Un instant, une image puis un flou,

Parfois je me demande : suis-je fou ?

Ou le temps qui n’a plus de roues ?

Je m’écroule, je me mets à genoux.

Hier est très loin,

Pourtant il n’a pas de fin.

C’est sûr, je le verrai demain,

Comme une musique avec un refrain.

Son image est bien gravée,

Tous les jours, je lui parlais,

Sous une lune qui me regardait,

Silencieuse, elle témoignait.

Un souffle bienveillant,

Une caresse — est-ce le vent ?

Ou une voix qui me dit : « Tiens bon »,

Je l’entends, et je serre les dents.

Devant moi, cette danseuse,

Projette mon âme silencieuse.

Elle guide ma plume curieuse —

Est-ce vrai, ce qu’elle creuse ?

Une danseuse de nuit,

Qui illumine un long puits,

Entre présent et l’oubli,

Elle se penche, elle s’incline… elle suit.

En atteignant le fond,

Croyant que je ferais rebond,

Un monstre m’y attend,

La faim d’un être vivant.

Tout seul avec ce démon,

Je le laisse goûter le sang

D’un être insignifiant,

Qui ne voit rien devant.

Prends-moi comme un sacrifice,

Et n’attends pas de supplice.

Dans ce monde plein d’injustice,

Dévore bien ce beau délice.

J’ai tant tenté de tendre la main,

Sous le poids lourd d’un grand chagrin.

Peut-être un jour je croiserai quelqu’un,

Un amour… qui changera mon destin.

Ce jour enfin est arrivé,

Naufrage d’une marée.

Mais personne n’a accepté,

Dans ce puits, je dois rester.