Chapitre 58 : sabotage.

5 minutes de lecture

  Notre guide ouvrit la porte…

 Orialis poussa un : « Ouah » ! Elle s’approcha de la table en marbre blanc où était posé le récipient en pierre, scrutant les nuages gris à l’intérieur. Elle resta figée, fascinée par les petits éclairs violets qui venaient troubler le tourbillon de brume.

– Ne te penche pas trop, Orialis. On ne sait jamais ! lui prévins-je tout en observant l’immense cône aux carrés clignotants, disposé juste derrière la table.

– C’est étrange comme système, dit-elle enfin en relevant la tête. Tu crois qu’on va réussir à neutraliser cette chose ?

– Je l’espère. Je n’en reviens toujours pas que l’Ombre m’ait montré cet endroit, à croire qu’elle cherchait à ce que je m’enfuie !

 « L’ombre possède un tel égo qu’elle pense son royaume impénétrable. Et elle conçoit encore moins que l’on puisse la trahir ou s’enfuir de l’intérieur, » m’expliqua le Métharcasap.

– C’est incroyable ! Je n’avais jamais visité un tel endroit ! fit Orialis à la manière d’un touriste.

 À la fois admirative et stupéfaite, elle observait les majestueuses colonnes en cette belle matière bleutée, avec ces étranges tuyaux enroulés autour.

 Arianna en profita pour rompre son sort d’invisibilité. Elle battit des ailes à travers la salle, cherchant un moyen de désactiver les boucliers. Je lui indiquai le réceptacle magique en disant :

– C’est ça !

 Je regardai autour du mortier géant en espérant trouver un levier à abaisser ou quelque chose à appuyer… n’importe quoi en fait. Mais il n’y avait rien.

À quoi pensais-tu ? On n’est pas dans Star Wars ! me sermonnai-je, ce n’est pas aussi facile !

– L’Ombre se sert de la magie pour l’utiliser, déduisit Arianna qui voletait autour de nous.

– Comment va-t-on procéder alors ? se lamenta Orialis.

– On le détruit, proposai-je, presque certaine de cette intuition.

– Tu es sûre que ce n’est pas risqué ? s’enquit Orialis.

 Le Métharcasap avança vers nous et désigna de son doigt l’immense cône aux carrés clignotants. Il se mit à pianoter la surface comme s’il s’agissait d’un clavier d’ordinateur. Sous la pression de ses doigts, les carrés se teintaient d’un rouge lumineux.

– Qu’est-ce qu’il fait ? interrogea Orialis.

– Aucune idée.

– Il est en train de reprogrammer l’un des systèmes de défense, intervint Arianna. Mais il va effectivement falloir détruire cette étrange brume, car je crois que c’est cela qui alimente les boucliers.

– C’est donc une sorte de générateur, avançai-je.

– Exactement. L’Ombre dispose de plusieurs procédés très complexes. À la fois magiques et technologiques. C’est pour cela qu’elle imagine son royaume impénétrable. On s’y met tout de suite, Kiarah.

– J’espère que personne ne va nous surprendre…, m’inquiétai-je, peu confiante.

– Kiarah, on va donner tout ce qu’on a pour anéantir cette chose. Dès que tu commences à sentir la pierre céder, protège-toi de ton bouclier, fit Arianna, ignorant mes craintes. Orialis, place-toi le plus loin possible. Cache-toi derrière ce pilier au fond, là-bas, et ne bouge surtout pas. Nous commençons dès que notre ami aura fini.

 Orialis exécuta ses ordres. Alors que notre guide semblait arriver à ses fins, nous entendîmes du bruit derrière la porte.

– Oh non ! se plaignit Orialis.

– C’était trop beau pour être vrai..., confirmai-je.

 Notre gentil Métharcasap se redressa subitement et pivota pour nous faire face.

 « Ils arrivent, » nous souffla-t-il par télépathie. « J’ai presque terminé, il faut les retenir ». Puis il retourna à sa tâche avec attention tandis que la porte s’ouvrit brusquement. Trois Métharcasaps se dressaient devant nous, le regard menaçant. Arianna et moi nous postâmes spontanément devant eux, prêtes à attaquer. Nous lançâmes en chœur nos rayons lumineux. Nos adversaires ripostèrent avec une telle rapidité que nos attaques ne les atteignirent pas. Arianna parvint à en blesser un au bout de quelques minutes alors que j’essayais vainement de me défendre contre leurs rayons dorés sortant de leur corne.

De toute façon, je suis bien meilleure en défense qu’en attaque, raisonnai-je.

 Notre guide nous rejoignit. Il chargea ses congénères avec virulence.

 « Je les retiens, occupez-vous du récipient, » nous ordonna-t-il.

 J’hésitais à le laisser seul contre trois gardes, mais Arianna volait déjà vers la table en marbre et me fit signe de la rejoindre d’un air agacé.

– Ce n’est pas le moment de réfléchir, grogna-t-elle de sa petite voix de fée, fais-lui confiance et appliquons-nous à détruire le bouclier.

 Je me mis à lancer une salve de sphères à l’intérieur de la structure en pierre, rongée par la peur de perdre notre nouvel ami. Je ne pouvais même pas me retourner pour voir s’il s’en sortait. Orialis sortit de sa cachette pour le rejoindre et l’aider ; c’était plus fort qu’elle, et je la comprenais. Mais avait-elle des pouvoirs ? Je l’ignorais.

 Il fallait être rapides, déterminées pour que Swèèn et Avorian puissent se téléporter jusqu’à nous. Arianna m’accompagnait de son pouvoir multicolore. Les nuages qui flottaient dans le récipient en pierre s’affolaient, le socle vibrait, les éclairs devinrent de plus en plus nombreux. J’entendais des cris derrières mon dos, c’était horrible. Ne pouvais-je pas les aider ?

– Peux-tu continuer toute seule, Arianna ? suppliai-je, ne supportant plus ces hurlements de douleurs.

– Pas encore, désolée ! On y est presque.

 Je continuai alors à projeter de mes mains tout ce que je pouvais, à contre cœur. Mais ce système résistait encore à nos attaques acharnées. Puis, le vrombissement s’intensifia.

– Ça va bientôt exploser ! Forme ton bouclier Kiarah, vite !

 Mais je n’obéis pas à la fée et courus aider mes amis tandis qu’Arianna terminait notre mission. Je découvris, horrifiée, qu’Orialis et notre guide étaient gravement blessés, leurs adversaires également, heureusement. L’un des trois gardes s’écroula au sol, mort. Je confectionnai en un temps record un immense bouclier très résistant, englobant ainsi en plus du mien les corps d’Orialis et de notre Métharcasap.

 Le sol se mit à trembler, un son grave résonna dans la salle. J’avais envie de me boucher les oreilles tant il était puissant, mais non, il fallait gérer la stabilité de ma défense, car je n’avais jamais créé de si grand bouclier auparavant. Je priai pour qu’il ne cède pas. Nos deux adversaires commençaient à fuir, mais c’était trop tard. Je ne pus même pas vérifier si Arianna avait eu le temps de se protéger. Le réceptacle commença à se craqueler, les nuages se mirent à tournoyer à une vitesse affolante, sortant de leur contenant, et même les piliers bleus se fissuraient. J’entendis un dernier mot dans ma tête que je ne compris pas : « les tuyaux ». C’était la voix du Métharcasap. Mais je n’eus le temps de répondre ou de réfléchir.

 Tout explosa dans un bruit assourdissant, répandant pêle-mêle morceaux de pierres, rayons violets, le tout recouvert de volutes de fumée diaphanes. Malgré mon bouclier, nous fûmes projetés tous trois à plusieurs mètres. Mais fort heureusement, notre carapace translucide nous avait accompagnés dans notre saut périlleux et amortit ainsi notre chute. Sans elle, c’était la mort assurée.

 Je découvris avec soulagement qu’Arianna ne risquait rien dans sa sphère lumineuse.

 Les deux gardes n’avaient pas survécu à l’explosion. Leur sang bleu ruisselait sur le sol en pierre.

 Nous étions retombés à l’autre bout de la salle, rebondissant contre mon bouclier. Je m’évanouis malgré tout à cause de cette belle chute. Mais nous avions réussi. Avorian et Swèèn allaient pouvoir venir, maintenant.

Annotations

Vous aimez lire Ayunna ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0