Tentative de vol

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Jeudi 18 septembre 2025 – Paris La Défense – 11h54 (9h54 UTC)

Kévin était employé au service sécurité de la société qui, il y a trois ans, à La Défense, avait fait ériger la plus haute tour de France. Il avait été embauché dès l’inauguration du site et en connaissait donc bien l’architecture et la répartition des bureaux.

Ce matin-là, il avait fait rentrer Yoann, un de ses cousins qui fréquentait les milieux louches de la capitale.

A peine arrivé Yoann l’interrogeat :

  • Pourquoi tu as insisté pour me fait venir ici, j’ai pas qu’ça à foutre, j’ai de bons coups sur le feu.
  • Attends, tu ne vas pas regretter d’être venu. On a une super occase ! Je pense qu’aujourd’hui, on va se faire des couilles en or !
  • Ah oui, vas y déballe.
  • Tu as sans doute remarqué qu’il n’y a personne actuellement sur le site. En fait c’est pas tout à fait exact. Au dernier étage il y a tous les boss de la boite qui sont là. Ils étaient là quand tous les transports se sont arrêtés et comme la plus part venaient de loin et ne pouvaient plus repartir, ils ont décidé de rester là pour "garder la maîtrise de la situation", comme ils disent. En fait ils ne maîtrisent plus rien, mais ça leur fait plaisir d’y croire. Bref, ils sont au dernier étage mais tout le reste du bâtiment est vide.
    On va donc pouvoir faire tranquillement le tour des bureaux et ramasser tout ce qui a un peu de valeur. On ira d’abord voir à l’étage de la direction à l’avant dernier niveau. Les grosses huiles, ne peuvent plus y accéder, j’ai bloqué la salle du directoire et ils y sont coincés.
    De plus, j’ai débranché tous les systèmes vidéos et toutes les alarmes.
    Donc à nous l’Amérique. Il n’y plus qu’à ramasser.
  • Ouaho, bien joué. Alors là, j’ai bien fait de venir. C’est Noël à tous les étages.
  • Y a pas de doute, ce soir nous serons riches. Mais en attendant prends ces sacs.

Les deux hommes montèrent donc directement à l’étage de la direction. Et tout bien, tout honneur, ils commencèrent par le bureau du PDG.

  • Putain, j’y connais pas grand-chose en peinture, mais ce serait pas un Picasso cette p’tite croute ?
  • Si tu as raison, Bingo. Et regarde celui-là, je ne connais pas le gars qui a signé, mais c’est sans doute aussi un ponte de la gouache.
  • Mazette, t’as vu le bureau, un vrai truc de ministre. Passe moi le pied de biche, les tiroirs sont bouclés.
  • Attends je vais t’aider.
  • Non mais attends, le gars il a peur de ne pas être à l’heure ! Regarde moi toutes ces montres : Rolex, Cartier, Bréguet, Brietling, Oméga, Girard-Perregaux, … Il y en a bien une vingtaine et elles valent au moins mille biftons chacune. Il doit vraiment avoir du flouze ce mec. On va lui rendre service. On va s’en occuper de ces toquantes.
  • Il y a sûrement un coffre dans ce bureau, il faut le trouver.
  • Laisse tomber, on n’est pas équipé pour l’ouvrir. On va perdre du temps.
  • Ok, on reviendra…

Après avoir découpé de leurs cadres l’ensemble des tableaux et les avoir roulés, ils les rassemblèrent dans un grand sac. Certaines toiles étaient trop grandes et dépassaient du cabas, mais cela ne leur posa pas de problème. Outre les montres, il ramassèrent aussi tout ce qui leur sembla avoir un peu de valeur.

Ils passèrent ensuite aux autres bureaux de l’étage. A l’exception du bureau de la secrétaire du patron, ils sortirent de chacun d’entre eux les sacs un peu plus remplis.

Bien que le risque soit tout à fait minime, ils décidèrent de ne pas utiliser les ascenseurs principaux pour ne pas risquer de faire de mauvaise rencontre. Ils prirent donc le monte-charge pour quitter les lieux.

Vu que la descente allait durer quelques minutes, il déballèrent une partie de leur butin.

  • Et bien mon cousin, tu as bien fait de faire appel à moi. Tu sais bien que pour donner un coup de main, tu peux toujours compter sur ton Yoann !, dit celui-ci en éclatant de rire.
  • Tu l’as dit mon gars. C’est dingue ce qu’on va se faire comme pognon. Regarde cette pendule, elle est en or avec des incrustations de pierres précieuses.
  • Moi j’aime bien cette petite statue. Cela doit être une antiquité grecque ou quelque chose comme cela. Je vais peut-être la garder pour moi.
  • T’es fou. Ne fais surtout pas ça. Si un jour les condés débarquent chez toi et découvrent cela tu finiras ta vie à l’ombre. Ce serait une sacrée connerie.

A cet instant la lumière de l’ascenseur s’éteignit et celui-ci s’arrêtât violemment, jetant les deux hommes au sol.

  • Putain, qu’est-ce qui se passe ?
  • J’en sais rien. Nous sommes arrêtés. Attends, j’ai la lampe sur mon smartphone …, dit Kevin.
  • Aussitôt, il actionna son briquet et une petite flamme éclaira faiblement la scène. Une bonne partie du butin s’était répandu sur le sol. La statue grecque semblait regarder les deux hommes d’un air sévère, ce qui énerva Yoann qui d’un coup de pied magistral l’envoya dans un coin.
  • T’énerve pas, ça va pas nous avancer. Trouvons plutôt un moyen de sortir parce qu’avec ce qu’on a là, on ne va pas appeler les secours. De toute façon il est peu probable qu’ils nous répondent.
  • Ouai, t’as raison. Regarde il y a une trappe là-haut ; il faudrait qu’on puisse y accéder. Je vais te faire la courte échelle.
  • Après plusieurs tentatives, Kevin réussit à ouvrir la trappe.
  • On n’y voit rien là dedans. C’est aussi noir que dans le cul d’un … . Je ne sais pas comment on va pouvoir sortir d’ici.

A cet instant, le smartphone s’éteignit.

  • Putain, t’aurais pu le charger ton machin avant de venir !, dit Yoann, dans le noir absolu. Je ne veux pas rester là moi ! Je ne veux pas mourir ici !
    A l’aide, Au secours, A l’aide …

Mais Yoann pouvait crier autant qu’il voulait, personne ne viendra à son secours.

Leurs cadavres desséchés furent retrouvés quelques années plus tard quand les survivants revisitèrent la tour.

Ils firent partie des premières victimes de la seconde phase de l’apocalypse.

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P.K. 15 mars 2024

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