Chapitre 23 : Traversée infernale

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 Quelques heures plus tard, la nuit tombait. À mon grand soulagement, la chaleur devenait bien moins dense ; la température chutait à grande vitesse.

– Il va faire froid cette nuit.

 Je regardai Avorian d’un air désespéré.

– Eh oui, continua-t-il en voyant mon visage miné, encore un autre désagrément du désert : le jour il fait extrêmement chaud, mais en revanche, les nuits sont glaciales.

– Oh non ! me lamentai-je.

 En plus de subir l’extrême chaleur et le manque d’eau, ces écarts de température allaient soumettre nos corps à une forte amplitude thermique !

– Sois prudente. La nuit, de dangereux prédateurs sortent de leur terrier, en quête de nourriture.

– Et je suppose que nous constituons leurs proies. C’est le monde à l’envers, ici ! Les animaux nous chassent ! Un juste retour des choses, non ?

– On verra ce que tu en penses lorsque ton corps se retrouvera sous leurs crocs, ironisa Avorian d’un ton espiègle. (Voyant mon visage se décomposer, il reprit son sérieux.) Nous devons être vigilants. Lorsque le soleil se couche, les animaux se réveillent. Le jour, ils vivent dans des galeries souterraines afin de se protéger de la chaleur. Le soir venu, ils remontent à la surface pour manger. Ils s’entretuent, ou bien dévorent les rares voyageurs qui s’aventurent jusqu’ici.

– Haha ! Si vous vous amusiez à me faire peur, eh bien, c’est réussi ! Vous savez, vous êtes non seulement un bon acteur, mais vous seriez aussi un excellent scénariste dans le domaine des films d’horreur.

– Sauf que là, ce n’est pas du cinéma, trancha Avorian sombrement.

 J’étais surprise qu’il se souvienne de ce que je lui avais appris au cours de nos longues marches au sujet du cinéma et autres distractions humaines.

– Je vois. On risque de se faire attaquer et servir de dîner à ces charmantes créatures.

– Ne t’inquiète pas. Encore une fois, nous avons la magie, pas eux, me rassura-t-il en observant mon visage devenir pâle.

– C’est vrai, marmonnai-je, songeant que j’étais loin d’être aussi rapide qu’une bête sauvage affamée et surentraînée à la chasse.

 Nous continuâmes d’avancer prudemment dans les ténèbres, épuisés, assoiffés. Un être humain subirait déjà les symptômes de la déshydratation. En tant qu’Orfiannaise, je m’en tirais avec un léger mal de tête. Mais à ce stade, impossible de s’arrêter maintenant pour se reposer : on entendait à présent des cris d’animaux déchirant l’angoissant silence du crépuscule ; des hurlements semblables à ceux des loups.

 Je me retournai vers Avorian, le regard effrayé. Il posa une main sur mon épaule en un geste paternel. Sa présence me réconfortait. Il fallait garder courage.

 Lorsque je marchais, j’avais la désagréable impression que le sable devenait de plus en plus mou sous mes pieds. Quelques pas plus loin, je commençai réellement à m’enfoncer dans le sol. Je réalisai que nous nous trouvions sur une zone de sables mouvants. L’obscurité nous empêchait de voir où nous circulions. Avorian, lui aussi prisonnier du sol, me lança :

– Ne bouge surtout pas et ne panique pas ou tu seras immédiatement engloutie. Écoute-moi bien : jette des sphères dans le sable afin de dégager tes pieds. Vise tout autour de toi, mais attention à ne pas te blesser !

 Avorian m’avait en effet expliqué que les sphères pouvaient transpercer n’importe quelle matière. Je risquais donc de graves lésions si par malheur l’une d’entre elle me touchait. Il fallait sacrément bien viser, or, je ne m’étais jamais exercée à cela !

– Avorian, vous ne m’avez pas appris à faire ça ! paniquai-je.

– Lance-les d’abord à quelques mètres de toi pour t’entrainer. Lorsque tu te sens prête, rapproche-les petit à petit, d’accord ?

 Je voulais bien exécuter ses ordres, mais mes mains refusaient de coopérer. J’étais pétrifiée de peur ; le sable m’arrivait à présent au niveau des cuisses. Moi qui étais de nature claustrophobe, il fallut m’armer de courage pour tenter de matérialiser des sphères, et d’une conviction inébranlable pour pouvoir les diriger proches de mon corps ! Avorian parvint à se tirer d’affaire en dirigeant un fin rayon lumineux vers le sable ; la puissance du faisceau le souleva. Je m’efforçais à mon tour de creuser des cavités dans le sable mouvant à l’aide des sphères, mais ce fut laborieux. Je m’enfonçais jusqu’aux hanches ! Je me voyais descendre inéluctablement dans les profondeurs d’Orfianne, complètement effrayée. Impossible de suivre les conseils d’Avorian et ne pas paniquer. Je ne parvins même pas à réprimer un hurlement, malgré le risque que cela pouvait entraîner : je devenais en effet une proie facile pour les animaux sauvages : il suffisait de me cueillir sur place !

 Heureusement, Avorian vint enfin à ma rescousse. Il projeta des fils lumineux en direction de mon corps pour m’attraper. La puissance de sa magie me dégagea du sol et me souleva jusqu’à lui. J’atterris dans ses bras, aussi affolée qu’éreintée. Je m’en tirais d’extrême justesse ! Je le remerciai en me blottissant un instant contre lui, soulagée de me sentir en vie.

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