Chapitre 65 : un lien secret.

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 Je ne voulais pas alerter les autres. Non. Je voulais garder cela pour moi. Je tremblais de la tête aux pieds. Mes compagnons de route ne s’en étonnaient pas puisqu’ils me savaient en état de choc. Et cela m’arrangeait bien.

 Je me sentis submergée par une vague d’émotions contradictoires.

 Je m’essayai à la télépathie. Après tout, j’avais moi aussi cette faculté. « Vous… vous avez survécu ? ». « Oui… il est hors de question que je meure maintenant, alors que tu es enfin revenue sur Orfianne… » me souffla-t-il d’un timbre suave. « As-tu eu peur pour moi ? » poursuivit-il d’un ton rieur. « Oui… Je suis soulagée de vous savoir en vie… », lui avouai-je. « J’ai donc réussi… À bientôt j’espère, ma douce Kiarah ». Je sentis que le lien était rompu. Je ne révélai rien aux autres, baissant la tête et joignant mes mains pour prier l’âme du défunt. Personne ne se rendit compte de rien. C’était mon secret. Le seul que je pouvais avoir… Cette affection presque interdite pour Sèvenoir… l’homme qui m’avait emmenée sur Orfianne.

 Plus tard, nous allâmes nous asseoir à l’orée de la forêt pour nous désaltérer, et surtout, pour profiter de nos retrouvailles. La présence bienveillante d’Arianna, qui savait toujours quoi faire en toute circonstance, nous manquait déjà.

 Je n’arrêtai pas de penser à Sèvenoir, mais je ne voulais rien dire à ce sujet. Je racontai donc mes mésaventures, et m’étendis sur le fameux combat contre le terrible Métharcasap, afin de me libérer de ce poids. Eux aussi s’étonnèrent de mon « exploit », bien que c’était plutôt pour moi une tragédie. Avorian comprit comment nous avions trouvé si facilement la salle des boucliers : grâce à notre merveilleux guide Métharcasap. Je lui relatai également que l’Ombre était responsable des attaques subies dans le désert de Gothémia.

– Eh bien, ce que tu nous as montré tout à l’heure était absolument incroyable ! me félicita-t-il. Tu détiens une force incommensurable lorsque ton esprit est tourmenté, lorsque plus rien n’a d’importance.

– Moi je n’aime pas ça. J’ai l’impression d’avoir « basculé vers le côté obscure de la force », comme on dirait sur Terre.

– Rassure-toi, ce n’est pas du tout le cas ! me contra Avorian.

 Ce dernier me relata leur assaut contre l’Ombre : un combat aussi rude qu’éprouvant.

– Et dans la forêt, après mon enlèvement, des Métharcasaps ont capturé Orialis, mais vous deux, que vous est-il arrivés ? questionnai-je.

– Comme Orialis demeurait introuvable, nous nous sommes enfuis tous les deux, Avorian sur mon dos, raconta Swèèn, se levant pour mimer son histoire, tout heureux d’avoir retrouvé l’usage de sa patte avant. Je me suis envolé au-dessus de la forêt, les Métharcasaps étaient bien embêtés ! Ils n’ont pas de créatures volantes, eux. Finalement, le plus dur était de sortir de cette jungle indemnes !

– Comme nos poursuivants ont abandonné leurs recherches, compléta Avorian, on a essayé de vous retrouver, mais c’était de toute évidence trop tard. On a donc passé notre temps à chercher son repaire, or, personne ne sait où il se trouve. Plus tard, alors que nos recherches s’avéraient infructueuses, Arianna nous a contactés.

– En tout cas, je suis bien contente que vous soyez là. Vous m’avez tant manqué ! m’exclamai-je, ressentant intérieurement un vide affectif.

 Comme s’il percevait ce besoin de tendresse, Swèèn enroula ses pattes autour de moi, puis Avorian et Orialis se joignirent à nous, fabriquant ainsi une sorte de boule vivante, mélangeant bras et pattes.

 Après cette longue embrassade, j’exposai à mes compagnons les plans machiavéliques de l’Ombre : son projet d’envahir la Terre et de tuer les êtres humains pour sauver la planète Orfianne. Je leur parlai ensuite de ses révélations à propos de la véritable nature de ces derniers : des êtres hybrides, une race issus d’un mélange entre Guéliades et Terriens. Avorian et Swèèn ne semblaient pas surpris. Sans doute le savaient-ils déjà. En revanche, ce n’était visiblement pas le cas d’Orialis, qui paraissait quand à elle profondément choquée par cette information. Enfin, nous revînmes au sujet sensible : le terrible dessein de l’Ombre.

– Mais puisque l’Ombre prétend qu’elle a besoin de toi et de Sèvenoir, de votre force, et qu’elle ne vous a plus ni l’un ni l’autre, elle ne pourra donc pas mettre ses plans à exécution, me réconforta Orialis, qui avait remarquablement bien écouté mon récit.

 Cela dit, je ne me sentais pas pour autant rassurée. L’Ombre pouvait aisément trouver une autre alternative. Au vu de sa puissance, elle en était largement capable.

– Mais si l’Ombre parvient malgré tout à venir sur Terre ? insistai-je.

– Alors nous utiliserons le pouvoir des Pierres de Vie pour sauver les Terriens, me dit Avorian.

– Mais nous avons besoin de ce pouvoir pour nous, pour notre planète ! intervint Orialis. Et jusqu’à maintenant, personne n’a encore réussi à réunir le pouvoir des Pierres ; c’est bien pour cette raison que l’empereur Orion demande aux différentes dynasties de se rassembler au Royaume du Cristal avec leur Pierre respective : pour prendre une décision et tenter une énième union !

– C’est vrai, admit Avorian. Mais regarde, la reine des fées en personne nous apprend qu’il se trame quelque chose au Royaume du Cristal, l’endroit censé être le plus sûr au monde. Alors à qui nous fier désormais ? Les Pierres de Vie sont précieuses et très puissantes, elles peuvent sauver nos deux planètes, rassure-toi. Regarde : le pouvoir d’une seule a rompu la malédiction des terres des Enchanteurs ; la nature est en train de renaître !

– Peut-être, mais… Avorian, lors de la guerre, même les Enchanteurs ne sont pas parvenus à utiliser les Pierres. La tentative d’union a échoué… et c’est d’ailleurs ce qui a causé leur perte, souligna Orialis.

 Cette remarque affecta Avorian. Une lueur sombre traversa son regard. La Noyrocienne se montrait parfois si spontanée, voire un tantinet maladroite ! Elle ne se rendait pas compte de la portée de ses paroles, qui pouvaient blesser Avorian, telles des lames tranchantes pénétrant ses plaies encore béantes. Je pris affectueusement la main de mon ami pour l’apaiser.

– Mais Avorian et moi sommes des Enchanteurs…, rappelai-je à Orialis d’une voix douce.

– Allons, nous sommes tous épuisés, plaida notre gentil Swèèn. Chère Orialis, nous trouverons une solution pour jumeler les Pierres, car maintenant Kiarah est là. C’est la dernière Enchanteresse, et aussi la seule Orfiannaise capable de séjourner sur Terre. Elle a déjà accompli tant de miracles ! Ce qui s’est produit sur les terres des Enchanteurs en témoigne.

– Vous avez raison, gardons espoir. Les temps ont changé ! claironna Orialis, qui ne mesurait toujours pas la gravité de ses propos.

 Son but n’était pas d’offenser Avorian. Elle se montrait juste pragmatique.

 Un soleil rouge déclinait dans l’horizon. Son disque prenait de l’ampleur au fur et à mesure qu’il descendait dans le ciel orangé, tandis que la planète beige Héliaka stagnait un peu plus haut dans la voûte céleste. Les nuages se coloraient de leurs plus belles parures carmines. Bientôt, le firmament enluminé par ces teintes féériques laissa place au bleu sombre de la nuit. Le nimbe flamboyant du soleil disparut derrière les montagnes, laissant sur son sillage apparaître quelques étoiles. La nature tout entière semblait retenir son souffle en cet instant de grâce. Les astres lumineux foisonnèrent dans l’espace, brillants de mille feux, comme pour nous rappeler la douceur de la lumière, promesse d’un crépuscule splendide et enivrant, à l’instar du paysage qu’il surplombait. Je priai de nouveau pour notre allié, espérant que son âme soit apaisée, et qu’elle puisse elle aussi contempler ce paysage merveilleux.

 Avorian partit chercher des plantes comestibles ainsi que quelques baies dans les environs. Orialis proposa de faire un feu, j’allai alors ramasser du bois dans la forêt en compagnie du Limosien.

 Les flammes commençaient à crépiter, nous nous assîmes en cercle autour de l’âtre, mangions et parlions avec entrain. Après cette longue séparation, il était si bon de se retrouver. Il manquait juste la présence bienveillante d’Arianna pour parfaire ce moment sécurisant. Pour la première fois depuis bien longtemps, une atmosphère chaleureuse régnait. Cependant, une pointe d’amertume persistait en mon cœur à cause du décès de notre guide. De plus, l’Ombre n’allait sûrement pas abandonner si proche du but. Elle devait sans doute nous préparer un piège encore plus périlleux et plus clairvoyant que le précédent. Notre fuite constitue pour elle un véritable échec. Sa terrible vengeance s’abattra sur nous, songeai-je, pessimiste. Et surtout, elle prévoyait d’envahir le monde des humains, de les anéantir. En dépit de ces sombres présages, je pensais à Sèvenoir. Autrefois ennemi et maintenant… allié ? Je ne savais plus ce qu’il était pour moi. Pourquoi m’avait-il parlé dans ma tête ? Cela voulait-il signifier qu’il se trouvait tout proche de nous ? Que voulait-il ? Peut-être avait-il joué la comédie pour son propre profit. Il agissait de façon si imprévisible et paradoxale que je ne pouvais rien présumer à son propos, mais juste observer et constater. Pourtant, inexplicablement, je sentais quelque chose de bon en lui. Il ne se conduisait pas comme l’Ombre, qui elle, enténébrait le monde. En définitive, le masque de Sèvenoir dissimulait son cœur, sa sensibilité. Je l’avais perçu dès notre première rencontre. Et désormais, je savais qu’il ne voulait pas me tuer. Je me demandais bien quel rôle jouait-il dans cette histoire.

– Orialis ?

 Je tirai mon amie de ses songes. Orialis, visiblement absorbée dans la contemplation du crépitement des flammes, releva la tête et plongea son regard gris-jaune dans le mien.

– N’aurais-tu pas quelque chose à révéler à nos amis ?

– Oh… Pardonnez-moi. Je vous ai caché mon identité pour notre sécurité à tous, mais en réalité, je suis la princesse de la dynastie Noyrocienne, et détentrice du pouvoir de la Pierre.

– Ah, je m’en doutais… cela me semblait curieux d’envoyer au Royaume du Cristal et de confier cette si grande responsabilité à une personne qui n’a pas été choisie par la Pierre de son peuple, nous confia Avorian. Et puis, cette troublante ressemblance avec ta mère et ta grand-mère… Je ne suis pas dupe !

– C’est un honneur de voyager avec vous, majesté ! claironna Swèèn en riant.

 Le Limosien se leva un instant afin de mimer une courbette destinée à notre princesse, inclinant exagérément son museau de lion et pliant ses pattes avant. Orialis gloussa en allant le cajoler.

– Vous vous en doutiez ? Pas moi ! m’étonnai-je, me sentant soudainement mise à l’écart. Pourquoi ne pas me l’avoir dit ?

– Par respect pour notre chère Noyrocienne. J’attendais qu’elle se dévoile d’elle-même. La raison pour laquelle Orialis nous cachait son identité est tout à fait valable, m’expliqua Avorian.

 Légèrement vexée, je pris une nouvelle fois conscience de mon ignorance, et du fait que j’avais du mal à réaliser mes origines Orfiannaise.

 Une brise fraiche me fit frissonner. Je me levai pour chercher une couverture et m’emmitouflai dedans. C’est curieux, habituellement je ressens peu le froid. Je dois être vraiment très fatiguée. Heureusement que nous nous sommes lavées chez l’Ombre, songeai-je en incluant Orialis, je ne vois pas de cours d’eau ici. J’attrapai quelques baies et en recrachai leur noyau. Leur goût acidulé, juteux, me rafraîchit agréablement la bouche. Puis, je me pelotonnai contre Swèèn et entrepris de caresser doucement son pelage argenté. Je le surpris à ronronner de plaisir. Cette réaction me fit sourire jusqu’aux oreilles. Un puissant Limosien aux pouvoirs extraordinaires qui parle… et ronronne comme un chat !

– Je me demandai, comment l’Ombre est-elle apparue ? interrogeai-je.

– Comme tu as pu le voir, l’Ombre n’a rien d’un être vivant normal : pas d’organes, ni de sang ou de cœur. On ne sait d’où elle vient exactement, expliqua Avorian, tandis qu’Orialis se levait à son tour pour prendre de quoi se couvrir.

 Swèèn posa sa tête contre ses pattes avant et lâcha un soupir. La lueur des flammes ondulait dans ses grands yeux gris perle. Attendris, je déplaçai ma main pour lui gratter derrière l’oreille gauche. Il inclina son museau pour recevoir mon doux massage. Une fois couverte, Orialis vint se coller contre le flan droit du Limosien.

– Mais comment est-elle arrivée sur Orfianne ? Elle ne s’est quand même pas fabriquée toute seule ! remarqua la Noyrocienne.

– L’Ombre m’a confié qu’elle existe depuis l’aube des temps, et qu’elle n’est pas née des pensées des humains, contrairement à ce que je croyais, rapportai-je.

– Nous ne savons pas depuis combien de temps l’Ombre existe. D’ailleurs, comment parler d’âge puisque ce n’est pas réellement un être vivant comme on l’entend ? Ni féminine, ni masculine, ni vivante, ni morte. C’est pour cette raison que nous l’appelons « l’Ombre », et de ce fait, nous en parlons au féminin. Mais, bien sûr, « elle » n’est rien de tout cela, expliqua Avorian. C’est comme si toute la tristesse, la colère, la souffrance, l’horreur et la peur, s’étaient condensées en un noyau de ténèbres, à l’image des pensées négatives des humains. De cette forme vaporeuse s’est créée l’Ombre, créature maléfique qui représente tous les maux du monde.

– Je me demande pourquoi elle est persuadée qu’en exterminant les êtres humains, elle sauvera Orfianne, commentai-je.

– Voilà une excellente question, approuva Avorian. Tout simplement parce que ces deux mondes sont liés. Terriblement liés… si l’un va mal, l’autre souffrira alors aussi, mais pas de la même manière. Orfianne retranscrit le mal symboliquement. Sur la planète Terre, ces mauvaises énergies se traduisent par des catastrophes naturelles, un échec des sociétés, une morosité chez les gens, c’est-à-dire par des choses disons… plus rationnelles. Et dans notre monde, elles s’interprètent avec magie et puissance, puisque notre monde est fait ainsi.

– Il existe aussi des forces néfastes générées et renforcées par les mauvaises pensées des humains, enchaîna Swèèn. Elles donnent vie à d’étranges créatures, des êtres consolidés par la cristallisation de la souffrance des habitants de la Terre.

– Finalement, reprit Avorian, ces maux qui enténèbrent le monde ont la même origine. Alors l’Ombre pense qu’en détruisant les Terriens, et donc leurs pensées négatives avec eux, notre planète ira mieux. Mais c’est faux, bien évidemment. Ce n’est pas de cette façon que les choses s’arrangeront, au contraire ! Nous avons besoin des êtres humains, tout comme ils ont besoin de nous.

– L’Ombre n’a donc pas foi en l’humanité. Les deux planètes sont liées, tout comme des jumeaux le seraient, c’est ça ? demandai-je, presque certaine de la réponse.

– Oui, c’est exactement cela, il ne peut y avoir meilleure comparaison… Les deux planètes agissent comme des jumeaux. Orfianne est la jumelle éthérique de la Terre, elle n’est pas sur le même plan : elle vibre différemment. C’est pour cette raison qu’elle demeure introuvable par les satellites et autres technologies humaines, nous révéla Avorian. Le seul accès possible reste par le cœur… ou grâce à la magie. Mais cela, les humains ont encore du mal à le comprendre. Chaque planète possède son double quelque part dans l’univers, comme chaque molécule, chaque être vivant… Tout est dualité dans l’Univers. Les mathématiques nous le démontrent constamment, par la Loi des multiples. Il faut d’ailleurs être deux pour concevoir la vie, et c’est aussi valable pour l’ombre et la lumière... Elles semblent à première vue différentes, opposées, mais pourtant se complètent et forment en réalité une seule et même entité. L’univers entier a été conçu par deux polarités contraires. Les opposés s’attirent, ils sont indissociables dans la matrice. Même à l’intérieur de nous, nos énergies doivent cœxister dans un parfait équilibre pour nous sentir en paix. Le problème est que nous rejetons systématiquement notre ombre, voilà pourquoi nos pensées négatives circulent librement d’une planète à l’autre, sans être canalisées : parce qu’elles sont reniées et qu’on ne veut pas les accepter. C’est pourtant en les intégrant qu’elles peuvent se transformer et devenir bénéfiques.

– Je comprends, c’est comme le Yin et le Yang dans la culture asiatique chez les humains. L’un ne peut exister sans l’autre et inversement : ils sont complémentaires. Tout cela relève au final d’une question d’équilibre entre ces deux énergies, si la balance penche trop d’un côté, alors c’est le chaos. Elles doivent avoir le même poids, et conserver ce poids, avançai-je.

– Oui ! C’est exactement cela… tu as bien saisi la chose ma jolie Kiarah ! s’exclama Swèèn l’air enjoué, relevant son museau.

– La culture quoi ? Le Yin et le quoi ? Je ne connais pas ces termes Terriens moi, pourriez-vous parler un peu Orfiannais ? signala Orialis, la mine boudeuse.

 Je lui expliquai brièvement ce que je voulais dire par là. Orialis semblait boire mes mots, fascinée par cette planète Terre qui l’intriguait autant qu’elle lui faisait peur.

– Reposons-nous maintenant, suggéra Swèèn.

– Excellente idée ! acquiesça Orialis.

 Je m’allongeai sous un ciel presque noir. Seules quelques étoiles et Héliaka procuraient un peu de lumière. Je ne distinguais même plus les montagnes, il devait y avoir un peu de brume.

 Je m’endormis près du feu, blottie contre Swèèn.

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