Normalité Fragile

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Tout le temps je me réveille doucement, à part ce jour-là, pour faire exception à ma règle. Pas grand nombre de mes règles n'ont pas d'exception, comme tous mes rêves se transforment en déception.

Mais ce jour-ci n'est pas indifférent : je m'attends déjà à passer aux aveux à côté de ma mère, puis je vois mon père me martyriser.

Soit, je passe par ma sœur, soit je réussis mon coup.

Ou soit je fais les deux, ce qui serait extrêmement risqué. Risqué, mais avec plus de confort.

La gare annonce l'arrivée à Meaux, enfin. Enfin, je vais pouvoir me séparer d'une vie qui ne me fait que mourir à petit feu.

Je vais vivre une vie normale, sans aucune embrouille, sans grande punition pour une moindre chose. Sans risques de mourir dans des liquides.

Sans avoir peur de vivre réellement.

Le pire, c'est que même les personnes qui m'ont "gardé" ( pour ne pas dire martyrisé en secret )

Ma mère ne me croyait pas et à chaque fois que je sortais ça, elle me reniait.

Je n'aimais pas ma vie. Je n'aimais pas les personnes qui la constituaient. Je préfère mourir, sans mauvais jeux de mots, que de retourner à la vie que j'avais avant.

Et voilà. Je me retrouve à attendre ce que j'appelle le retour à la vie normale.

J'ai peur de ces gens. Peur de ces fichus hypocrites qui ne savent que mentir au lieu de comprendre qu'ils nous font souffrir.

Ils le savent sûrement déjà depuis longtemps. Trop longtemps.

Je vivais dans un monde dans lequel la barrière entre la vie et la mort était plus fine que jamais.

Le train ralentit. Je joue avec la barre sur laquelle je me tenais et je sprinte vers la sortie, comme si ma vie en dépendait, ce qui est un peu le cas.

Je sais quel itinéraire je dois prendre pour aller chez ma sœur Lyra.

J'attends pour traverser un passage piéton, puis je cours dès que le feu des voitures est rouge. Juste après, une voiture roule à toute allure. Elle était poursuivie.

J'ai failli faire basculer ma vie. J'ai failli faire basculer ma vie, mais je suis toujours vivant.

Je suis toujours plus vivant que jamais, et je crois on ne peut plus à ma vie.

Je ne m'arrête pas. Je ne m'arrêterai pas.

Je ne montrerai pas mes faiblesses tant que je n'aurais pas fini la conquête de ma liberté.

Je cours chez Lyra. Elle habite à 200 m de la maison.

Je traverse une deuxième fois et je cours. Vers le milieu de la rue, je me retrouve devant la porte.

Je toque.

J'entends à travers la porte des pas désordonnés qui m'annonce que mon périple pourra continuer.

Elle m'ouvre et me dit :

— Salut !

— Salut ! dis-je en même temps de prendre une grande inspiration.

— Pourquoi tu as couru ?

— Pour essayer de fêter ma liberté.

Je sens une ambiance étrange, comme si elle me cachait quelque chose. Un nouveau mec ? Peut-être l'ont ils fait et...ou alors ma mère ? Je n'espère pas que Lyra l'a prévenue.

On passe au petit déjeuner. Avant qu'elle déménage, il était coutume de manger à deux le petit déjeuner, une fois que maman était partie au travail.

Je sors mes deux pains au chocolat et je demande :

— T'en veut un, Lyr' ?

— Nan, je n'en veux pas, mais mon petit copain...

— Hein ?

— Ah, mince, j'ai oublié de te le dire. Bah, je vais te le présenter !

— Julian, je te présentes mon frère, Ezren. Ezren, voici Julian, mon petit ami depuis un mois.

— Je suis ravi de te rencontrer, Julian.

— Moi aussi, Ezren ! Je sens que l'on va passer de superbes moments ensemble !

Comme chaque fois où je dors chez elle, je dors dans un placard à linge aménagé en chambre d'amis.

Après, on mange, on discute, on rigole, voilà de la vraie animation !

Je prends mon téléphone je l'allume et attends que ce téléphone s'allume. Lyr' n'arrête pas de me dire que je devrais le changer, et elle a raison. Mon téléphone prend cinq plombes à s'allumer.

Heureusement, je parvint après cinq minutes à appeler mon ami Florian.

— Allô ?

— Salut Flo, c'est Ezren.

— Salut !

— Cela te dit que l'on s'appelle en FaceTime ?

— Allez.

Il raccroche et je l'appelle directement.

— Re !

Je regarde l'écran comme pour vérifier si elle n'aurait pas fouillé mon portable pour trouver cet ami que j'ai rencontré au collège.

— Re !

D'un coup, l'image se fige et j'ai un message d'erreur : "Votre carte SIM n'est plus valide". Ma mère a sûrement dû bloquer les appels. J'en ai plus qu'assez de la manie de se venger des parents.

En attendant, je tchatte sur les SMS.

17 : 58. J'ai pas vu les heures passer. Mon ventre criait famine mais je ne le croyais pas.

Je rouvre le placard. Je sort puis descend. Je saute la dernière marche puis je demande à ma sœur ce qu'il y a à concocter. Elle m'a cité les ingrédients pour un gratin de pâtes.

Je fis ce plat que je trouve excellent une fois fini. Il est maintenant 19 : 17. J'ai dû prendre du temps à me concocter ce met. On mange à notre faim puis nous allions dans nos chambres.

Je regarde mon téléphone : un message de l'hôpital Saint-Antoine. Je crois que j'ai compris. Je le lis quand même.

"Morgane est actuellement en soins intensifs dû à une tumeur maligne, l'opération étant très risquée, elle n'a plus que quatre semaines à vivre. Toute l'équipe en sont profondément désolées."

Ma sœur et moi vont devenir orphelins dans à peine quatre semaines.

Dans à peine quatre semaines qui vont sembler s'écouler en un seul jour, une seule heure, une seule seconde, un instant.

Pourquoi je dois tout le temps regretter ?

Je ne sais pas. Je ne saurai jamais. On a réussi à avoir la liberté, mais ce n'est plus ma mère, mais l'état de ma mère qui m'oblige à me refermer sur cette fameuse ville de paris. Le conseil que j'aurais à donner à quiconque qui veut emménager est de ne pas y vivre.

Je ne comprend pas. Je ne comprend plus.

Peut-être que je ne comprendrai jamais. Je n'ai jamais compris. Je n'aurais pas la chance de comprendre.

Ma mère mourra dans quatre semaines, voilà ce que j'ai compris.

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