Chapitre 29 : Maison de repos.

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 Après avoir dormi pas moins de dix-huit heures, Avorian et moi discutions tout en mangeant avec appétit notre petit-déjeuner composé de fruits et de racines. Les Komacs semblaient heureux de notre présence. J’étais souvent en compagnie de la charmante Kaya, qui n’était autre que la fille d’Andromède, le chef de la tribu. En revanche, je ne voyais pas Isaac, à mon grand regret. Avorian décida de passer quelques jours auprès du peuple du désert afin de recouvrer nos forces.

 En fin de matinée, Kaya me proposa d’aller me baigner avec elle dans l’oasis. Elle me prêta des sous-vêtements pourpres. Nous plongeâmes dans l’eau, ravies de ce moment de détente. Kaya était vraiment magnifique. Son corps fin à la peau hâlée rayonnait sous le soleil. Les milliers de paillettes qui constituaient son épiderme lui donnaient l’allure d’une déesse. Kaya s’amusa à m’éclabousser. Ce jeu me fit à la petite fée Liana que nous avions rencontrée dans la forêt.

 Je ne pouvais m’empêcher de regarder alternativement son nombril en forme de spiral puis le miens. D’ailleurs, tous les membres de son peuple en portaient un. Cela faisait-il partie de leur physionomie ou était-ce une sorte de tatouage ? En tout cas, leur peau prenait la forme d’un mini escargot peint en doré.

 Et là, cette phrase de Sèvenoir me revint : il voulait savoir si j’étais Orfiannaise ou Terrienne en regardant mon corps. Manifestement, cette spirale était l’une des caractéristiques des Orfiannais. Mais alors, puisque je n’en possédais pas, cela voulait-il signifier que j’étais Terrienne ? Voilà ce qui intriguait Sèvenoir. Car j’étais censée être la dernière Enchanteresse… j’en avais du moins les pouvoirs. Kaya remarqua mon regard pointé vers son nombril :

– Ah… nous ne sommes pas faites pareilles. Mais tu sais, les peuples d’Orfianne sont très différents. Certains ont la peau verte, d’autres bleu, et je ne te parle pas des fées !

 Sa remarque me rassura. De plus, je n’avais encore jamais examiné le nombril d’Avorian. Je décidai de chasser ces pensées et tentai de bousculer gentiment Kaya dans l’eau. Mais lorsque je voulus l’approcher, deux jeunes Komacs qui nous observaient cavalèrent dans l’eau pour m’immobiliser. Je reconnus immédiatement Isaac, à ses beaux yeux couleur noisette et ses cheveux bruns mi-longs lui arrivant aux épaules, retenus par son bandeau bordeaux. Le deuxième, son jumeau, lui ressemblait effectivement comme deux gouttes d’eau. La seule différence étant qu’il portait ses cheveux plus courts. Je les trouvais magnifiques, comme tous les Komacs. Leur peau légèrement pailletée scintillait. Ils devaient être un peu plus âgés que moi, tout comme Kaya.

– Eh ! criai-je à leur attention, ce n’était qu’un jeu ! Je ne voulais pas lui faire de mal !

Mais ils étaient plus grands et plus forts que moi.

– Je crois qu’ils veulent simplement jouer avec nous, me rassura Kaya.

– Quelle drôle de manière de s’incrust… aaah !

 Je ne pus terminer ma phrase, le jumeau d’Isaac me poussa dans l’eau. Je ripostai en l’attrapant par la jambe, Kaya m’aida et ainsi une bataille fut engagée : Kaya et moi contre les jumeaux. Ils étaient plus musclés que nous, mais nous nous montrions malines et solidaires. À la fin de cette joute amicale, Kaya cueillit quelques fruits et nous mangeâmes tous les quatre au bord de l’eau.

– Comment t’appelles-tu ? demanda le frère d’Isaac.

– Kiarah, et toi ?

– Ishaam. Je suis le jumeau d’Isaac, comme tu as pu le constater.

 Il m’adressa un clin d’œil doublé d’un sourire enjôleur.

– Et sans l’aide mon cher frère, tu ne serais pas là à te baigner tranquillement, continua-t-il.

– J’imagine que c’est une invitation à me confondre en remerciements ? dis-je d’un ton cynique.

– Exactement, ma belle, fit Ishaam en me relevant le menton.

 Je repoussai sa main, l’air dédaigneux. Puis feignis un salue pompeux, courbant mon torse si loin que je plongeai ma tête sous l’eau. Je me relevai enfin, dégoulinante, et m’adressai à son jumeau pendant que les deux autres gloussaient :

– Oh, mon cher et noble chevalier Isaac, je ne sais comment vous remercier vous et Kaya de m’avoir sauvé la vie ainsi que celle de mon ami. Que puis-je faire pour vous ? Comment vous montrer ma gratitude ?

 Le désigné pouffa de rire puis repris son sérieux.

– En acceptant de me rejoindre ici ce soir, me répondit Isaac d’une voix douce, son regard pénétrant le mien d’une façon absolument délicieuse.

– Bien joué frérot, fit Ishaam en applaudissant son frère. Tu vas vite me voler le beau rôle si tu continues comme ça !

– Tu es jaloux peut-être ? le rabroua Kaya. Tu aurais préféré être à sa place pour sauver la belle Kiarah, c’est ça ?

– Oh que non, ma belle princesse, je te suis totalement dévoué. Tu m’as soudoyé par tes charmes ! Je ne peux te résister ! fit Ishaam à l’adresse de celle-ci.

Kaya rougit et je me mis à rire.

 Je me si sentais bien en leur compagnie ! Comme il était agréable d’oublier un instant tout le poids qui pesait sur mes épaules ainsi que les menaces qui entravaient notre route. Je profitais de ce doux moment d’insouciance comme s’il était le dernier.

 De retours à la salle principale, Kaya m’invita dans ses appartements. Avorian passait le plus clair de son temps à discuter avec Andromède. La chambre de mon amie se situait à côté de la petite pièce avec la pierre magique, et arborait les tons vermeilles : tapis, enduis de terre rougeâtre. Bien sûr, je n’observais aucune fenêtre puisque nous nous trouvions dans une grotte souterraine.  

 Je me demandais si l’invitation d’Isaac était sérieuse. J'en fis part à Kaya et elle me confirma que ce n’était pas une plaisanterie, et que j’avais intérêt à y aller, car Isaac se montrait toujours doux et prévenant.

 La jeune Komac m’invita dans sa salle de bain. Je pus profiter une fois de plus des joies de la toilette, ravie de me sentir enfin propre.

– Kaya, j’ai une faveur à te demander, lui annonçai-je d’une voix grave.

– Quoi donc ?

– Est-ce que je peux garder la brosse à dent ?

 Kaya éclata de rire. J’avais demandé cela de façon solennelle, comme s’il s’agissait d’un véritable trésor, et pour moi, c’en était un ! Un objet indispensable ! La belle Komac m’offrit non seulement ma précieuse brosse à dent mais aussi un flacon d’huile dont les propriétés régénératrices se révélaient apparemment exceptionnelles.

– Cela va te guérir des morsures du soleil.

Je la remerciai et appliquai le baume protecteur sur mes bras et mes jambes. Kaya sortit des habits rouge brique d'une étagère.

– J’aimerais que tu essais ces vêtements. Je pense qu’ils t’iront parfaitement, nous faisons la même taille, me proposa Kaya. Comme ça, tu seras belle pour ce soir !

– Tu vas rire, mais c’est mon premier rendez-vous galant !

– Quelle chance ! Tu ne peux pas tomber mieux qu’avec Isaac, c’est l’idéal pour une première fois !

– Merci de ta bienveillance, tu es si généreuse ! Je me sens tellement bien ici avec toi.

– Avec plaisir ! Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit des invités. Tiens, essaie ceux là, dit-elle en me tendant les vêtements.

 Elle me donna un pantalon au tissu léger un peu bouffant qui me fit penser aux habits des orientaux sur Terre. Le haut à manches courtes laissait à l’air libre la totalité de mon ventre. Je me sentis un peu gênée de me voir vêtue ainsi. En me regardant dans le miroir, je me rendis compte que j’avais énormément bronzé depuis ce voyage dans le désert, et aussi un peu maigrie.

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