Chapitre 33

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Tout petit chapitre parce que héhé je galère un peu à écrire plus d'un paragraphe par jour, en ce moment (la débâcle avant l'exam final, normal) x)

Un frisson parcourut sa peau équine, fit miroiter son pelage sous la lumière blanche de l'aube. C'était le froid qui l'avait extirpée du sommeil. L'esprit fiévreux, les yeux encore collés de fatigue, elle papillonna des paupières et tenta de retourner dans l'esprit d'Alban.

Il faut qu'il le fasse ! Il ne peut pas le laisser en vie. C'est impossible !

Elle était sur le point de regagner l'inconscient du chasseur lorsque celui-ci, dans un gémissement, cligna lui aussi des paupières.

– Chiure ! Merdasse ! jura Iluth, au comble du désespoir.

Sa voix maigrelette, encore empâtée de sommeil, résonna dans le silence feutré de la chambre.

– Tu l'as tué ? questionna-t-elle avec fièvre. Bon sang, dis-moi que tu as envoyé cette saloperie par le fond.

Elle accrocha ses yeux d'or, éperdus, aux iris sombres d'Alban qui venait de lever la tête vers elle. Ses traits étaient tirés. La licorne sentit son cœur écartelé entre la joie de revoir son véritable visage, bourrelé de cicatrices et cloqué de laideur, et l'angoisse qui surgissait en elle à l'idée d'avoir échoué.

Si la bête restait en vie, Alban redeviendrait enfant… Et si la peur revenait en lui, les démons ne tarderaient pas à ressurgir dans ses rêves.

Alors Iluth aurait tout perdu. Elle n'aurait pas le courage de les chasser à nouveau, les uns après les autres. Cela faisait trop longtemps qu'elle avait l'espoir au cœur et le désir au ventre. Trop longtemps qu'elle approchait, pouce par pouce, jour après jour, de son objectif. Et celui-ci lui semblait encore si loin ! La faim d'Alban ne cessait de la dévorer, de lui grignoter les tripes chaque jour davantage. La succube était épuisée. Elle ne pourrait fournir à nouveau tous ces efforts.

À cet instant précis, elle en eut soudain assez de chercher des failles en lui, de tisser des toiles pour l'y piéger, de dérouler des menteries hasardeuses afin de tromper son esprit.

Elle voulait se coucher à ses côtés, se blottir dans sa chaleur ; elle voulait qu'il lui offre enfin le plaisir qu'elle méritait, l'étreinte dont elle avait tant besoin. Il lui devait toutes ces choses. Elle lui avait tant apporté ! Chaque jour et chaque nuit, depuis plus de deux mois, elle s'était attelée à chasser ses peurs, ses démons, sa solitude, à lui apporter amitié, complicité, espoir. Elle lui avait tout donné. À présent, c'était à lui de lui offrir son corps, son désir, son amour.

Les prunelles d'Alban, dilatées à l'extrême, lui parurent soudain étranges.

Il tendit maladroitement une main et, doucement, caressa son chanfrein doux comme la soie. Sa peau était chaude, encore moite de l'angoisse de son rêve.

Iluth comprit soudain ce qui avait changé dans ses yeux. Une ombre les avait quittés. Et un sourire à peine perceptible, empreint de soulagement et lourd d'une horreur presque effacée, les faisait briller.

Le jeune homme se pencha vers elle ; la succube retint sa respiration. Dans un souffle léger, il déposa un baiser sur son front, là où la chair s'était lentement refermée après la perte de sa corne.

Le cœur de la licorne se mit à cogner contre ses côtes ; un énorme vent d'espoir gonfla son poitrail.

Elle avait réussi. Alban avait tué le dernier, et le plus terrible, de ses démons.

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