Chapitre 50 : Deux rencontres.

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 Je me retrouvais à présent seule, dans le noir complet, et quelque chose me soulevait dans les airs, tel un fil invisible. Cette sensation s’arrêta d’un coup sec, ce qui me fit retomber brutalement au sol et me donna mal au ventre. Je ne voyais absolument rien. Mais soudain, tout près de moi, j’aperçus les deux globes d’un rouge flamboyant sortir de l’ombre. Prise de panique, je voulais de la lumière. Mais pour voir quoi ?

 Comme si je l’avais ordonné, une lumière turquoise phosphorescente jaillit de ma main gauche pour ensuite former une boule au creux de ma paume. Je tressaillis, totalement effrayée, mais je réalisai qu’il s’agissait de l’un de mes pouvoirs.

 Je perçus la chose à présent. Elle n’avait pas vraiment de visage, hormis ce nuage de ténèbres. Ni de corps, seulement d’étranges capes noires immatérielles qui ondulaient autour d’elle. Une étrange aura violette dessinait le contour de la créature. Elle n’était pas grande, à peu près de ma taille, mais néanmoins terrifiante.

 L’Ombre me regardait sans bouger. J’étais pétrifiée, incapable de parler ou bien même de réfléchir à une solution pour m’en sortir. En effet, ce monstre me semblait plus abominable que Sèvenoir, peut-être même plus effrayant que la vision du Modrack, et manifestement plus dangereux que les Métharcasaps. Ils paraissaient quant à eux tout à fait charmants comparés à cette masse immatérielle. Je me trouvais devant le néant lui-même, le vide, l’inconcevable en personne. Une véritable abjection.

 Ce corps évanescent s’apprêtait à avancer vers moi, mais il se détourna pour regarder derrière lui, puis observa longtemps quelque chose qui venait d’arriver un peu plus loin. Avorian ?

 L’autre chose en question approchait lentement. Et la faible lueur posée dans ma main me permit de distinguer le mystérieux visiteur : une stature imposante, emmitouflée dans une large houppelande noire surmontée d’un capuchon noyant son visage.

 Sèvenoir.

 Mes deux ennemis, ensembles ? Étaient-ils alliés ? Je ne comprenais plus rien. Qu’est-ce que Sèvenoir pouvait-il bien faire ici ? Ce dernier contourna l’Ombre qui lui céda le passage. Ils devaient donc être associés, ou du moins en bons termes.

 Mais Sèvenoir s’approcha et se plaça devant moi, face à la créature, les bras grands ouverts et tendus sur les côtés, comme pour me protéger. Dans ce cas, pourquoi l’Ombre n’intervenait-elle pas ?

– Sèvenoir… cela fait bien longtemps que tu ne t’es pas montré, lui dit l’Ombre. Des années de silences, et te voilà, pour elle…

– Laisse-la, l’arrêta Sèvenoir calmement.

 Il paraissait sûr de lui. Sa voix était posée, mais ferme. L’Ombre lâcha un rire cruel et glacial. Je tressaillis. Sa voix grave résonnait de partout.

– Laisse-la, répéta simplement l’homme masqué, dédaignant cette moquerie. Elle est à moi.

– À toi ? imita la créature d’une voix méprisante.

– En effet, cette petite m’appartient, confirma-t-il.

– Mais comment le pourrait-elle ? Tu ne sais même pas ce qu’elle peut représenter…, provoqua l’Ombre.

– Je la connais mieux que toi, se défendit-il.

– Comment peux-tu prétendre connaître quelqu’un puisque tu ne connais même plus ton propre visage…, répliqua l’ombre.

Sèvenoir ne répondit rien. L’Ombre marquait un point.

– Et que veux-tu faire d’elle, ensuite ? T’en servir ? La tuer ? Ou bien… l’épouser peut-être ? reprit l’Ombre.

 Son aura violette se mit à onduler. Sa masse immatérielle s’affinait, prenant la forme d’une silhouette féminine, toujours sombre, mais avec les contours d’un pantalon ample, tout comme le mien, et une longue chevelure évanescente, l’ensemble délimité par son halo violacée. Seuls ses étranges yeux pourpres restaient inchangés.

– Arrête ça ! lança Sèvenoir à l’adresse de l’Ombre.

– Que… qu’est-ce que…, balbutiai-je, complètement abasourdie.

– L’Ombre s’amuse à prendre ta forme pour nous déstabiliser, me répondit Sèvenoir en tournant la tête vers moi.

 Et en effet, même si ce n’était qu’un amas ténébreux, impalpable, je reconnus l’imitation de mes vêtements et de mon gabarit.

– Je peux me métamorphoser et prendre la forme de n’importe qui… Après tout, je suis une ombre…, susurra l’étrange créature.

– Oui, c’est bien ça, tu n’es qu’une ombre… l’ombre des autres, mais tu es incapable d’être toi-même ! l’injuria Sèvenoir.

 La créature s’esclaffa de nouveau. Cette scène avait décidément l’air de lui plaire. Et c’était sans doute pour cette raison que l’Ombre laissait Sèvenoir faire : elle voulait tout simplement nous observer pour se divertir, ce qui témoignait de sa cruauté inégalable.

– Et toi Kiarah, connais-tu ta propre identité ? Pourrais-tu même certifier ton existence ? me demanda l’Ombre.

Décidément, pensai-je, lui aussi connaît mon prénom

– Non, c’est vrai que je ne connais pas mes parents biologiques, mais je n’ai besoin de personne pour savoir qui je suis ! ripostai-je en essayant de garder mon sang-froid. Et je me fiche complètement de savoir si je suis bien réelle ou non, vous pourriez d’ailleurs vous poser cette même question.

– Tu as parfaitement raison. Peu importe d’où tu viens. Toi seule peux savoir qui tu es, approuva l’Ombre.

 Je fus à mon tour stupéfaite par sa réponse.

– Sèvenoir, tu aurais grand besoin d’une leçon de politesse, reprit l’Ombre. Quel affront d’oser s’opposer ainsi à moi !

 Malgré les menaces, Sèvenoir s’interposait toujours entre l’Ombre et moi, son épée à présent dégainée.

– Je te défends de la toucher ! intima-t-il à travers son masque.

– Hum… comme c’est touchant. Pauvre fou ! Voudrais-tu goûter à ma puissance ? La vie te semble si difficile… surtout ces derniers temps, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, cesse de la protéger pitoyablement, c’est déplorable. J’en aurais presque pitié, si l’on m’avait doté de la moindre sensibilité. Ôte-toi de mon chemin immédiatement, ou sinon, je te tuerais de la manière la plus atroce qu’il soit.

  Mais Sèvenoir resta immobile, résigné à défier l’Ombre. Et je ne pouvais que l’en remercier.

– Je ne crois pas qu’il veuille réellement me protéger, intervins-je pour essayer de gagner du temps, et peut-être ainsi sauver Sèvenoir.

 Anxieuse, je me demandais pourquoi mes amis n’arrivaient toujours pas. Ils avaient certainement dû être attaqués, eux aussi.

– Qu’est-ce qui te fait dire ça, jeune fille ? m’interrogea l’Ombre presque gentiment.

– À vrai dire, Sèvenoir a réussi à me blesser deux fois. Alors je ne vois pas pourquoi il se met maintenant au travers de votre route, expliquai-je en faisant exprès d’omettre la présence de mon sauveur de fortune.

 J'’espèrerais, en usant ainsi de la parole, retarder le moment fatidique. Et puisque Sèvenoir avait décidé de me sauver, alors moi aussi je devais l’aider.

– En effet, c’est une bonne réflexion. Mais dans ce cas, ma chère Kiarah, explique-moi pourquoi Sèvenoir se tient là, devant toi, épée dégainée, à essayer vainement de te protéger…

  L’Ombre me parlait d’une voix étonnamment douce. À nouveau, elle se transforma. Cette fois, son pourtour mauve s’élargit. De longues capes se dessinèrent, avec un large capuchon au niveau de la tête. Une parfaite réplique de Sèvenoir, mais sans le masque : à la place, toujours les deux lueurs écarlates.

L’Ombre cherche à m’embrouiller. Je vais faire de même… ainsi, peut-être Sèvenoir pourra-t-il s’échapper. C’était sans doute assez contrariant pour lui de constater que sa protégée s’en sortait très bien toute seule. En outre, je me rendis compte que je songeais à aider Sèvenoir au lieu de m’enfuir. Pourquoi cette affection si subite envers lui ? Peut-être parce qu’il m’avait sauvé la vie lorsque je me trouvais aux portes de la mort, au beau milieu des étoiles.

– Je n’en sais rien, avouai-je, perdue dans la contemplation de ma petite boule turquoise.

 Comme il était troublant de parler ainsi de Sèvenoir, alors qu’il se tenait à quelques centimètres de moi ! Imperturbable, il demeurait silencieux. Au moins, je savais qu’il ne voulait pas me tuer, il venait encore une fois de me le prouver.

– C’est bien ce que je disais… tu n’as donc rien compris à son sujet, ma pauvre enfant. Moi, je ne pense pas qu’il désire ta mort, la preuve, tu es encore là.

 L’Ombre quitta son déguisement pour retrouver sa masse incorporelle. Sèvenoir nous ignorait. Il se contentait de rester planté devant moi. En un sens, il avait gagné : l’Ombre ne parvenait toujours pas à me capturer. Mais que cherchait-il ? Son comportement m’intriguait. La vérité devenait encore plus effrayante ainsi voilée. En y réfléchissant, j’étais incapable de détester Sèvenoir, malgré ce qu’il m’avait fait subir. Il m’avait aussi tellement aidée. Sans lui, mon âme se serait égarée au beau milieu du cosmos. Au fond de moi, je savais bien que derrière ce masque, cette apparence ténébreuse, cette voix dure et glaciale, se cachait un cœur blessé. Il restait encore quelque chose de bon en lui, je l’avais ressenti dès notre première rencontre. En définitive, Sèvenoir me semblait plutôt malheureux et perdu, voire même brisé. Mais par qui, et pourquoi ?

– Je n’arriverais jamais à comprendre comment tu arrives à faire… ça, dit finalement Sèvenoir à mon intention, en tournant la tête vers moi.

– Ça quoi ? répétai-je.

 L’Ombre s’amusait de la scène.

– Cette façon que tu as d’apaiser naturellement les choses, et ce, toujours au péril de ta vie ! Comme si tu n’avais pas conscience du danger dans lequel tu te trouvais, poursuivit Sèvenoir. Tu arrives à charmer tes ennemis au seul son de ta voix ! En même temps, tu as une voix si pure, un timbre si beau… J’ai tellement aimé t’entendre chanter ce kyrie dans l’église…

 Je me mis à rougir malgré cette situation oppressante, perdue au beau milieu d’une forêt obscure. Du moins, je sentis mes joues se réchauffer. Ce compliment me bouleversa. Sans me départir, voulant me donner une contenance, je répliquai :

– Je vois que vous m’admirez, Sèvenoir. Mais j’ai une question à vous poser : dans le désert de Gothémia, Avorian et moi avons vécu plusieurs attaques, dont des Glemsics acharnés. Je me suis toujours demandée, est-ce vous qui les avez ensorcelés pour nous tuer ?

– Non, ce n’est pas moi. Je n’ai jamais voulu te tuer, combien de fois va-t-il falloir que je te le répète ?

 Sèvenoir se retourna brusquement vers moi en prononçant ces mots d’un ton agacé. L’Ombre en profita pour glisser vers nous, sa masse ténébreuse se trouvait à présent à quelques centimètres de l’homme masqué.

– Pardon d’interrompre votre charmante conversation, mais c’est moi qui suis l’auteur de ces méfaits… dans le désert, comme sur vos terres que vous avez reverdies. Je suis au courant de tout.

 Cette magie mystérieuse et invisible qui avait assailli Avorian… c’était donc l’Ombre.

– Je vous observais depuis un long moment déjà, poursuivit cette dernière, et c’est grâce à cela que j’ai pu entrevoir ton immense pouvoir, Kiarah. J’ai constaté combien tes dons pouvaient m’être utiles, et je me suis servi des Métharcasaps pour pouvoir t’approcher. Mais cette bande d’incapable n’a pas suivi mes ordres ! Voilà que je suis obligé d’intervenir !

 Je tressaillis en entendant ces mots, choquée d’apprendre la vérité. À présent, je connaissais enfin mon réel adversaire. Avorian avait failli mourir par deux fois, à cause de cette Ombre !

– Quelle drôle de créature es-tu, Kiarah ? ajouta la créature aux yeux vermeils. Comment se fait-il qu’on ne puisse pas lire dans tes pensées ? Mes Métharcasaps n’ont pas réussi à te localiser. Pourtant, j’avais bien senti ta présence dans la forêt de Lillubia. Les Orfiannais n’ont pas ce type de pouvoir. Mais les Terriens, oui. Tu es restée si longtemps sur Terre que tu as acquis certaines de leurs capacités… c’est incroyable ! Et c’est bien ce qui te rends si précieuse…

 Sèvenoir se tourna un instant vers moi, comme si cette révélation le surprenait lui aussi, puis se remit face à la sombre créature, la menaçant de son épée.

– Tu sais bien que même cette lame magique ne pourra me blesser, Sèvenoir. J’aurais été heureux de t’accueillir et de parachever ta formation. Tu aurais pu être un excellent disciple, si tu ne t’étais pas échappé… mais je vois que tu es sans espoir dans ce domaine. Cependant, je te propose un marché. Prends ça comme une chance et saisis-la. Je vais avoir besoin de ta force… et surtout, de ton esprit persuasif pour cette charmante petite effrontée...

 Ses paroles me troublèrent. Sèvenoir avait donc un lien avec cette créature.

– Un marché ? Toi ? C’est une plaisanterie ! Je te connais assez pour savoir que tu me trahiras. Jamais je ne pactiserai avec toi, je crois que j’ai pourtant été assez clair, non ? répondit le désigné.

– Écoute, ton pouvoir m’intéresse, je suis capable de créer une alliance temporaire lorsque cela s’avère nécessaire. C’est ce que j’ai fait avec les Métharcasaps. Je te laisse en vie si tu exécutes mes services, qui ne seront pas éternels, cela devrait te convenir… Dans le cas contraire, je te tue.

– Oh non, après ce « service », tu m’assassineras, comme tous les autres, car c’est ta seule monnaie d’échange. Tu ne sais pas récompenser, ni ressentir une pointe de reconnaissance envers l’aide apportée, tu n’as pas de sentiments ni d’émotions, ne l’oublie pas. Tu n’es qu’une ombre sans vie et sans cœur ! Tu ne comprends pas les êtres vivants, alors tu les détruis. Ils reflètent ce qui te manque, donc tu ne les tolères pas. Et que fais-tu de Kiarah dans tout ça, après l’avoir « domptée » ?

– Mais je la garde avec moi ! Elle sera mon nouveau disciple ! Quel dommage que tu n’acceptes pas mon marché… Sache que la vie de cette petite vaut bien plus que tout le reste. Et heureusement pour toi, tu as un rôle important à jouer. J’ai encore besoin de ton pouvoir, je ne peux pas me leurrer. Mais ensuite, ne t’avise pas de croiser mon chemin. Maintenant écarte-toi Sèvenoir, ordonna l’Ombre. Elle m’appartient désormais, que tu le veuilles ou non. Adieu, je la prends…, avertit l’Ombre.

– Non. Kiarah reste avec moi.

 Sa voix se fit plus faible, comme s’il pressentait la sentence.

 Moi je restais là, au sol, pétrifiée, tenant toujours ma petite sphère turquoise dans mes mains, la seule lumière dans ce monde de ténèbres. Quelques larmes d’impuissance coulèrent sur mes joues. Devais-je à mon tour le défendre ? Sèvenoir lança quatre sphères rouges, mais l’Ombre les absorba toutes dans sa masse translucide, comme si elles la nourrissaient, et cela ne l’importuna pas le moins du monde. La créature se mit à rire de plus belle. Je me décidai enfin à bouger pour tenter de sauver mon bienfaiteur… et ma peau, par la même occasion. Je me remis debout, fis disparaître ma lueur turquoise et lâchai mon rayon lumineux. L’Ombre répéta les mêmes gestes, mon pouvoir fut ingéré de la même manière, mais son corps immatériel sembla vaciller, comme malmené. Évidemment… la lumière restait bien-sûr le seul remède efficace contre l’ombre. Mais tout redevint sombre. Alors, ayant enfin compris comment cela fonctionnait, je rallumai ma lampe magique.

– Comme vous êtes attachants tous les deux… se défendre… ensemble, pour un seul et même but. Devoir vous séparer ainsi me fend le cœur, croyez-moi…, se contenta de dire l’Ombre.

 Elle pouvait bien se moquer, qu’importe !

– Sèvenoir a raison : vous n’avez pas de cœur…, affirmai-je.

 Puis, un tourbillon noir entouré d’un halo violet sortit horizontalement de son corps d’ombre. Sèvenoir fut projeté dans les airs à une vitesse fulgurante. Avec une telle puissance, il devait se retrouver à au moins un kilomètre, si jamais il survivait à cela… Malheureusement, c’était peu probable.

– Oh non ! Sèvenoir ! Sèvenoir ! pleurnichai-je.

 Je ne pensais pas un jour crier son nom de façon accablée.

– Voilà pourquoi il aurait dû négocier lorsqu’il en avait encore l’occasion. Mais il en a fait qu’à sa tête, comme toujours, il fallait bien qu’il paie le prix de son insolence.

– Non ! Avorian ! Swèèn ! Orialis ! hurlai-je désespérément.

– Inutile de déchirer ta petite voix… Il serait dommage de l’abîmer.

 Mais personne ne venait me sauver. Pourquoi ? Swèèn pouvait savoir où je me trouvais à tout moment, que faisaient-ils ? L’Ombre prenait sans doute ses précautions. Les yeux rouges s’avancèrent vers moi. Son tourbillon de ténèbres me touchait presque.

– Ta résistance s’avèrera inutile, dit l’Ombre calmement. Laisse-toi faire et tout ira bien.

 L’une de ses capes noires immatérielles s’enroula autour de moi, et ma petite boule lumineuse s’éteignit, le contour sombre des arbres s’effaça. Je voulais me débattre mais je ne pouvais pas. Sa présence terrible et angoissante m’en empêchait, me pétrifiait d’effroi.

 J’avais échoué.

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