Tentative

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Mes yeux s’ouvrirent subitement sur le plafond obscure de l’appartement. A côté de moi, la respiration lente et régulière de John m’informa qu’il était plongé dans un profond sommeil. Soulevant doucement les couvertures, je me glissai hors du lit en faisant extrêmement attention à ne pas le réveiller. Me dirigeant vers la salle de bain, je me plaçai devant le lavabo, face au miroir. La pénombre accablante de la pièce ne me dérangeait pas le moins du monde, ma vision me permettant de voir dans la plus sombre des nuits comme en plein jour. Je fis doucement couler l’eau sur mes mains avant de les passer sur mon visage, prenant une grande inspiration. Cela m’aida à éclaircir mes idées et me réveiller complètement. Je me regardai alors dans le miroir et lu dans mes yeux de la détermination et… de la peur ? Mais que diable venait faire cette émotion maintenant ? Secouant la tête avec un sourire, je m’accroupis et ouvrit le petit placard en acajou. Exactement là où je pensais l’avoir caché, je sorti de son étui un magnifique couteau dont la lame aurait pu trancher un petitmorceau de bois sans la moindre difficulté. Je passai mon doigt délicatement sur la tranche et une fine ligne rouge apparut immédiatement, faisant perler mon sang depuis la blessure superficielle. Le plan était simple. Une fois assez proche de lui pour l’atteindre, je lui ouvrirai la gorge avec un geste vif et en visant la carotide. Avec mon entraînement, j’étais sûre de la toucher efficacement. Ainsi, la mort serait à la fois assez rapide pour l ‘empêcher de crier et assez douloureuse pour satisfaire ma vengeance. De plus, nous étions dans Son appartement, ce qui signifiait que personne ne viendrait le chercher avant plusieurs jours et ne ferait le lien avec moi. Il y avait beau y avoir des caméras de sécurités, elles n’étaient présentent ni dans la chambre, ni dans la salle de bain (question de pudeur). C’était un coup monté avec précision pendant plusieurs jours et rien ne pourrait m’empêcher d’accomplir ce pour quoi j’étais là. Satisfaite, je me redressai et, tout aussi silencieuse, regagnai la chambre. Je m’arrêtai cependant au pied du lit et observai l’homme qui y dormait en toute sérénité. Plus pour très longtemps. Alors que j’allais faire le pas qui m’aurait fait contourner le lit et me trouver au niveau de l’humain, le doute m’assaillit brutalement. Incapable de terminer mon geste, je contemplai la vie que j’étais sur le point de prendre. Une vie qui méritait d’être vécue comme toutes les autres, peu importait les atrocités qu’elle avait commise. Ma confiance en moi s’effrita comme le sable dans la main, faisant place à l’horreur de ce qui m’était demandé. Je devais prendre une vie. Je. Devais. Prendre. Une. Vie. Lui ôter toute possibilité de choix, la contraindre à disparaître pour toujours. Je fixai l’homme toujours profondément endormi, ma bouche légèrement ouverte en un cri de détresse muet. Il fallait pourtant que je le fasse sinon, c’était ma propre vie et celles d’innombrables autres innocents qui disparaîtraient. Mais la perspective d’arracher de force cette vie à ce monde, de la priver du soleil à travers les nuages, du clapotis de l’eau au bord d’une rivière, du parfum des fleurs bourgeonnant de part et d’autre d’un sentier, ou, plus simplement, de la joie de voir son enfant grandir près d’elle, m'étais insupportable. Je ne pouvais m’y résoudre et le dilemme faisant rage en moi me déchirai entre le devoir et l’incapacité à faire du mal à qui que ce soit. Comment avais-je pu croire que cette mission m’avait été destiné ? Là encore, mes pensées m’assaillir de toute part sans que je puisse rien y faire. John… Il avait une famille, des amis qui comptait sur lui. Malgré tout ce que son espèce avait pu faire, je ne pouvais me résoudre à l’arracher à eux. Mes doigts se déplièrent alors que je comprenais réellement ce qui était en train de se passer. Le couteau tomba lourdement et mes genoux suivirent le mouvement, entrant en contact avec le parquet de la pièce dans un bruit sourd. Me retenant d’une main au pied du lit, je m’efforçais de retrouver un semblant de calme. Je compris pourtant que, tant que cette mission m’incomberais, je ne serais jamais en état d’éloigner cette terreur de mon esprit. Je n’entendis quasiment pas la respiration de John se modifier et se faire moins profonde jusqu’à ce que je sente du mouvement et que le lit se mette à grincer sous son poids. L’horreur augmenta alors d’un cran lorsque je réalisais que je l’avais réveillé.

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