Chapitre 4, les spectres oniriques

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 À la périphérie du centre-ville, la place du marché principale réunissait l’essentiel des produits des cités les plus proches. En effet, ces derniers étaient alimentés en permanence par des habitants venus pour quelques sous après de la riche population de Synevyr.

 Micaiah, guidée par sa nouvelle amie Bathya, remarqua une quantité anormale de personnes s’entassant en ce début d’après-midi. Toute l’attention convergeait en direction de Niguel accompagné par un individu d’âge similaire, un peu potelé et habillé dans de prestigieuses étoffes. Ils bavardaient sous l’œil vigilant de quelques soldats. Bathya tendit le doigt dans leur direction.


 —  Viens, Bathya glissa son bras sous celui de sa camarade pour la trainer avec elle. Ils vont faire un discours, je veux entendre.


 Les deux s’appréciaient bien peu. Cependant, ils se reconnaissaient comme d’excellents hommes d’affaires et ne rechignaient pas à travailler ensemble pour maintenir la santé de leur cité. Lorsque Synevyr se confrontait à des sujets vitaux, les deux s’entretenaient systématiquement à la recherche des meilleures options. En fin de compte, ce n’est pas Niguel, mais son voisin qui approcha la foule nerveuse pour ouvrir le dialogue avec la communauté. Les deux amies, trop éloignées, manquèrent le début le temps d’arriver à distance d’écoute.


 —  … Nous partageons vos inquiétudes. Plusieurs parents endeuillés recherchent leurs enfants disparus depuis des années. Ce fléau ravageant la région et pour lequel nous pensions être à l’abri est venu jusqu’ici, brisant des familles entières. Nous avons tous un jeune pour lequel nous nous préoccupons. Monsieur Belmont et moi avons décidé de rassembler les maires de chaque village du domaine ainsi que les miliciens pour neutraliser la source définitivement. L’ensemble de nos ressources militaires enquête à présent sur le coupable, celui-ci sera sévèrement jugé par notre système ! Bien entendu, tous nos combattants réagiront promptement à tout témoignage concernant cette menace nocturne.

 —  C’est un vampire… Murmura Bathya, exprimant tout haut les pensées des habitants.


 Micaiah fronça les sourcils en entendant sa voisine.


 —  Il n’y a pas assez d’information pour le conclure.

 —  J’suis sûre que c’est un vampire. Les vampires femmes raffolent des enfants.

 —  Cela pourrait très bien être un lycanthrope.

 —  Lycan-quoi ?

 —  Un loup-garou.

 —  Pfff… La blonde secoua la tête. Nan. Ces bêtes sont stupides comme des pieds de chaise, jamais ils pourraient enlever une dizaine d’enfants sans se faire repérer.

 —  Une dizaine, dis-tu…

 —  Ouais…


 Bathya n’osa pas approfondir le sujet. Le discours se poursuivit concernant les démarches primaires avant les grandes réunions ainsi que sur les victimes, très jeunes, entre cinq et quatorze ans. Des photographies copiées furent distribuées parmi les civils, afin de savoir si certains eurent l’occasion de croiser l’un des disparus.

 Micaiah en récupéra certaines lorsque ses yeux se fixèrent sur l’une d’elles. Le visage d’un garçon de huit ans… Comme un flash de mémoire, elle se souvint de sa toute première vision macabre aperçue à ses neuf ans.


« Deux enfants d’une même famille fortunée ; une fille d’un marchand hongrois ; le garçon d’un boucher dans un village voisin… »


 La bourgeoise n’eut nullement besoin d’un support visuel ; toutes ces personnes gisaient dans ses visions prophétiques, des images funestes troublant fréquemment ses songes.
 Le discours terminé, un lourd silence se posa sur la foule, personne n’osa intervenir. Micaiah resserra les mains en se remémorant toutes ces images terribles… Ce n’était donc pas uniquement son imagination, mais bien le fruit d’un mystérieux processus. Elle manqua de lever son bras pour se prendre la parole, avant de se raviser au dernier moment ; impossible de parler d’un tel sujet en public, les gens pourraient être effrayés. Niguel, monsieur Vàrgova et une petite garde quittèrent les lieux laissant la vie poursuivre son cours.


 —  Bon, soupira Bathya. Maintenant que la bonne ambiance est mise… Tu veux faire qu…

 —  Oh, Mademoiselle Belmont ! interrompit un jeune de quinze ans en s’approchant vers les deux adolescentes. Il fit la révérence à la dame ; loin de se moquer, ses vêtements impeccables et ses mouvements adroits montraient une habitude de l’étiquette. Quel plaisir de vous voir enfin ! Viktor Vàrgova, pour vous servir. Vous devez déjà connaître mon père, il vient tout juste de finir son discours.


 Un autre garçon du même âge que lui l’accompagnait, celui-ci était tout simplement gigantesque avec son mètre quatre-vingt.


 —  Bonjour, Viktor, poursuivit son interlocutrice en effectuant son propre geste de salutation selon la cour. Oui, Monsieur Ruslan Vàrgova, le trésorier et vigneron de Synevyr.

 —  Je ne pensais pas que nous prendrions autant de temps à nous rencontrer… Et cela se fait hors de nos maisons respectives, surprenant hasard !


 Viktor n’était pas le genre impressionnant. Un jeune homme extraverti à la taille moyenne basse et au physique longiligne, des cheveux ondulés, une barbe encore immature. Sa prestance tenait bon grâce à ses jolis vêtements et une douce fragrance flottant dans son sillage. Tout l’opposait à son voisin taciturne, immense, la musculature forgée par le travail manuel, le corps mature et dans une tenue très modeste.


 —  Bonjour, Mam’selle. Je suis Aleksandr.


 Avec un mètre 52 pour onze ans, Micaiah était une dame bien grande pour son âge, néanmoins, face à ce colosse, les trente centimètres de différence la laissèrent ébahie. Tout comme les mages développaient leurs pouvoirs grâce au mithril mauve ; le mithril rouge provoque une recrudescence massive d’individus atteints de gigantisme depuis quelques décennies. Ces hommes et ces femmes étaient, sans conteste, les mutants les plus impressionnants à admirer.

 Aucun de ses souvenirs ne débusque la présence d’un géant parmi la classe qui avait visité le jardin dans le passé.

 —  Je me trompe en confirmant que vous n’êtes pas originaire de Synevyr ?

 —  Non, Mam’selle. Je viens de temps en temps, mes parents cultivent des épices.


 Le grand adolescent tourna le regard sur le côté et commença à rougir.


 —  Aleksandr est quelqu’un de très gentil et d’agréable, ajouta Viktor pour aider son camarade. Il est très réservé, pardonnez-lui son attitude quelque peu évasive.

 —  Ce n’est pas grave, poursuivit Micaiah en offrant un sourire poli au garçon timide.

 —  Alors, de quoi discutiez-vous avant notre arrivée ?

 —  On était sur le point de se promener, Vàrgova, intervint Bathya. Tu veux accompagner des filles ?

 —  Eh bien, pourquoi pas ! Nous n’avions pas tellement mieux à faire. Cela dit, je notais une mine relativement sombre chez Mademoiselle Belmont. À quoi réfléchissiez-vous ?

 —  Mh. Je songeais à ces disparitions abordées durant le discours de votre père.

 —  Ah. Viktor adopta à son tour un air sérieux. Je comprends votre expression. C’est une affaire très inquiétante.

 La fille d’artisan fixa le bourgeois droit dans les yeux.


 —  Est-ce que ton vieux cherche un vampire ? Je suis sûre que c’est un vampire.

 —  Oui, confirma le jeune homme en hochant la tête. C’est la piste privilégiée et les miliciens sont extrêmement vigilants à ce propos.

 —  Je suis sûre qu’ils vont l’attraper rapidement.

 —  Il n’est pas seul, réagit Micaiah à voix basse. Il regarda son amie et les deux garçons en face, tous exprimaient l’interrogation. Le vampire n’agit pas en solitaire.

 —  Comment pouvez-vous le savoir ?

 —  Je l’ai vu.

 —  Il est vrai que votre père est sorcier à ses heures perdues, intervint Viktor avec un grand sourire sur le visage. Vous devez posséder naturellement des pouvoirs ésotériques vous aussi.

 —  Oui, mais, ce n’est pas de la magie. Du moins, je ne crois pas. Nous appelons ça de la divination, mais normalement tout un rituel doit être accompli. Moi, je vois cela… Comme ça. Parfois éveillée, parfois dans mes rêves. Aucun des trois jeunes ne réagit, par contre, leurs regards exprimaient un désir particulièrement avide d’en savoir plus. Parfois, lorsque j’observe mon reflet, je ressens des sensations qui m’indisposent. Dans ces moments, je perçois des images de… D’enfants décédés.

 —  Vous les voyez morts ? Êtes-vous certaines que ce sont les victimes ?

 —  Oui.


 Viktor, Bathya et Aleksandr s’échangèrent des coups d’œil partagés entre la surprise, la confusion et l’incrédulité.

 Les arcanes de la sorcellerie incarnent un secret jalousement gardé par ses utilisateurs, un talent très rare détenu par les mutants du mithril mauve ou par leurs descendants. Aucune étude ne définissait clairement quel était le taux d’irradiation nécessaire pour obtenir cette capacité, en revanche, les faits sur les conséquences d’un excès provoquaient des frémissements au commun des mortels. La dégénérescence musculaire et osseuse résultant du surdosage pouvait transformer sa victime en créature difforme, à un niveau où même la lycanthropie parut un sort doux en comparaison.

 La promesse de pouvoirs attirait forcément les plus hardis. La multiplication de rumeurs sur des individus orgueilleux ou ambitieux disparus servait d’avertissements pour les chevaliers de ce nouveau Saint-Graal. Les survivants de la mutation assez chanceux et cultivés pour savoir lire apprenaient à se protéger contre une menace dont le nom faisait frissonner tout être humain : les démons. Ces sangsues avides de mana, à l’intelligence humaine, s’abreuvaient bien des malheureux sur leurs routes, mais raffolaient surtout des mages, incarnations du repas fastueux. Dès lors, trois enfants ne pouvaient saisir les finesses séparant les différentes formes de sorcellerie.


 —  Je pense qu’il est préférable que vous en parliez à votre père. Je suis sûr que Monsieur Belmont comprendra bien mieux vos visions que nous. Je vous propose une promenade en ville, je vais vous présenter les meilleures boutiques, je suis résolument assuré que vous serez passionnée par les ouvrages de notre grand couturier ou bien les incroyables fabrications de notre ébéniste ! Allez, suivez-moi !


 Durant l’excursion, un quart d’heure après, Micaiah fut violemment bousculée par un voleur poursuivi par sa victime enragée. Elle tomba à terre, lâchant instinctivement son parasol pour se rattraper. Ses trois camarades, plus habitués à ces scènes, avaient évité le choc pour voir la bourgeoise s’écrouler sur le pavé.


 —  Mica ! Ça va ? Bathya était la plus rapide, elle s’agenouilla pour relever son amie.

 —  Mon ombrelle.


 La jeune fille agrippa sa protection. Puis, une fois sa possession en main et sur ses pieds, elle se précipita vers le mur le plus proche où le soleil ne pouvait l’atteindre. Ce geste de conservation étrange n’était rien qu’une lubie aux yeux de Bathya. Micaiah fixa ses bras, désorientée, pour noter l’absence totale de plaques rouges infligeant des sensations de brûlure, de tiraillement et de démangeaisons incontrôlables.

 Prise au dépourvu dans les premières secondes, Micaiah se calma, retrouvant la maîtrise de ses émotions. Enfin, elle baissa son parasol et s’exposa directement à la lumière du jour. Ses yeux se fermèrent, sa tête se leva droit vers le ciel. Un long soupir d’appréciation s’échappa de ses lèvres. Viktor, comme ses proches, admira la scène avec beaucoup de questions à l’esprit.


 —  Est-ce que tout va bien, Mademoiselle Belmont ? Cette brute semble vous avoir bien secouée.

 —  Non. C’est simplement que… Elle regarda son interlocuteur ensuite. Les rayons du soleil sont agréables.

 —  Euh… Oui, je suppose ?


 Cette soudaine lubie déstabilisa beaucoup les jeunes, mais ils rebondirent très vite en comprenant que leur amie se portait parfaitement bien. En milieu d’après-midi, chacun retourna à ses activités. Trois aidèrent les affaires familières et une, une seule des quatre, resta loin de son père pour aller étudier à l’observatoire. C’est bien cela. Micaiah ne revit pas ses proches jusqu’au soir. Lorsque le crépuscule irradia le ciel de sa couleur flamboyante, les habitants se réfugièrent devant le feu douillet de leurs cheminées. Réchauffant leurs corps et surtout leurs cœurs auprès de leur famille.

 La petite bourgeoise retrouva Niguel et Edgar en train de partager des cigares autour d’une partie de cartes. Le ton léger, les paroles familières échangées entre les deux hommes… La jeune n’a jamais compris leurs relations. Par curiosité, elle tendit l’oreille sans se manifester afin de combler cette ignorance.

 —  … Ne sois pas idiot, elle n’était pas dans mes goûts.

 —  Vraiment ? s’étonna Edgar. Je te voyais regarder ses formes toute la journée.

 —  Tu m’espionnais ?

 —  Bien sûr que non, voyons.

 —  Penses-tu que je ne te connais pas après toutes ces années ? Tu sais à quel point la jalousie m’agace ?

 —  Je… Je suis désolé.

 —  … Niguel soupira. Peu importe. À toi de jouer.


 Une fois assurée que la conversation soit conclue, Micaiah sortit de sa cachette en entrant dans le salon. Sa seule vue provoqua un sourire d’Edgar et des salutations amicales. Bien vite, la famille s’installa pour un long repas guidé par les talents culinaires d’Edgar. Quelques histoires quotidiennes s’ensuivirent jusqu’à ce que la jeune fille décide de mettre les pieds dans le plat par elle-même.


 —  Père. J’ai entendu le discours public de Monsieur Vargovà en début d’après-midi. Ces histoires de disparitions sont-elles réelles ?


 La question surprit honnêtement son interlocuteur. Il prit cinq bonnes secondes avant d’offrir sa réponse.


 —  Oui. Oui, c’est bien vrai. Cela eut commencé dans la région il y a sept ans. Les premières victimes furent réparties sur des périodes suffisamment étendues pour ne pas attirer l’attention. Le rythme s’est accéléré progressivement ces deux dernières années.

 —  À quel point ?

 —  Nous parlons d’une personne par mois aujourd’hui.

 —  Un enfant par mois… ?

 —  Oui, interrompit Niguel d’un ton grave. Toutes les familles sont très angoissées, ils n’autorisent plus leur progéniture à sortir seule.

 —  Je… Micaiah baissa les yeux un moment, hésitante. Elle doutait d’adresser un mot sur ses visions au risque de conduire sur une fausse piste. Père, je voulais aborder ce sujet.


 Les deux posèrent leurs fourchettes au moment où la jeune commença à expliquer ses instants d’étourdissements fiévreux et ses cauchemars macabres. Niguel se montra très attentif, surprit à l’occasion. Avoir un regard sur des événements de façon complètement aléatoire s’avérait être un don rare, même dans l’ésotérisme. Après un moment à écouter, une expression de compassion apparut sur le visage du chef de village, la première fois depuis qu’il vit avec sa fille.


 —  Ma fleur… Depuis combien de temps portes-tu un tel secret ?

 —  Deux ans.


 L’adulte passa sa main dans sa barbe, l’air pensif. Tant il fut préoccupé, Edgar parvint à le surprendre, un plateau de gâteaux en main. Ses yeux recherchèrent des repères un instant.


 —  Edgar… Tiens, Edgar. Que tu sois là est une bonne chose, nous allons réagencer les horaires de Micaiah.

 —  Où vous souhaitez en venir, Monsieur ? demanda l’intendant de la famille en posant le dessert devant la jeune fille.

 —  Eh bien, je me rends compte à quel point Micaiah a grandi ces dernières années. Je pense qu’elle est désormais mature pour me seconder dans les responsabilités de Synevyr.

 —  Vous voulez dire qu’elle vous accompagnera pour s’assurer des productions agricoles ?

 —  En effet, elle aidera aussi à entretenir les rituels magiques de la cité et les équipements de miliciens. Il posa ses yeux sur sa fille et lui offrit un sourire doux. Je comprends mieux à quel point tu commences à devenir une femme. Nous passerons plus de temps ensemble, ce sera l’occasion pour nous de partager des choses. Espérons que cela puisse au moins calmer tes visions. Je t’enseignerai comment gérer cette ville… Je suis sûr que tu feras une excellente mairesse à l’avenir.


 La fille, qui escomptait une réponse émotionnelle, hocha la tête, accompagnant son geste par un soupir vaincu.


 —  Oui, Père.


 Le lendemain, en ce magnifique début d’après-midi, le responsable des terres de Synevyr se chargea de guider la jeune et son père à travers les cultures jusqu’à atteindre un emplacement isolé où fut semé du soja. Une expérience locale entreprit par les fermiers pour varier la nourriture des habitants. D’étranges traces jaunâtres, semblables à de la rouille, envahissaient les pousses sur une vingtaine de tiges. Surpris par la quantité infime de dégât alors qu’on lui avait présenté le problème comme « une infestation préoccupante », le chef de village et herboriste s’étonna. Les deux spécialistes inspectèrent différents pieds pour vérifier l’état. Ils regardèrent les symptômes sur plusieurs autres voisines. En se relevant, le bourgeois éleva la voix.


 —  Alors ?


 Micaiah continuait son observation, un peu perdue sur ce qu’elle devait chercher exactement. Le soja n’était pas une plante qu’elle avait étudiée en détail. Pas d’insecte visible ou bien de moisissure qui pourraient s’être répandus. Elle nota sur la base de la tige une couleur rougeâtre inhabituelle.


 —  Une maladie ? demanda la fille peu sûre d’elle.

 —  Quelque chose qui te faire dire cela ?

 —  L’état des racines.

 —  Bien. Sais-tu à quoi nous avons affaire ?

 —  Non…

 —  Fusariose du soja. Tu dois déjà avoir entendu ce nom sur d’autres plantes.


  En effet, cela sonnait familier pour la jeune. La fusariose existait sur un très grand nombre de végétaux.


 —  C’est une maladie fongique, rétorqua immédiatement Micaiah, brutalement plus assurée sur son cheminement d’idées.

 —  Exactement, Niguel sourit en voyant que sa fille suivait.

 —  Normalement, avec la rotation des cultures…

 —  C’est tout à fait cela. Le chef de la cité se tourna vers le producteur. Cette terre aurait dû être au repos, n’est-ce pas ?

 —  Oui, Monsieur, répliqua l’homme impressionnant habituellement, mais étrangement petit alors que son erreur était sur le point d’être découverte. Mais vous aviez réclamé cette production l’année dernière donc…

 —  Vous auriez dû prendre cette surface sur les plantations d’orge selon mes ordres.

 —  Sauf votre respect. Nous avions une grande commande pour les tavernes de la ville.

 —  Je leur avais demandé de voir avec nos voisins pour compenser cette coupe. Niguel poussa un grognement d’agacement avant de pivoter vers sa fille. Ma fleur, que préconises-tu ?

 —  Je… L’enfant regarda les plantes. Les pieds atteints doivent être arrachés, ils sont perdus… Puis, isoler cette terre des espèces sensibles pendant un certain temps, assurer une rotation et employer des variétés résistantes au champignon.

 —  Bien. Son père hocha la tête et revint vers le responsable. Vous avez entendu ? Suivez ses suggestions. Profitez-en pour pailler le sol puis gardez la zone en observation constante. Renouvelez si nécessaire.


Les Belmonts rentrèrent chez eux pour travailler ensemble dans le bureau de Niguel. Ce dernier était satisfait malgré des débuts balbutiants, sa fille n’avait même pas encore onze ans après tout. Dès lors, ses études en science furent déplacées au soir pour se focaliser sur les responsabilités que son père tenait auprès de la communauté. Elle servait d’assistante, là pour observer, donner son avis, entrer en contact avec la population à chaque fois que les yeux se tournaient sur elle. Ses nuits se réduisirent drastiquement, souvent pas plus de six heures. Son emploi du temps ne comportait plus que deux importantes pauses situées au midi et aux alentours du goûter entre 16 et 19 heures. Durant ces libertés, elle rendait visite à Bathya, Victor dans le cadre de ses disponibilités ou bien Aleksandr durant ses venues.

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