Chapitre 34 : un air de vacances…

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 Le lendemain, après un frugal petit-déjeuner, nous reprîmes la route. Nos embanores s’élancèrent fièrement au milieu du désert, entraînant derrière eux un nuage de poussière. En début d’après-midi, nous atteignîmes enfin la fameuse oasis promise par Kaya. Nous nous octroyâmes une longue pause au bord de l’eau. Ce petit coin de paradis offrait de nombreux arbres fruitiers, de quoi faire le plein de provisions et s’accorder un véritable festin. Nous en profitâmes également pour remplir nos gourdes et nous baigner.

 Avec le flacon d’huile que Kaya m’avait donné, je m’enduis le corps afin de protéger ma peau des cuisants rayons du soleil. Évidemment, Isaac en profita pour me masser le dos et les épaules. Pour une fois, j’avais réellement l’impression d’être en vacances avec des amis. Même Avorian se montrait détendu, souriant, et bien plus loquace qu’habituellement. La présence des Komacs égayait notre voyage.

 Nous décidâmes de passer la nuit ici. Nous avions enfin la possibilité de faire un vrai feu, avec du bois, mais toutefois allumé grâce à la magie. Nos embanores s’abreuvaient pendant que nous mangions les fruits fraichement cueillis.

– Kiarah, je me demandais, au fond de toi, te sens-tu plutôt Terrienne ou Orfiannaise ? me demanda Isaac.

 Tout le monde me regarda attentivement, comme si ma réponse allait changer l’histoire d’Orfianne.

– Eh bien, j’avoue que ces derniers jours, je ne sais plus trop où j’en suis justement. J’aime découvrir Orfianne. C’est une planète magnifique malgré les épreuves que nous avons endurées. Mais j’ai encore l’impression d’être une Terrienne qui découvre un nouveau monde. Même si je m’accoutume vite à ce style de vie, j’ai grandi sur Terre, et je suis marquée par le monde des humains.

– Tu es vraiment courageuse. Je t’admire. Ce que tu arrives à faire, j’en serais sans doute incapable, me complimenta Isaac en m’enlaçant.

 Je déposai un doux baiser sur ses lèvres en guise de réponse. Ishaam et Kaya se levèrent pour s’occuper des embanores – soi-disant. J’en conclus qu’ils avaient besoin d’un peu d’intimité. Isaac, quant à lui, se dévoua pour installer le campement. Avorian et moi nous dévisageâmes un instant, comme si une longue conversation s’échangeait par le biais de nos regards. Nous pouvions en effet nous comprendre sans avoir recours aux mots. Mais je pris toutefois la parole.

– Au fait Avorian, avec Kaya nous avons remarqué que les constellations portaient le même nom ici que sur Terre. En observant les étoiles dans le désert, j’ai eu l’impression de retrouver un ciel Terrien. Il me semble qu’à mon arrivée sur cette planète vous m’aviez dit qu’Orfianne se situait au même emplacement que la Terre dans l’Univers, mais sur un plan différent. Comment est-ce possible ?

– Les planètes sont en effet jumelles, mais ne vibrent pas à la même fréquence. Elles se trouvent donc sur deux mondes bien distincts.

– Un monde parallèle quoi, résumai-je. C’est donc pour cette raison que les paroles et pensées des humains se matérialisent ici et influent sur les énergies d’Orfianne.

– Exactement.

– Mais alors, la Terre et Orfianne ne sont-elles pas en réalité une seule et même planète ?

– Non, et elles n’ont pas les mêmes dimensions d’ailleurs : Orfianne est plus grosse que la Terre. Nous sommes effectivement au même endroit dans le système solaire, mais sur deux plans complètement différents. D’où l’absence de la Lune ici, mais la présence de la planète-satellite Héliaka.

– Dans ce cas, est-ce qu’Orfianne a également une influence sur la Terre ?

– Oui, mais beaucoup moins ces derniers siècles car les Orfiannais ont évolué plus vite que les être humains. Et par respect des Lois de l’Univers, nous devons désormais laisser les Terriens cheminer à leur vitesse. Ils doivent apprendre par eux-mêmes de leurs erreurs, même si cela les conduits à un destin tragique… et que leur planète est en péril.

– Cela ne doit pas être facile pour vous d’observer leurs actions en silence sans pouvoir intervenir, alors que cela perturbe aussi votre monde.

– C’est le cas en effet. Mais tout comme les parents laissent leurs enfants expérimenter les lois de la Vie, nous faisons de même pour les Terriens, par respect pour leur évolution.

– Je comprends. Je crois en la puissance de l’humanité, j’ai foi en elle. Les humains sont tout à fait capables de réagir et de se réveiller. Même si cela leur prend du temps.

– C’est une bonne chose, tu as raison de croire en eux. C’est d’ailleurs ce qui leur manque là-bas, la foi. Quel dommage ! L’Univers est magnifique... tellement magique ! Tout a un sens, et chaque existence est précieuse parce qu’elle apporte sa petite pierre si unique à l’édifice. C’est extraordinaire, s’émerveilla Avorian.

Si les scientifiques Terriens apprenaient que deux mondes se côtoient dans l’Univers et interfèrent l’un avec l’autre, je me demande comment ils réagiraient, me dis-je.

– Avorian, je vous demande pardon.

– Que… quoi ?

– Oui, je vous demande pardon, répétai-je. Lorsque je suis arrivée dans ce monde, je n’ai pensé qu’à moi, à ce que je vivais. Parce que Sèvenoir a essayé de me tuer et que tout était nouveau pour moi, et j’en ai oublié le plus important. J’étais centrée sur moi alors que pendant tout ce temps vous faisiez de votre mieux pour m’aider. Je me suis comportée en égoïste, alors que je déteste ça. Sincèrement, je vous demande pardon. Pardon de ne pas avoir été assez à l’écoute, et de ne pas avoir pris en compte votre souffrance.

– Oh, ma chère Kiarah !

 Avorian avait les larmes aux yeux. Il me serra dans ses bras. Kaya et Ishaam s’étaient rapprochés de nous, mais nous voyant ainsi, ils firent demi-tour et s’offrirent une baignade nocturne. Isaac les rejoignit. Je constatai une fois de plus combien les Komacs se montraient prévenants et bienveillants.

– Tu as une si belle âme ! Tu n’as pas à t’excuser. Moi non plus je n’ai pas toujours été à ton écoute, et j’ai tellement manqué de délicatesse à ton égard ! Entre la potion, tout ce que je t’ai caché… Au contraire, c’est à toi de m’en vouloir, et à moi de te présenter mes excuses. Tu penses toujours aux autres avant toi et tu as été si valeureuse malgré tout ce que tu as subi depuis ton arrivée sur Orfianne. Je te suis reconnaissant d’être si compréhensive. Tu aimes les gens que tu rencontres profondément, sans les juger, sans te penser supérieure à eux, sans chercher un retour. Tu es sage Kiarah, tu mérites d’être heureuse.

– Merci…

 Avorian et moi décidâmes de rejoindre les autres dans l’eau. Et nous entamâmes alors une bataille d’eau mémorable sous la lueur des étoiles. Après s’être séchés auprès du feu, je m’endormis dans les bras d’Isaac. Depuis cette nouvelle habitude, je me sentais en sécurité ; mon sommeil s’en trouvait apaisé et dénué de cauchemars.

Merci, mon tendre Isaac.

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