Chapitre 26 - détermination.

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 Le jour se levait. Je restais contre Avorian, les joues mouillées de larmes.

– Tout n’est que misère, la mort règne partout ! gémis-je complètement perdue.

Mon corps tremblait d’effroi. Ces frissons, synonymes de désespérance et d’abattement, me donnaient l’impression que la vie me quittait peu à peu. Du sang coulait encore de mes plaies, mais cela m’était bien égal. Je désirais ardemment rejoindre Avorian… où qu’il soit, oubliant même de m’occuper de mes propres blessures. Puis, à bout de forces, je m’endormis sur lui, au milieu des cadavres, dans cette odeur exécrable qui allait vite s’amplifier avec les premiers rayons du soleil et la chaleur écrasante du désert.

 Quelques heures plus tard, je m’éveillai avec un horrible mal de crâne. Je remarquai une flaque de mon propre sang devant moi, absorbée par un sable devenu pourpre. Je faillis m’évanouir de frayeur en l’observant. Je commençais à tourner de l’œil, éreintée, mais non ! Je devais me ressaisir !

Ah, c’est vrai, je ne cicatrise pas comme je le devais, me rappelai-je.

 Par réflexe, je mis mes mains sur mes plaies. La lueur verte jaillit une nouvelle fois de mes doigts et me soigna parfaitement. Mais elle me vidait du peu de forces qu’il me restait. J’avais terriblement faim et soif. Je me demandais si la chair des Glemsics était comestible. Cette idée saugrenue me donna la nausée. Finalement, je n’avais guère envie de le savoir… et encore moins d’y goûter. Ces créatures me répugnaient. Elles étaient responsables de la mort d’Avorian.

 La canicule rendait cette puanteur insoutenable. Des rapaces tournoyaient déjà autour de leurs proies. Avorian demeurait immobile. Je me concentrai de nouveau pour le guérir. Ma vision se troublait. J’avais l’impression d’être dans un rêve, entre deux mondes, au seuil de la mort. Pourtant, mon pouvoir régénérateur sortit de moi pour envelopper son corps. Mais rien ne se produisit. Aucune réaction. Je me remis à sangloter. Il fallait que je me fasse une raison. De plus, même si mes blessures avaient cicatrisées grâce à la magie, je venais de perdre une grande quantité de sang, et j’allais rapidement me déshydrater si je ne trouvais pas d’eau. Mon long séjour sur Terre affaiblissait mes capacités d’Enchanteresse.

 Je mis les deux gourdes vides dans mon sac et laissai la troisième avec les quelques gouttes d’eau restantes à côté d’Avorian, au cas où il finirait par se réveiller. J’humectai ses lèvres et entrepris de marcher au hasard dans le désert pour trouver de l’eau. Mais je me retournai après seulement trois pas. Je couvris Avorian de tissus afin qu’il ne souffre pas trop de la chaleur. Si jamais la magie opérait, je ne voulais pas qu’il meure d’insolation. Puis, je m’approchai des Glemsics, repliant ma cape au niveau de mon nez pour me préserver de leur odeur abjecte qui me donnait la nausée, et sectionnai leurs griffes à l’aide de mon couteau. Je voulais les utiliser pour baliser le chemin, à la manière du petit poucet, afin de revenir vers Avorian avec de l’eau, si j’en trouvais. Je désirais secrètement le retrouver en vie à mon retour, prêt à me donner les directives.

 Comme avant.

 Je partis ainsi en quête d’oasis, sans eau, pour laisser les dernières gouttes à Avorian. Geste parfaitement idiot puisqu’il était mort. Je risquais ma vie pour rien, mais c’était plus fort que moi. Je n’arrivais pas à réaliser. Je ne le pouvais pas.

 Je disséminais les griffes de Glemsics sur mes pas, sans aucun moyen de savoir où j’allais. Le sable me brûlait les chevilles, et la chaleur me faisait suffoquer. Extrêmement affaiblie par l’anémie, je progressais difficilement, chancelante, prise de vertiges.

 Pourquoi le pouvoir de guérison ne soignait-il pas la soif et la faim ? Une fois encore j’en revenais aux miracles de Jésus-Christ, me disant qu’il était définitivement bien plus utile de savoir multiplier les pains ou changer l’eau en vin – en l’occurrence, changer le vin en eau serait préférable. Finalement, à quoi servait mes pouvoirs, sinon à détruire ? Cette magie se destinait uniquement au combat. Je ne m’y retrouvais pas.

 Au bout d’une demi-heure, je décidai de faire demi-tour, perdue au milieu des dunes de sable. Mais à peine m’étais-je retournée que je m’écroulai au sol. Alors que la mort me prenait dans ses bras, je sentis des présences autour de moi.

 Complètement harassée, je m’évanouis.

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