Soélie

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Au moment où j'entre dans la voiture, le malaise de la nuit revient m'envelopper. Des cauchemars, j'en ai fait, comme tout le monde, mais celui-là laisse une saveur singulière. Comme si... Comme si j'avais partagé le quotidien d'un autre, ressenti par chacun de ses sens.

Pourtant tout y était tellement absurde !

Durant tout le trajet, j'essaie de refouler cette sensation dans un recoin de ma tête avec les images qui l'accompagnent. Je finis par me concentrer sur le bruit cristallin de la voiture photoélectrique en pleine recharge. Arrivée devant l'université, je programme le véhicule : mise à disposition des concitoyens et retour devant l'université à quinze heures pour me ramener chez moi.

Je grimpe par l'escalier extérieur, passe le pont végétalisé puis redescends vers le potager pour ma première heure consacrée à l'arrosage par condensation, une technique inspirée d'un petit mammifère du désert je crois.

— Salut Soélie, comment vas-tu ?

Je reconnais la voix de Marino à qui je réponds sans même le regarder. Il me connaît par coeur et sait que je lui en voudrais si je loupe une place au premier rang. J'accélère. Il fait de même et arrive à ma hauteur, je tourne enfin la tête et le gratifie d'un sourire mi-figue, mi-raisin :

— J'ai fait un rêve bizarre.

— C'est censé me dire comment tu vas ? me fait-il remarquer avec une pointe d'ironie.

— Je sais pas, il me laisse un goût étrange. Très désagréable. Un monde terne et gris où la nature se fait aspirer par la démesure humaine.

— Complètement nul, ton rêve. T'as regardé un truc louche hier ?

— Non, j'étais trop nase, directe au lit après dîner.

— Bah, au moins, c'était qu'un rêve.

— C'était bien réel pourtant.

— Tu te rends compte que c'est complètement idiot ce que tu viens de dire, ma Soso.

— Arrête de m'appeler comme ça, j'aime pas ça et tu le sais. Et merci de me traiter d'idiote.

— C'est pas ce que j'ai dit mais le principe d'un rêve c'est que ça semble réel tant que tu y es.

— T'es lourd, on dirait ma mère.

Il n'a pas l'air de comprendre.

— Elle m'a dit la même chose tout à l'heure mais je sais pas comment le décrire... C'est incomparable, rien à voir avec les autres. C'était... trop réel. Ouais pas la peine de dire que je radote.

— Alors je le dirai pas, rétorque-t-il, l'œil moqueur.

On s'installe et le prof arrive peu de temps après. Pendant la partie théorique, je n'arrive pas à me défaire des images qui ont ponctué ma nuit. Cette chambre couverte de posters qui ne ressemblent à rien de ce que je connais, cette humanité vampire de la nature. Tout cela me fait froid dans le dos !

Au moins, avec la partie pratique, je me focalise sur les tâches à effectuer et j'arrive enfin à éteindre le film qui passe en boucle dans mon esprit. Je profite de ce cours sous les rayons matinaux bienfaiteurs et reconnecte avec ma réalité. La suite de la journée s'enchaîne avec facilité jusqu' à ce que je rejoigne l'entrée du campus où la voiture m'attend déjà.

À peine assise, la nuit me rattrape. Ça me fout le cafard !

Me revient la voiture le ventre remplie d'un liquide fossile millénaire et dont le contenu est digéré en quelques centaines de kilomètres seulement. Comment gaspiller une ressource ancienne si précieuse ?

Aussitôt rentrée chez moi, je me plonge avec ardeur dans les révisions pour ne plus penser à rien.

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