Du sang sur mes mains

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 Je me tenais debout, les jambes légèrement écartées, les bras tendus devant moi, une main soutenant le colt M1911 par en dessous tandis que l’autre tenait en joue la personne devant moi. J’étais calme à l’extérieur et pourtant, à l’intérieur, j‘étais morte de peur. Il avait failli me tuer et maintenant, nous étions là, face à face. Il n’était pas armé mais il n’en avait pas besoin. Ce n’était pas un combat mais une mise à mort. Mes mains tremblaient légèrement alors que je visais directement sa tête, ma respiration devenant de moins en moins régulière au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient dans mon esprit. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine et l’adrénaline électrisait tous les muscles de mon corps. Cet homme était un danger pour nous et j’avais vite compris que je devais l’éliminer. La colère avait grandit en moi à chaque meurtre ou tentative de meurtre de sa part. J’avais juré de le tuer, quitte à y laisser ma vie. Mais maintenant qu’il se trouvait devant moi, je n’étais plus aussi sûre de moi.

 - Kaitlyn…Dit-il en levant doucement ses mains devant lui. Ne fais pas ça, tu sais que c’était un…

 - Tais toi ! Répondis-je en le coupant, perdant peu à peu mon sang froid.

 Le brusque bruit de ma voix supprima complètement le bourdonnement de mes oreilles et tout devint clair dans la pièce. Ma vision, étrécit par la haine, s’élargit soudainement pour englober son corps entier. Il était tendu, s’approchant petit à petit de moi pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Je fus soudain au bords des larmes, la décision à prendre me paraissait être insurmontable, même si c’était lui.

 - Tu as mérité ça, je ne suis pas la seule après qui tu en as, et tu as même réussi à tuer des gens ! L’accusai-je, essayant de retrouver cette haine tant chérie qui me poussait toujours plus vers l’avant.

 - Des vampires, Kait, pas des gens.

 - Ils avaient le droit de vivre ! Hurlai-je en actionnant le marteau avec le pouce, désenclenchant la sécurité dans un petit « clic ».

 Je vis alors la sérénité dans ses yeux s’éclipser pour laisse la place à la peur et l’incertitude. Il se raidit et jeta un coup d’œil vers la porte qui se trouvait derrière moi. Je me rappelai alors la soirée où j’avais trouvé Lucie étendu dans la forêt, une flaque de sang l’entourant. Elle aussi était un vampire avant que… qu’il ne lui hôte la vie. Son souvenir rompit le dernier lien qui me maintenait encore à la réalité.

 - Tu n’aurais pas du t’en prendre à elle. Dis-je finalement en appuyant sur la gâchette, les larmes roulant sur mes joues.

 La détonation m’explosa les tympans alors que sa tête partait violemment en arrière. Il s’effondra au sol, les yeux vitreux, un trou sanglant en plein milieu du front. Alors que je m’approchais un peu pour m’assurer qu’il était bien mort, je vis l’arrière de sa tête complètement arrachés, des morceaux de cervelles gisant sur le sol. Mes mains se mirent à trembler et je lâchai le pistolet qui tomba avec un bruit sourd au sol. Je me mis à reculer doucement avant que mes jambes ne se dérobent sous moi, me laissant sans force, assise dans la mare de sang encore chaude qui ne faisait que s’agrandir. Je plaquai une main sur ma bouche, maculant mon visage du liquide sans m’en apercevoir, les épaules secouées par les sanglots. La colère était retombée d’un seul coup, me laissant seule avec mon immense solitude. Même la satisfaction qu’il n’était plus était douce-amère. Il avait tué tellement de personnes innocentes, sous prétexte qu’elles étaient des êtres contre nature. Et qu’est-ce que je venais de faire ? Un nouveau sentiment pris le pas sur tout le reste et je ne le reconnu que lorsque je me mis à faire de l’hyperventilation. Ma deuxième main vint se presser sur mon ventre et je me penchai brusquement vers l’avant, pliée en deux. Je l’avais tué. Une violente nausée me tordit les entrailles alors que je réalisai réellement ce que cela impliquait. Je savais que la police ne tarderait pas à investir les lieux, l’ayant prévenue au préalable. Ils comprendraient rapidement ce qu’il s’était passé et je finirais en prison. J’étouffai un cri de désespoir. J’avais tant désiré sa mort que je me retrouvais maintenant sans but, attendant simplement que le destin me fasse payer ce que je venais de faire. Cependant, aucune culpabilité ne faisait surface pour le moment. J’avais voulu sa mort et je l’avais eu. Même si j’avais dû, pour cela, me mettre du sang sur les mains.

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