Chapitre I | Sous un ciel trop lourd pour l'enfance
Mardi 6 Juillet 2021
Le jour me brisant les yeux, devenant eux-mêmes aveugles et le bruit ne cessant de me réveiller, je le fis en trente secondes pour éviter le massacre qu'est le réveil de mon père, moi dans cette ville que je n'apprécie pas particulièrement qu'est Arras.
Pour le moins que le Soleil voulait me donner repos, je n'étais pas actif pour en profiter ou alors, on m'a imposé cette inactivité par le trop de travail que l'on me donne, peu importe le moment de la journée, du mois, de l'année, de la décennie...
Il était huit heures environ. Je prenais lentement mon déjeuner comme si c'était un choix, je mangeais une tartine de chocolat avec du lait. Je ne pouvais me dire d'ignorer le nombre d'activités que j'avais pendant mes vacances.
De neuf heures à vingt heures, j'étais pris par le torrent de ces choses qui rythme nos journées de façon parfois bien militaire. Je ne puis empêcher ma mère de m'y inscrire sur mon dos. Pour me réveiller, le jour s'éclaircit de plus belle. Avec cela, je me sentait dorénavant trahi par mes propres intentions. Avant les activités étaient décrites ludiques, mais maintenant, tout le monde dit que c'est de la torture.
Il était désormais neuf heures moins le quart. Le rythme y était déjà martial, aujourd'hui. Le jour, ayant battu la nuit noire, se levait en se rendant éclatant. Je me mis quelques verres d'eau fraîche sur mes cheveux. Je partis.
Je sortis puis marchai, pensant à tout ce qu'il allait m'arriver...
Je pris le chemin habituel des cours. là-bas on ne pouvait avoir ni téléphone, ni montre, ni quoi que ce soit qui donne l'heure, prélevé de nos vies car cela serait l'objet principal des distractions. "Grâce" à eux, j'avais appris donc à me repérer avec la position du soleil, ne sachant jamais l'heure exacte quand même.
Je ne m'était pas fié à l'idée que ce que je vais vivre s'appellerait "vacances". Je définirai ce que je vais vivre "torture créé par les employés eux-mêmes débordés par ce qu'il y a dans le monde rejetant la faute sur nous", ce qui est un peu long, j'avoue.
Je me rappelle les premières fois passées, la joie me rongeant de l'intérieur tout ce qui me constitue. Et pourtant, ce que je m'apprêtait à vivre était loin, très loin de ce que je m'imaginais.
C'était normal pour un enfant.
Ce ne l'était plus maintenant. Mon esprit venait de me ramener sur la terre en l'espace d'un instant. Je vivais - c'était le cas depuis longtemps - un enfer plus que véritable. La liberté de vivre existe-t-elle ? "C'est normal d'être cadré" n'était sans doute la phrase que j'ai entendu le plus de fois.
Je voulais hélas quitter ce monde dont personne ( ou alors très peu ) comprend de quoi il est fait. Vous, les harceleurs du vivant, n'avez-vous pas honte de ce que vous imprégnez sur la façon de penser des enfants ?
Je sortit de ma réflexion puis vis - et entendis - le résultat de l'urbanisme qu'est la route, les voitures ; eux-mêmes résultat d'une recherche de vitesse.
Je n'en pouvait plus du progrès.
Le rythme incessant continuait : en premier, c'était atelier maçonnerie. Ici, le peu d'erreurs que tu faisais, c'était ni une, ni deux, viré de l'activité. Deux heures se passèrent comme cela. Nous avons eu la chance de créer des choses.
Des choses qui sont droites sortie de notre imagination, peut-être le plan du bâtiment de l'année.
Je finissais le rez-de-chaussée de ma maquette par des détails, qui me faisaient souffrir de les imaginer se les faire détruire. Après tout, nous n'avons pas vraiment le choix de s'appliquer ou non.
Nous savons déjà comment cela allait finir. En simple et pure chaos pour nos vies, sûrement.
Plusieurs personnes avaient passés l'étapes du burn-out. Je me souviens de quelqu'un, mon ami. Il était maltraité par ses camarades. Il ne se sentais pas plus fort avec cela.
Cette personne n'arrêtait pas les Tentatives de Suicides ( TS pour certains ). Un jour il y parvint et l'on ne l'a plus jamais revu. Sans une minute de silence, sans un moment de partage de mon amitié. Personne d'autre que moi n'aura pu se vanter d'avoir vu ce qu'il était vraiment par son cœur d'or pur, de ses prouesses, de ses liens.
Dès la première inscription, cela avait commencé. On était obligés a continuer, peut importe ce que tu faisait il te condamneront à t'éloigner de la vie...
Je me souviens de la dernière fois où j'ai parlé à cet ami. Je lui avait enlevé tout moyens de quitter ce monde dans lequel il voulait un peu de plaisir de vivre...impossible. Il avait discuté longuement avec moi. Je ne serais point un ami si je ne pouvais pas me souvenir de cette discussion.
Il me regardait, sanglotant. Et cela n'était pas que ce que j'avais aperçu : il avait une corde, une corde de laine. Dès cela, je lui dit :
" -Donnes-moi la corde que tu as ! Tu n'as pas besoin de quitter ce monde, tu es trop cher à mes yeux, et surtout, sinon tu ne pourras pas montrer au monde ton cœur ! Sois ce que tu es !
-Ce monde ne me chérit nullement ! Je ne veux aucunement rester sous le prétexte que je peux montrer que face au insultes, face aux coups, je ne montre qu'un simple sourire !
-Je ne suis on ne peux plus d'accord avec toi, mais parfois, c'est quand on se sent seul qu'on a le plus de personnes nous ressemblant. Dis toi que le monde et vaste et qu'importe le nombre de personnes qui t'harcèlent, tu seras toujours avec parfois des personnes de ressemblant. Sois fort.
-Je ne peux plus l'être ! Je suis trop faible face à tout ce qui m'entoure ! Je suis trop faible pour vivre !
- Tu n'es en aucun point faible ! Tu es ce que tu es, et ton sourire est force, n'est ce pas ? Tu es fort face au danger en ne répondant pas présent face à lui !
- Mon ami, tu te trompes ! Je suis faible et nullement hostile et compréhensible ! Je suis trop différent de tout le monde !
- Tu n'est pas différent, tu es toi.
- Je ne suis pas moi, je suis ce que je veux être ! Je ne peux pas être fort !
- Je t'aime. Tu es un ami plus que cher ! Tu es mon ami ! Être seul n'est pas une solution pour moi. Je ne veux pas te perdre !
-Alors je te promets de me souvenir de toi dans l'autre monde !
- Je ne t'empêcherais rien, si tu n'as plus l'envie de vivre, alors arrêtes. Sache que je me souviendrais toujours des moments passés ensemble."
Depuis tout ce temps, nous avons remarqué des changements dans le règlement. Mais les personnes harcelant n'ont rien eu, bien sûr ! Dans les ateliers nous avons eus une seule heure de cours contre le suicide.
Je n'écoutais pas, car je voulais prendre conscience de ce qui c'êtait passé depuis qu'il est mort. Je voulais penser à lui. Penser à tout ce que l'on a vécu.
Je me remis de ce pas sur la fin du toit de cette maudite maquette. Je l'avais presque fini. Le temps fut comme accéléré.
L'heure avait sonné. Il était temps maintenant de faire l'atelier codage informatique. Nous codons un jeu, celui-ci ressemble au morpion, version challenge. J'aurais été contant si on l'avais fait dans de bonnes conditions.
Je me souviens de l'autre fois, un enfant sur lequel je donnerais l'âge de six ans maximum. Il était d'une maigreur si grande que je croyais voir un squelette. Et pourtant, il ne montrait jamais sa tristesse, comme si quelqu'un lui avait privé de ce droit. Il était fort ce garçon.
Mon premier plaisir était de jouer aux jeux que j'avais créé en cachette, car ce n'était pas autorisé, bien sûr. Je voulais relâchais, mais malheureusement un jour je fut pris. Un jour où mon cœur allait s'arrêter. Un jour faible, où cette seule heure était mon premier et dernier instant d'amusement de la journée.
Cela ne paraît peut-être pas beaucoup, mais croyez moi, c'est horrible.
Tellement horrible que j'en perdis la tête. Je m'étais enfui tellement loin que personne n'était là pour me guider. Personne ne voulait me rechercher. Pas même ma mère.
Ce jour là je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi on ne tenait à ma vie.
J'étais là, perdu.
Maintenant je sais où je suis, mais je ne suis libre.
Je ne trouvais pas l'issue.
Je l'ai trouvée, mais celle-ci n'était que la clef vers la prison.
L'heure avait sonné. Je me déconnecte et part vers la salle de création de jeux de société. Un truc pas mal. Cette fois-ci, nous n'avons le droit qu'à la plus légère marge d'erreur. Mais pourtant, j'étais contant, contant que quelqu'un nous comprenne enfin.
L'heure était finie.
Nous voilà juste avant la pause du midi, atelier cuisine. Nous préparons actuellement un plat digne de ce nom.
Malheureusement, je pense que c'est encore pire que faire la plonge dans un restaurant. Des personnes ne sachant pas cuisiner, utilisant l'IA pour le recettes de cuisine cinq étoiles. Nous ne mangeons pas ce que l'on faisait, par certitude. Je ne comprenais pas. Pourquoi pas nous ?
Nous qui préparons depuis l'âge requis de huit ans, tiramisu, couscous, gâteau façon Philippe Etchebest ? Nous qui faisons la plonge en plus du repas ?
Bien sûr, une belle morale suffisait à nous faire taire : "Toute cette nourriture, c'est pour ceux qui n'ont pas les moyens de trouver une nourriture à bas prix.", alors que, quand toutes ces âmes d'enfants sans vie sociale se concentrent sur leurs sandwichs, ces sandwich préparés par des mères débordées par tout ce sexisme et ce viol, ou juste voulant se débarrasser de leurs enfants pour passer du temps avec leur mari, sûrement mal payées ou très riches, les animateurs mangent ce que l'on a fait.
"Ils mangent tout le travail que l'on a fait ! Pourquoi ? Ils ne sont que des menteurs !" Voilà l'entièreté de ce que je m'étais dit quand je découvrit leur secret. Tout cela passa très vite. Entre atelier montage de PC, puis démontage par les animateurs avec une batte de baseball, pour "L'amusement", puis aide "aux personnes âgées", ne sont que des jeunes sous des masques et de la fausse peau pour avoir un meilleur traitement, alors qu'ils ne veulent pas profiter, de leurs corps en bonne santé. Disait ma mamie, quand elle le découvrit.
J'allais enfin pouvoir me reposer chez moi, le soleil s'est laissé porter par la lune, d'un air de me dire que je ne suis pas tout seul à être fatigué. La lune se montre triomphante de ce combat remporté. Moi, je me vois exaspéré, la journée m'a déjà battue. Je n'avais plus de force, je m'endormis.
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