7.

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La nuit fut calme. Le même calme qu’on connaissait avant l’apparition de la calamité. Depuis bien longtemps le sommeil n’avait été aussi paisible, aussi agréable. Certains s’autorisèrent même à faire une grasse matinée.

Kayn n’était pas de ceux-là : dès l’aube, il s’était rendu à Ghudam. Il avait besoin de voir ce qu’il restait de la ville. Il n’était ni effrayé ni horrifié que ce soit par la forte odeur de corps en putréfaction ou par la vision macabre que ceux-ci offraient. Que l’on regarde au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest, la fourmilière était vide. Çà et là, des oiseaux se repaissaient de chair humaine.

« En voilà qui ont déjà trouvé leur petit déjeuner » s’amusa Kayn en les observant un instant.

Bien que la faim le tiraillait, pour rien au monde il ne les aurait imités. Pourtant la quantité de corps aurait offert un festin pour plusieurs jours à condition d’accepter de les dévorer. Mais Kayn le savait : Ô grand jamais personne n’envisagerait le cannibalisme, pas même si la faim devait les rendre fou. Et bien avant d’en arriver là, il y avait encore les ressources inexploitées des sous-sols de Ghudam. Kayn – dont le ventre s’exprimait bruyamment depuis son réveil – savait comment y entrer. Ses pas le conduisirent près du charnier, là où l’odeur était la plus forte. L’amoncèlement de corps rougeâtre témoignait de l’atrocité de la scène qui s’était produite ici : les habitants, acculés, n’avaient pu échapper à la créature. Ses dents acérées avaient broyé, brisé, démembré les corps comme s’il ne s’agissait que de brindilles. On lisait encore la peur sur les visages de certains, figés à jamais dans une expression d’effroi.

Une soudaine mélancolie saisit Kayn ; l’humanité allait-elle s’éteindre ainsi ? Dans le sang, la douleur et la peur, sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit ? Devait-elle être sauvée ? Ghudam n’avait-elle pas prouvé la cruauté, la perfidie de l’humanité ? Bien qu’il aurait aimé se convaincre qu’elle ne se résumait qu’à cela, il savait que c’était un mensonge. Tout n’était pas noir ou blanc, il l’avait dit lui-même la veille. Il y avait tant de nuances et de couleurs qu’il aurait fallu faire du cas par cas si l’on avait dû choisir qui méritait de vivre ou mourir.
Contrarié, Kayn frappa une pierre du bout de sa chaussure qui alla heurter le corps inanimé d’une femme d’environ trente ans. Il se pencha au-dessus pour mieux l’observer ; ses cheveux blonds couverts de sang et de crasses encadrés un visage pâle et fatigué. Contrairement aux autres corps, il affichait un air serein, paisible. Avait-elle trouvé la paix ? Kayn pensa que oui. A la vue de ses vêtements légers, presque transparents, il n’eut guère de peine à deviner le métier de la femme. Il s’agissait d’une prostituée. Depuis combien de temps était-elle à Ghudam ? Et depuis combien de temps avait-elle dû vendre son corps pour assurer son existence ? Combien avait profité d’elle sous couvert du chaos ?

Poussant un soupir désespéré, le jeune homme fit glisser délicatement sa main sur le visage inerte de la victime pour fermer ses magnifiques prunelles bleutées, puis il se ravisa subitement.

« J’aurais bien tort de te priver de la vision de ce magnifique ciel, n’est-ce pas ? Moi aussi parfois, je rêve de suivre l’un de ces nuages sans jamais me retourner. Simplement voler, léger comme l’air, sans souci, sans chose qui pèse sur mon cœur. Peut-être est-ce comme mourir finalement. »

Ses yeux glissèrent de nouveau sur le corps de la demoiselle et le fit se sentir désolé par la vie qu’elle avait eue. Après un bref instant d’hésitation, il l’attrapa avec toute la douceur dont il était capable et la transporta un peu plus loin entre ce qui restait des murs d’une maison, formant un angle droit. Ici, pensa-t-il, elle serait à l’abri des intempéries et des rodeurs qui auraient bien profiter une dernière fois de sa compagnie. Elle pourrait aussi continuer d’admirer le ciel sans être trop visible, car il fallait s’avancer aux milieux des ruines de la maison pour la voir. Il retourna un instant près du charnier, retira son manteau à l’un des cadavres et vint le placer sur la jeune femme.

« C’est tout ce que je peux faire pour toi. Mais chut, dit-il en posant son index sur ses lèvres, ce sera notre petit secret. »

Si on lui avait demandé pourquoi il avait été soudain si attentionné, Kayn aurait répondu par un haussement d’épaules car il ne savait pas lui-même. L’idée qu’on l’ait vu lui traversa l’esprit ; ses yeux guettèrent les alentours mais il pouvait être rassuré : il n’y avait pas âme qui vive dans toute la ville, hormis la sienne.

Tentant de se rappeler où se situait la porte conduisant aux sous-sols, il ferma les yeux pour se concentrer. Il pesta contre un souvenir lui indiquant qu’elle se trouvait quelque part sous l’amoncellement de cadavre. Il allait devoir les retirer un par un et cela allait lui demander beaucoup de temps et d’énergie. Bien que la météo fût clémente une partie de la matinée, le froid lui gela bien vite le corps et la neige commença à saupoudrer le paysage en début d’après-midi.

Kayn dût faire quelques pauses pour calmer la douleur de son épaule ; la tâche semblait sans fin. Bien qu’il eut enlevé des cadavres pendant des heures, la quantité ne semblait pas diminuer et la porte restait introuvable. Il grogna, jura, maugréa à tout va en redoublant d’effort au rythme des gargouillis de son abdomen. Il avait si faim ! Mais maudire une fois encore ses compagnons pour l’avoir privé de ses réserves de nourriture ne l’avançait à rien. Il y avait de quoi leur permettre de survivre plusieurs jours sous ses pieds, alors pourquoi diable ne parvenait-il pas à retrouver cette fichue porte ?

Il se figea net. À quoi venait-il de penser ? À leur survie ? Depuis quand se souciait-il des autres ? La fatigue. Il n’y avait que ça pour expliquer cette pensée. Il n’y avait que ça pour transformer l’éternel singulier en pluriel.

Passant une main sur son visage pâle, il tenta de reprendre ses esprits.

« Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? se dit-il intérieurement en se frappant le front avec le poing. »

Un frisson parcourut son corps, terriblement désagréable et paralysant comme si une araignée déambulait sur sa peau sans qu’il ne puisse la voir. Une petite bête qu’il aurait voulu pouvoir écraser d’un coup sec mais dont il était obligé d’endurer la présence. Redoublant d’effort et ignorant la douleur pour effacer ses pensées, Kayn parvint finalement à la porte menant aux précieuses ressources. Lorsqu’il actionna la poignée, celle-ci ne bougea pas d’un pouce. Il réessaya puis s’acharna en la faisant bouger dans tous les sens comme si elle allait miraculeusement céder. Mais il était bien bloqué à l’extérieur. Il ne vit qu’une seule raison à cela : quelqu’un s’y était enfermé. L’oreille collée contre le métal glacée de la porte, il écouta longuement pour voir s’il percevait une présence. Hélas, silence complet.

« Qu’est-ce que tu fais ? » le dérangea soudainement une voix masculine.

Il sursauta et se retourna pour découvrir Alexandre qui le regardait d’un drôle d’air.

  • Qu’est-ce que j’ai l’air de faire ? répondit-il sèchement.
  • Écouter à une porte ?
  • Un petit égoïste s’est caché là-dedans avec toutes les réserves de nourritures. D’ailleurs, ils sont probablement plusieurs. Mais elle est verrouillée !

Kayn croisa les bras de mécontentement. Les sourcils froncés, il chercha comment entrer.

  • Il n’y a que cette entrée ? le questionna Alexandre.
  • Comment veux-tu que je le sache ? Je ne suis pas à l’origine de ces constructions.
  • Pas la peine de t’en prendre à moi, grogna-t-il.

Il fit un pas pour s’éloigner quand une idée lui traversa l’esprit.

  • Tu as essayé de frapper ?

Kayn lui adressa un regard noir comme s’il pensait qu’il se moquait de lui, c’est pourquoi Alexandre s’avança et toqua à la porte.

  • Tu ne crois quand même pas qu’ils vont venir ouvrir ? fit Kayn, perplexe.

Le frère lui intima le silence d’un rapide geste de la main puis colla son oreille pour écouter. Si tout d’abord il eut la même réponse que son acolyte, il perçut des pas au son métallique se rapprocher. Il frappa de nouveau à la porte et prit une voix aussi féminine qu’il pouvait afin de demander de l’aide.

  • Prends-les pour des cons, soupira Kayn à ses côtés, ça ne va jamais marcher.

Alors que les deux jeunes hommes s’affrontaient du regard, les pas se firent plus proches. Soudain une voix s’éleva de derrière la porte de métal :

  • Q-Qui est là ?

Les yeux ronds, ils furent aussi surpris l’un que l’autre.

  • Eh ben vas-y, dis quelque chose ! l’encouragea Kayn à mi-voix.

Alexandre s’exécuta aussitôt, essayant de paraître convaincant. Il supplia pour qu’on lui ouvre, prétextant être seul, désespéré et prêt à tout pour de la nourriture. Il s’étonna lui-même de la qualité de son improvisation : cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pratiqué. Autrefois, il lui arrivait de passer des soirées entières à réciter des répliques de pièces de théâtre dans sa chambre. Il faisait également parti d’un groupe d’improvisation qui se retrouvait une fois par semaine.
Dès qu’il eut fini ses supplications, l’homme émit des doutes. Il n’était pas certain qu’elle soit seule et craignit qu’on lui vole ses précieuses vivres. Mais si elle disait vrai, la jeune femme qu’il imaginait se retrouvait démunie et ferait probablement n’importe quoi pour être à nouveau en sécurité. C’est pourquoi il consentit finalement à ouvrir la porte.
Kayn fit signe à Alexandre de reculer afin que l’homme ne le voie pas immédiatement tandis qu’il prenait place à l’arrière afin d’être caché par la porte lorsqu’elle s’ouvrirait. Lorsque l’homme sortit la tête, Kayn fonça sur lui et l’agrippa par le cou afin qu’il ne puisse pas redescendre dans le sous-sol. Celui-ci, en équilibre sur une échelle, se débattit tant et si bien que les deux hommes tombèrent ensemble et heurtèrent violemment le sol en métal. La douleur dans l’épaule de Kayn ressurgit brusquement, le paralysant et lui coupant le souffle. Il retint un cri de douleur, conscient qu'il ne devait pas écouter son corps ; à ses côtés, sa victime s'était déjà relevée. Le dos voûté par la douleur qu'avait provoqué la chute, se tenant l'épaule sur laquelle il était tombé, l'homme hurla un nom en fixant Kayn avec mépris :

« Henri ! Henri ! Ils sont entrés ! »

  • Qu'est-ce que t'as foutu ? tonna une voix menaçante.

Alexandre descendit à son tour. Au même moment, une montagne de muscle apparut en contrebas, courant rejoindre un escalier pour rallier la plateforme où ils se trouvaient.
Le premier assaillant frappa Kayn d'un coup de pied dans l'abdomen pour s'assurer qu'il ne se relèverait pas avant de diriger son attention sur Alexandre. Cependant, celui-ci était déjà sur lui et le poussa de tout son être par dessus la rambarde sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Il alla s'écraser quelques mètres plus bas.
Aussitôt, le second assaillant le chargea à la façon d'un taureau, il faisait bien deux fois son poids et Alexandre se retrouva projeté sans aucune difficulté. Sans perdre une seconde, l’armoire à glace se jeta sur lui et lui asséna coup sur coup, laissant son visage rouge de sang. Alexandre ne parvenait pas à prendre le dessus ni même à se défendre. Ses yeux cherchaient un moyen de prendre l'avantage mais il n'y avait rien à proximité pour l'y aider. Et Kayn était toujours au sol à reprendre ses esprits, enfermé dans une cage mentale où sa geôlière Mme Douleur ne se préoccupait guère du reste du monde. Chaque seconde était perdue à l'avantage du colosse et s'il n'aidait pas Alexandre maintenant, il serait le prochain sur la liste de ses victimes.
Décidé à ce que cela ne se produisît jamais, il envoya donc Mme Douleur sur les roses, rassembla toutes les forces qui lui restaient pour se lever et sauta sur le dos de l'homme. Son bras valide cerclant sa gorge, Kayn bascula en arrière de tout son poids afin de l'étrangler. Il ignorait s'il pourrait en venir à bout ainsi, mais cela détournerait au moins son attention et permettrait à Alexandre de se relever. La manœuvre fonctionna comme il l'avait prévu, peut-être même trop bien. Le colosse se jeta de tout côté comme un cheval fou afin de le faire tomber, mais il tint bon. Il essaya de retirer le bras qui lui enserrait le cou, luttant de plus en plus pour respirer. Peu à peu, il perdait ses forces et chaque effort lui en demandait davantage.
À ce moment, Alexandre sut qu'il devait agir ; Kayn ne tiendrait pas plus longtemps. Il se jeta genou en avant sur l'abdomen du gaillard qui se plia de douleur, permettant aux pieds de Kayn de toucher de nouveau le sol. Ce dernier resserra un peu plus sa prise, puisant dans ses dernières forces tandis qu'Alexandre assénait d'autres coups. Le colosse finit par tomber à terre, vaincu. Au cas où il simulerait, Kayn continua de l'étrangler, et seulement lorsqu'il fut certain que l'homme était mort, il le relâcha.

« Putain d'enfoirés, lâcha Alexandre en crachant le sang qu’il avait dans la bouche. J'ai bien cru qu'on allait y passer. »

  • Ne compte pas sur moi pour recommencer, répondit péniblement Kayn en se tenant l’épaule, ça va ?
  • Oui, je crois, il m’a bien amoché, râla-t-il.
  • Je te trouve mieux comme ça.

Si cela tira un sourire moqueur à Kayn, Alexandre fronça les sourcils. L'un comme l'autre était dans un état déplorable. Du regard, ils examinèrent les environs afin d'être certains d'être bien seuls. Ils n'auraient pu endurer un troisième assaillant. La plateforme où ils se trouvaient formait un long couloir sombre qui surplombait des cultures de tout genre. Au-dessus, des néons à LED assuraient un éclairage constant. Et l’air y était frais.

Après un premier examen visuel, le lieu sembla vide de tout danger. Hélas, les deux jeunes hommes se rendirent vite compte que le plafond s’était effondré sur toute une partie, sans doute sous le poids de la calamité.

« Ça pourrait s’effondrer à tout moment. On devrait prendre tout ce qu’on peut et sortir de là, conseilla Alexandre. »

  • J’ai l’épaule en vrac, alors débrouille-toi.
  • Sérieusement ? râla-t-il.
  • J’ai pris une balle et je viens de tomber de plusieurs mètres, je dois te faire un dessin ? grogna Kayn.

Alexandre se radoucit : pour une fois, Kayn avait une bonne raison de ne pas lui prêter main forte. Il décida d’aller chercher de l’aide et lança un regard embêté à son accompagnant. Bien que ce dernier essayât de ne pas le montrer, la douleur dans son épaule lui paralysait tout le bras.

  • Tu as besoin d’aide… pour remonter ? hésita Alexandre.
  • Je vais rester là un moment.
  • Mais, et si le plafond s’écroule ?
  • Tu seras débarrassé de moi. Cela devrait te satisfaire, non ?
  • Non, j’aurais ma sœur sur le dos jusqu’à la fin de ma vie.

Étonnamment, ils échangèrent un sourire entendu. Le premier depuis leur rencontre. Ils connaissaient tous deux l’affection de la jeune femme pour Kayn qui prétendait bien sûr y être indifférent, tant aux autres qu’à lui-même. Il était plus aisé pour lui de se refuser à penser sérieusement à ses sentiments. Ainsi il ne pouvait dévier de ses objectifs comme celui de rester en vie même si cela voulait dire laisser mourir les autres. Il était déjà allé à leur encontre mais tant qu’il n’y prêtait pas attention, cela lui irait.

Alexandre parti, Kayn descendit les marches pour rejoindre les cultures et observa leur état de plus près. Elles étaient intactes bien qu’une petite pellicule de poussière s'était déposée à la surface, sans doute dû à l’effondrement. Pommes de terre, carottes, radis et champignons poussaient en nombre dans de petits espaces carrés délimités par des planches de bois. Sur un mur adjacent, un tableau noir attira son attention ; on y avait noté à la craie blanche des informations sur la pousse des cultures. Les dernières cases indiquaient la présence de haricots, de petits pois, de poivrons et de courgettes. A l’évidence, il s’agissait-là des victimes du plafond – et par extension, de la calamité.

Plongé dans ses pensées, Kayn finit par regretter ces vivres qui pousseraient leur existence plus loin. Il savait que la créature finirait par les avoir, c’était inévitable. Et pourtant, c’était lui qui s’était mis en quête de nourriture. Bien sûr, il ne serait jamais entré ici sans l’aide d’Alexandre mais… il préféra éloigner cette pensée de son esprit. Il était déjà suffisamment parasité par la culpabilité. Fuir, survivre, tout cela était vain, alors quand diable cela allait-il finir ? Et pourquoi lui-même tenait-il tant à survivre ? Il voulait connaître la fin de cette tragédie, bien sûr. Savoir ce qu’il allait advenir de l’humanité. De la planète tout entière. La disparition de l’humanité entrainerait obligatoirement des changements ; si elle avait pu être si nocive pour la planète auparavant, elle pouvait devenir un second souffle pour celle-ci en succombant à la calamité.
Pourquoi faudrait-il s’accrocher à une vie que l’on savait d’influence négative pour une planète toute entière ? Kayn se posa sérieusement la question. Et la réponse ne lui plut guère. Personne ne pensait vraiment que sa petite vie pouvait contribuer à en faire disparaître tant d’autres ; si on ne les voyait pas, comment s’en rendre compte ? Comment même s’en convaincre ?

« Cela fait déjà si longtemps que ce cycle dur, pensa-t-il, comme si personne n’était capable d’apprendre ou même de se souvenir. Comme si chaque génération ne pouvait apprendre des précédentes. Il n’y a donc pas d’espoir pour l’humanité. Quoi qu’il en soit, elle doit disparaître. »

Cette conviction, il l’avait depuis longtemps. Il avait simplement cessé de se la répéter. Quel idiot. Et quelle faiblesse. Avoir laissé son cœur prendre le dessus sur sa raison. Il se dégoûtait.

D’un pas déterminé, il remonta les marches une à une et se dirigea vers l’échelle. Ignorant la douleur de son épaule – qui en aurait terrassé plus d’un tant elle était vive – il se hissa tant bien que mal jusqu’à l’extérieur. Là, il ne fut pas question pour lui de rester sur place. Il avait besoin de se retrouver seul, de se reconnecter à lui-même, à ce qu’il était.

Lorsqu’Alexandre revint, accompagné de sa sœur et quelques autres, il avait tout bonnement disparu. Si la majorité ne s’inquiéta pas, Lucie se demanda où il avait bien pu passer. Pourquoi venir jusqu’ici, trouver de la nourriture si précieuse à cette terrible époque et repartir sans même y toucher. Et le connaissant, il aurait sûrement même réclamé des remerciements. Était-il bien parti ? Ou bien l’avait-on forcé ?

Son frère la rassura immédiatement : le lieu était désert à son départ.

« Tu devrais commencer à le connaître, poursuivit-il agacé de voir sa sœur si soucieuse, laisse-le faire ce qu’il veut, de toute façon, c’est déjà ce qu’il fait. »

Ne pouvant rien faire de plus, ne sachant pas où il était parti ni même quand il reviendrait, Lucie se promit de lui garder de la nourriture. Ils le lui devaient bien, tous.

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