LE MURMURE D'UNE RENCONTRE

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Arrivée à ma station, je sors du bus. Brrr… Qu’il fait froid ce soir. J’enfonce mon béret sur ma tête et avance d’un pas rapide.

Enfin installée dans mon canapé après cette longue journée, je souffle doucement. Mon corps se relâche peu à peu, mes jambes repliées sous moi.

Douch’ka, ma fidèle compagne, s’étire avant de venir se lover contre moi.

Un instant de calme… Puis, en ouvrant ma boîte mail, je découvre ton message Un sourire naît sur mes lèvres en voyant le nom de François s’afficher.

Après une longue journée, me voici enfin installée confortablement. Douch’ka, fidèle compagne de mes soirées, s’étire avant de venir se lover contre moi. Un instant de calme… Puis, en ouvrant ma boîte mail, je découvre un message

— Bonsoir, tu as passé une bonne journée ?

Je prends quelques secondes pour répondre, tapotant distraitement sur mon clavier.

— Oui, dans l’ensemble, c’était bien. Et toi ?

— J’ai passé une excellente journée aussi… grâce à toi !

Mon sourire s’atténue légèrement, intriguée.

— Ah bon ? Et pourquoi ?

— Je n’ai cessé de penser à toi aujourd’hui.

Douch’ka relève la tête, intriguée par mon expression. Comme si elle sentait que cet échange n’était pas anodin.

— Ah !

J’inspire, je refoule cette émotion qui pourrait m’envahir.

— Oui, j’ai voulu bien commencer ma journée en te faisant un petit coucou. J’espère que cela ne t’a pas dérangée ?

Quelqu’un pense à moi ? Vraiment ? Ces paroles, simples, mais si puissantes, résonnent en moi. Cela faisait tellement longtemps !!

— Non, du tout ! J’ai même été étonnée de lire un texto si tôt… Tu te lèves toujours à l’aube ?

— Oui, question d’habitude, et puis je dois m’occuper d’Alicia.

J’effleure distraitement la fourrure de ma chatte.

— Ah oui, c’est vrai… Et en quelle classe est-elle ?

— CM2. Une vraie tornade, toujours pleine d’énergie !

Je souris, j’imagine la scène. Je me revois, assise sur le banc du parc, suivant du regard mon fils courir sans relâche, monter et descendre du toboggan.

Une vague de nostalgie monte. Ma poitrine se serre, oppressante, comme si l’air peinait à circuler.

— Ça doit bien t’occuper !

— Oh oui… Mais j’adore ça. On a une belle complicité. Même si parfois, elle a son petit caractère bien affirmé.

— Ce qui est normal, à cet âge.

Je prends une inspiration avant de relancer la conversation.

— Et toi ? Tu as des enfants ?

Je marque une pause . Une seconde de silence qui semble s’étirer, comme si les mots tardaient à venir, hésitants.

— Oui, j’ai un fils.

Une chaleur discrète se répand sous ma peau, étrange et enveloppante.

— Ah ! Quel âge a-t-il ?

Une pensée furtive me percute.

— Il est adulte maintenant… Il est parti vivre au Japon.

Je sens une tension discrète monter en moi, mon souffle se fait plus court, presque imperceptiblement.

— Il travaille là-bas et s’est construit une nouvelle vie. Il a toujours été très indépendant… mais ce n’est pas toujours facile pour moi.

— J’imagine… Le voir partir aussi loin, ce doit être particulier.

Comme une vieille habitude, mon esprit dérive vers un souvenir. Celui de notre première piscine. Son regard hésitant, son corps tremblant. Je l’enlaçais, le soulevais doucement. Son petit corps contre le mien, sa peau contre ma peau. Une vague de tendresse me submerge, brutale, poignante.

— Oui, mais je suis fière de lui. Il est heureux, et c’est l’essentiel.

Un silence. François semble réfléchir avant de répondre.

— Je comprends. Avec Alicia, je me demande parfois comment elle sera plus tard… Si elle prendra son envol aussi loin.

— Ça fait partie de la vie. Mais je crois qu'on n'est jamais vraiment prêt à les voir partir. Un frisson monte.

Je fixe mon écran, sentant une idée traverser mon esprit. Une question qui me brûle les lèvres.

Je finis par écrire :

— Et… Pourquoi as-tu ta fille avec toi ?

François met plus de temps à répondre cette fois.

— Sa mère est partie quand Alicia était encore bébé.

Je reste immobile, mes doigts suspendus au-dessus du clavier. Une boule se forme dans ma gorge.

— Partie ? Comme ça, du jour au lendemain ?

— Oui… Elle a pris ses affaires et elle est partie, sans se retourner.

— Et comment as-tu fait pour expliquer ça à ta fille ?

Je fixe l’écran, observant le silence qui s’installe.

— Pendant longtemps, elle n’a pas posé de questions. Je crois qu’au début, elle pensait que c’était normal… Que certaines mamans n’étaient juste pas là.

Ces mots me touchent profondément.

— Et maintenant ?

— Maintenant, elle sait. Elle me demande parfois pourquoi sa mère est partie, mais je n’ai pas vraiment de réponse à lui donner.

— Ça ne doit pas être facile…

— Non. Mais je fais tout pour qu’elle grandisse avec tout l’amour possible.

Je prends une respiration plus longue avant de répondre.

— Elle a de la chance de t’avoir.

Une seconde d’hésitation. Écrire ces mots me semble étrange, presque trop personnel.

Il y a un moment de blanc, puis son message s’affiche.

— Merci, ça me touche.

Un court instant, la conversation semble s’apaiser. Puis François relance, curieux :

— Et sinon, en dehors du travail et des responsabilités… Tu as des passions ?

Je souris, une lueur amusée dans les yeux.

— Oh oui ! J’adore la lecture et l’écriture. Ça me permet de m’évader, de poser mes pensées…

— Tu écris ? Quel genre ?

Son intérêt soudain me fait hausser les sourcils, légèrement surprise.

— Plutôt des récits, parfois des histoires inspirées du quotidien.

— C’est génial ! J’aime beaucoup lire aussi.

Je ris doucement.

— Ah oui ? Tu lis quoi ?

— Des romans historiques, mais aussi des récits de voyage. Ça me fait rêver.

Je hoche la tête, agréablement surprise.

— Moi aussi, j’adore tout ce qui touche aux voyages…

Douch’ka pousse un léger miaulement, me rappelant à la réalité. Je lui lance un regard complice, comme si elle voulait me dire qu’elle aussi, aimerait partir à l’aventure.

— J’ai vraiment apprécié discuter avec toi ce soir.

Un sourire éclaire mon visage. Son message me touche plus que je ne l’aurais pensé.

— Moi aussi, c’était un échange très agréable.

Douch’ka me regarde, réclamant mon attention avec insistance. Je ris doucement, amusée par son exigence.

— Je vais te laisser, je commence à sentir la fatigue.

— Je comprends. Passe une belle soirée.

— Toi aussi, à bientôt.

— À bientôt.

Je relis mon dernier message une dernière fois avant d’appuyer sur "envoyer".

Un souffle léger s’échappe de mes lèvres. Un échange doux, sincère, dans cette routine.

Cette conversation, cette rencontre… Une première connexion qui commence à se tisser. Rien d’extraordinaire, et pourtant, quelque chose flotte dans l’air. Un écho subtil, une trace de ces échanges qui trottent encore dans mon esprit.

Douch’ka s’étire, indifférente à mes pensées, et vient se pelotonner contre moi. Son ronronnement discret résonne dans le silence apaisé de ma chambre.

Je me glisse sous les draps, tirant la couette un peu plus sur moi.

Mon regard se perd un instant vers le plafond, avant que mes paupières ne deviennent lourdes.

Cette journée s’achève, mais un petit frisson d’intrigue reste ancré en moi.

Je ferme les yeux, laissant mon esprit vagabonder encore quelques instants, bercée par les souvenirs de cette première conversation.

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