Chapitre 32 : le départ

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 Avorian et moi retournâmes à notre chambre. J’avançais prudemment, tenant fermement la Pierre dans mes mains, comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable. Avorian l’emmaillota dans un tissu et la déposa soigneusement dans son sac de voyage.

 Je passai la journée en compagnie de Kaya et des jumeaux, pendant qu’Avorian s’entretenait avec Andromède. Je décidai d’avouer toute la vérité sur mes origines aux garçons, car je n’avais pas envie de gâcher notre si belle amitié ; je me devais d’être honnête avec eux. Au vu de mes pouvoirs de guérison, Kaya et Isaac me confièrent qu’ils suspectaient dès le départ mes origines.

 Le départ approchait, et je n’avais pas envie de quitter ce havre de paix. Cet amour naissant entre Isaac et moi avait à peine commencé qu’il allait déjà se terminer. De plus, hormis au village des fées, c’était la première fois que je passais du bon temps sur Orfianne. Les épreuves s’enchaînaient depuis mon arrivée sur cette planète, et je n’avais pas eu le temps de concevoir que je vivais désormais dans un autre monde, découvrant des paysages et des peuples aussi magiques que mystérieux.

 Le jour du départ, Kaya m’offrit une tenue plus adaptée aux voyages dans le désert. C’était une sorte de tunique vermeille qui descendait jusqu’aux genoux du pantalon souple et léger, avec un foulard pour se protéger la tête. À mon grand soulagement, Andromède accepta que Kaya nous accompagne. Les jumeaux avaient insistés à leur tour pour venir avec nous, prétextant que Kaya aurait besoin de gardes du corps lorsqu’elle reviendrait au village. Le chef trouva la remarque judicieuse, et pour mon plus grand plaisir, mes trois amis voyageraient avec nous. Je n’arrêtais pas de repenser au baiser, à cette soirée passée dans les bras d’Isaac, ainsi qu’aux bons moments vécus avec Kaya. Je voulais rester encore ici, dans cette oasis paradisiaque, mais Avorian décidait toujours de la suite des évènements, et je n’étais pas de taille à lui dire « non ».

 Après avoir mangé et remercié mille fois les Komacs de leur hospitalité, nous parcourûmes le long tunnel pour remonter dans le désert et poursuivre notre route. Isaac me tenait la main gauche tandis que Kaya serrait celle d’Avorian. Ishaam marchait devant nous, aux côtés d’Andromède. Nous gardions le silence.

Une fois arrivée à la sortie, le chef de la tribu nous annonça une bonne nouvelle :

– Nous avons un cadeau pour vous.

Au loin, dans les dunes de sable, nous découvrîmes avec émerveillement un troupeau d’animaux menés par un Komac.

– Est-ce que c’est ça les embanores, ces animaux dont vous m’aviez parlé lorsqu’on avait trouvé un de leur squelette ? m’adressai-je à Avorian.

– Oui, et nous allons avoir la chance de les monter ! Le voyage sera moins pénible, se réjouit Avorian.

 Quelle beauté, quelle grâce émanaient de ces animaux ! On aurait dit un croisement entre une antilope, un cheval et un élan, bien que leurs cornes striées et torsadées fassent davantage penser à celles des antilopes Pallas. Leur cou élancé, semblable à celui d’un destrier, se parait d’une crinière beige qui descendait jusqu’en haut des pattes avant, aussi longues et fines que celles des gazelles. Leur robe couleur auburn luisait sous le soleil. J’observais leur queue beige toujours en mouvement, s’amusant à faire des va-et-vient sur le sable.

 Malgré leur robustesse, les embanores ne semblaient pas agressifs ; ils avançaient d’un pas tranquille vers nous, comme si notre présence ne les gênait pas. Arrivés à notre hauteur, deux Komacs chargèrent l’une des montures de provisions et de sacs remplis d’eau.

– Nous vous prêtons ces quatre embanores. Ils sont apprivoisés et détiennent une endurance exceptionnelle. Prenez soin d’eux comme ils prendront soin de vous, nous recommanda Andromède. Ce désert est leur maison : ils vous mèneront d’oasis en oasis, suivant vos indications. Kaya se chargera de vous mener à l’Est, vers la forêt de Lillubia.

– Mon très cher Andromède, je ne sais pas ce que nous aurions fait sans ton aide ! Merci infiniment ! s’émerveilla Avorian.

– Merci de nous confier vos précieux embanores, et merci pour les provisions.

– Nous avons garnis les sacs de gâteaux aux céréales, de graines et de fruits secs, nous informa une femme Komac à la robe beige. Les deux baluchons contiennent de l’eau, il suffit d’abaisser le petit robinet ici pour se servir et remplir vos gourdes.

 Nous la remerciâmes en cœur.

– Je vous souhaite un bon voyage, reprit le chef. Puisse notre Pierre de Vie vous porter chance et vous protéger. Ma chère fille vous fait l’honneur d’être votre guide. Soyez assurés qu’avec elle, vous ne risquez rien. Elle et les jumeaux connaissent les moindres recoins de Gothémia.

– Merci mon brave Andromède. Nous avons passé un moment extraordinaire à vos côtés, répondit Avorian en serrant chaleureusement les mains du chef. Merci de nous confier Kaya.

– Merci, merci mille fois ! louai-je. Vous nous avez si bien accueillis ! Et toutes ces provisions pour nous… c’est tellement précieux !

– Vous serez toujours les bienvenus chez les Komacs ! clama Andromède les larmes aux yeux.

 Avorian l’enserra dans ses bras.

– Comment vous remercier pour votre hospitalité et votre générosité ? insistai-je.

– En revenant nous voir… vivants, et en pleine santé cette fois ! plaisanta le chef de la tribu.

 Sur ces mots, qui nous fîmes sourire malgré nos larmes, Andromède nous salua respectueusement. Nous lui présentâmes de nouveau nos hommages. Nos gourdes étant pleines, nous étions désormais prêts à reprendre la traversée du désert. Comme il m’était difficile de quitter ce paisible village ainsi que ses occupants, si chaleureux, généreux et attachants !

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