Solitude
Un trou, dans la poitrine, menaçant de m’engloutir entièrement. C’est ce que je ressentais chaque soir, dans mon lit, alors que je sanglotais seule, désespérant de ne pas connaître l’amour. Cela pourra paraître puérile et à vomir pour certain et pourtant, c’était bel et bien mon cas. Avant même d’avoir fait l’expérience du couple, la solitude me rongeait de l’intérieur, sans aucun espoir d’amélioration. Les jours passaient, puis les nuits et, chaque fois, au moment d’éteindre la lumière, la douleur dans ma poitrine se réveillait. Roulée en boule sous la couette, j’essayais de cacher cette tristesse comme je le pouvais pour ne pas éveiller les soupçons de mes parents. Et, c’est lors d’un de ces soirs, alors que je priais que cette douleur cesse, qu’il a commencé à venir. Je ne pourrais le décrire vraiment, je ne l’ai jamais vu. Mais je ressentais sa présence à mes côtés, comme un ange veillant sur moi jusqu’à ce que je m’endorme enfin. Peut être était-ce simplement mon imagination ou mon cerveau cherchant un moyen fictif d’arrêter ça. Ou peut être avais-je réellement quelqu’un veillant sur moi à ce moment là.
La douleur a enfin réellement cessé lorsque j’ai rencontré l’homme qui a partagé ma vie
pendant les quelques mois qui ont suivis. Pourtant, aussitôt après son départ, elle est revenue, plus
vivace et plus affamée que jamais. Mais cette fois, ma vision des choses était différente, bien
différente. Je n’avais plus à faire à un trou dans ma poitrine mais à un mur se dressant devant moi,
insurmontable et impossible à escalader. Cette sensation ne m’a pas quitté pendant une année
entière, et, là encore, chaque soir était un supplice pour moi. Et il aurait été bien plus dur à
supporter si mon ange n’était pas venu me rendre visite chacune de ces nuits, s’asseyant sur le lit à
côté de moi et ne faisant rien d’autre que me regarder, m’apaisant par sa simple présence.
Encore aujourd’hui, je ne saurai expliqué de quelle façon j’ai réussi à traverser ce mur ni
quand c’est fait le déclic qu’il était enfin derrière moi. Je suis heureuse d’avoir réussi à le surmonter
mais un regret persiste malgré ce succès. Je n’ai plus vraiment ressenti la présence de mon ange
depuis, à part quelques rares fois. Mais je sais qu’il est toujours près de moi sans que je m’en
aperçoive forcément, prenant différents noms pour ne pas que je le reconnaisse. Inspiration, bonne
étoile, chance, talent… Mais, peut être que ce n’est que mon imagination débordant qui me joue
encore des tours, qui peut le savoir ? Après tout… j’avais seulement douze ans lorsque nous nous
sommes rencontrés.
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