Chapitre 30 : Un rendez-vous.

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– Et voilà, une véritable Komac ! claironna joyeusement Kaya. Tu es magnifique ! Tu vas plaire à Isaac, c’est sûr ! Tu devrais montrer un peu plus ta féminité. Tu as un corps fin et gracieux, aux formes très harmonieuses tu sais.

 Elle m’adressa un petit clin d’œil, le sourire aux lèvres.

– Merci. Toi aussi tu es sublime Kaya, ta beauté dépasse celle des déesses !

– Oh, comme tu me flattes ! Je trouve que nous nous ressemblons un peu avec nos longs cheveux ondulés. N’aies pas peur d’être toi. Tu es une jeune femme forte et pleine de volonté.

Quelqu’un frappa à la porte. Après l’approbation de Kaya, Ishaam et Isaac entrèrent.

– Wooow ! fit Ishaam en me regardant. Voilà que notre petite Kaya t’a transformée en une véritable princesse Komac !

– À part ses yeux…, commenta Isaac.

– Ah oui, ils sont bleu-vert, chose absolument impossible pour un Komac. C’est intéressant ! s’exclama Ishaam en s’approchant si près de mon visage pour observer mes yeux que j’en rougissais.

– Intéressant ? répétai-je incrédule.

– Et revoilà notre séducteur coquin…, se lamenta Kaya.

– Arrête de l’offenser voyons ! gronda Isaac à l’adresse de son frère.

– Tu parles, toutes les jolies femmes aiment être flattées.

– Sûrement pas ! objectai-je. Et l’adjectif « joli » est totalement subjectif.

– Mmmh… Une beauté rebelle n’en est que plus attrayante !

– Et appétissante peut-être ? se moqua Kaya. Ishaam, tu n’es qu’un vil charmeur. Je te rappelle que Kiarah a rendez-vous avec ton frère, pas avec toi !

– Oh, ma douce Kaya est jalouse ! Pardon, j’ai pour seul pêcher l’amour des divines beautés, c’est terrible !

– Bon, que voulez-vous ? le rappela à l’ordre Kaya.

– Plus sérieusement, vous voir et vous parler, répondit Isaac qui semblait agacé par le comportement de son frère.

 Il lui lança en effet un regard noir.

– Que se passe-t-il ? interrogea la belle Komac, les bras croisés, d’un air dédaigneux.

– Nous sommes certains que tu vas vouloir accompagner Kiarah et Avorian dans le désert. Et nous venons t’en dissuader, répondit Ishaam.

Nos yeux se braquèrent sur Kaya.

– C’est vrai ? Tu veux nous accompagner ? lui dis-je, le sourire jusqu’aux oreilles.

– Évidemment ! Vous avez besoin d’un guide dans le désert ! Et vu comment vous avez commencé votre voyage, il est hors de question que je vous laisse repartir tous seuls !

– Ce n’est pas une bonne idée de voyager en ce moment, objecta Isaac. Les Glemsics se comportent bizarrement depuis quelques temps.

– Ah ça oui ! Et nous en avons payé les frais ! intervins-je.

– Une attaque gâcherait votre joli minois, conclut Ishaam.

– C’est tout ce que tu trouves à dire, Ishaam…, railla Kaya.

– Ce n’est pas seulement ça, se défendit-il. Je te rappelle que tu es la fille d’Andromède, tu es donc susceptible d’être enlevée pour que ton père donne la pierre aux ennemis en échange de ta vie ! Nous ne voulons pas te perdre ! Kiarah et Avorian ont très bien réussi à se défendre contre les Glemsics après tout !

 Ishaam s’exprimait comme si je n’étais pas là, les yeux rivés sur sa dulcinée.

– Pardon ? Je te rappelle qu’Isaac et moi les avons retrouvés entre la vie et la mort ! Et si nous n’avions pas été là, ils n’auraient sans doute pas survécus !

– Alors laissez-nous vous accompagner. Pour vous protéger. Vous semblez attirer les ennuies, toi et Avorian.

– Merci Isaac, j’avais remarqué, c’est vrai qu’on est toujours inexplicablement mêlés à des situations périlleuses... pour ne pas dire invraisemblables ! Quelqu’un doit vraiment nous en vouloir !

– De toute façon ton père ne te laissera jamais partir ! insista Ishaam. Tu es la seule à pouvoir utiliser la Pierre de Vie.

– Nous en reparlerons. Votre geste me touche beaucoup, confia Kaya. Et pour vous montrer ma gratitude, je vous invite à passer le reste de l’après-midi auprès de nous, mes beaux guerriers !

– Tu n’as pas l’air effrayée…, constatai-je.

– Pourquoi le serais-je ? J’ai confiance en notre pierre ainsi qu’en notre peuple. Nous sommes protégés. Et je ne vous laisserai pas vous promener seuls dans Gothémia, c’est comme ça.

 Nous passâmes l’après-midi tous les quatre à nous chamailler dans la chambre de Kaya. Cette dernière aimait visiblement s’amuser, et c’était bien là son crédo : profiter de la vie. D’ailleurs, hormis au village des fées, je n’avais pas encore eu l’occasion de profiter de l’instant présent et de me réjouir sur Orfianne. C’était un moment unique et précieux pour moi.

  Les jumeaux se montraient aussi joueurs que charmeurs. Ainsi, nos taquineries n’en finissaient pas. J’appréciais l’humour d’Isaac, moins provoquant que celui de son frère. De son sourire émanait une certaine innocence alors qu’une grande sagesse se lisait sur les traits de son visage. Je compris qu’Ishaam était très amoureux de la belle Kaya et faisait tout pour la séduire, mais celle-ci s’amusait à feindre l’indifférence et lui donnait du fil à retordre. Malgré cela, son petit caractère bien trempé ainsi que son apparente impassibilité ne faisaient qu’augmenter les ardeurs d’Ishaam.

 En début de soirée, après dîner, Isaac me prit par la main et me fit signe de le suivre.

– J’ai quelque chose à te montrer, me souffla-t-il.

 Le fameux rancard. Mon premier. Mon cœur battit de plus en plus vite. Kaya resta en compagnie d’Ishaam dans la salle principale. Isaac me conduisit en dehors du tunnel. Nous marchâmes main dans la main le long de l’oasis. Il m’amena un peu plus loin sur une dune, se plaça face à moi et me considéra d’un air attendri.

 Après un long moment de contemplation immobile, en silence, ma main gauche se leva vers lui, en même temps que la sienne, tel un accord tacite. Je devais faire ça, bien que j’ignorais pourquoi. Nos deux paumes se rencontrèrent. Nous restâmes ainsi sans bouger, je vivais là un moment magique, inoubliable, un peu comme des retrouvailles.

 Puis, une énergie passa entre nos deux corps, un halo doré entoura nos mains, comme un champ magnétique. Une bourrasque venant de nulle part tournoya autour de nous pendant quelques secondes, emportant avec elle des mèches de nos cheveux qui semblaient se mélanger en cet instant. Puis… plus rien.

– Que s’est-il passé ? interrogeai-je, intriguée par ce qui venait de se produire.

– Mmmh… Lorsque deux personnes se touchent pour la première fois et que cette lumière les unis, cela signifie que leurs âmes se connaissent, et qu’elles se sont déjà rencontrées dans une autre incarnation, ou ailleurs dans l’Univers. Je pense que nos âmes se sont reconnues, et que ton esprit souhaitait me remercier de vous avoir sauvés.

Il s’assit sur la dune, je m’installai à ses côtés.

– Regarde bien le ciel, Kiarah.

Le soleil déclinait entre deux dunes, ses rayons orangés illuminaient le sable. Le ciel se teintait de rose et de violet tandis que quelques étoiles commençaient à se dessiner.

– C’est magnifique ! m’exclamai-je.

– Oui, mais regarde bien. Regarde Héliaka.

  En effet, je n’avais pas remarqué que la planète beige, montrant sa face pleine, se rapprochait du disque solaire devenu pourpre. Elle réfléchissait magnifiquement sa lueur mordorée. Les deux astres régnaient en maître dans le royaume des cieux, étincelants dans toute leur splendeur. À chaque fois que j’observais la planète-satellite, je prenais pleinement conscience que j’avais bel et bien quitté la Terre. Le ciel d’Orfianne se montrait particulièrement majestueux ce soir là : on y observait à présent de nombreuses étoiles.

 Nous restâmes ainsi un long moment à contempler en silence l’enchantement des cieux. Puis, Isaac me prit doucement la main. Il se retourna vers moi et me fixa de ses beaux iris noisette. Je ne pus m’empêcher de rougir, troublée par sa présence calme et bienfaisante, son sourire tendre, et par ses yeux qui semblaient percevoir l’âme du monde. Mon regard se perdait dans le sien, comme si nous nous comprenions sans avoir besoin de parler, comme si nos souvenirs et nos esprits s’entremêlaient dans le silence de la nuit.

 J’écartai quelques mèches qui lui retombaient sur son front, prenant le temps d’effleurer sa peau. Enfin, il approcha son visage du mien et m’embrassa tendrement. Puis, il m’allongea délicatement sur le sable pour m’enlacer. Je me sentais si bien dans ses bras ! Sa présence me réconfortait et m’apaisait. Il me caressa longuement le visage et les cheveux, couvrant mes joues de baisers.

 Nous rentrâmes tard dans la nuit, après avoir longuement admiré les étoiles parfaitement visibles dans le ciel du désert. Kaya m’invita à dormir avec elle dans sa chambre. Nous discutâmes un peu de ce qui venait de se produire. Elle semblait ravie pour moi, mais ne me posa pas trop de questions, me laissant à mes tendres pensées. Je la remerciai intérieurement de sa prévenance, puis, m’endormis auprès d’elle.

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