelé entre le devoir de loyauté envers les gens qui vous aiment et les sollicitations contradictoires de l’homme qui est censé vous aimer comme vous êtes et prendre votre vie comme elle était avant son arrivée.

J'avais mis des mois à guérir toutes les cicatrices qu'il avait laissé, Fanantenana, lui, avait réussi à balayer ce qu'il restait de celles-ci jusqu'à rendre mon âme indolore et imperméable à la tristesse.

Je portais mes blessures, mes casseroles, mes amitiés déjà construites, l’histoire de mes proches. Tout ceci m’était précieux et lui aurait souhaité que j’eusse oublié tout cela pour n’aimer que lui… C’en était trop pour moi. Mais je m’égare loin de l’histoire originelle. Je vais laisser le soin à la narratrice de continuer. Je n’en ai plus la force pour l’instant, la réactivation de souvenirs est toujours harassante.

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