Chapitre 2
Chapitre 2
Seize heures, je prends le bus : il est déjà bondé de passagers.
Je me fraye un chemin vers le fond pour ne pas avoir à subir les regards et m'assois côté fenêtre.
Dehors, ça marche, court, virevolte en tous sens, telles des mouches.
Décembre est là. Ouf ! Dans quinze jours, les vacances scolaires. Je vais pouvoir souffler un peu, je suis épuisée à travailler sans cesse.
D'un côté un trente-cinq heures, nounou le reste du temps libre. À peine ai-je fini un travail que je me précipite dans l'autre et je n'ai pas un moment de répit.
Suis-je la seule à me battre, à lutter chaque jour sans la certitude d'un lendemain meilleur ?
La seule à avoir le visage triste, la mine blafarde, le regard perdu dans mes pensées ?
Je me sens seule, vraiment seule, personne vers qui me tourner. Juste cette unique compagne. Sans bruit, elle est venue dans ma couche, s'est invitée à ma table.
Insidieusement, elle s'est installée dans ma vie.
Je comprends mieux à présent sa puissance. Solitude.
À l'extérieur, des couples marchent main dans la main, ils respirent le bonheur. Je les envie.
Oh ! Mon Dieu ? Donne-moi un homme ! Qu'il sache m'aimer, m'envelopper de douceur, de caresses, me couvrir de ses désirs ardents.
Laisse-moi goûter la passion, sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, me blottir contre lui, pleurer au creux de ses bras.
Accorde-moi la faiblesse.
Sur la vitre, j'aperçois mon visage. Je suis vraiment vilaine, avec ces rides inscrites sous mes yeux et sur le contour de mes lèvres.
Dans peu de temps, je ressemblerai à un parchemin.
Sourire. Quelle idée ? Le bonheur m'a oublié sur le chemin de l'existence. Mon seul souvenir, ma mère qui me disait "Toi et ton air renfrogné !" Alors pourquoi se risquer à un rictus ?
Mes cheveux, eux, ont l'air d'avoir été coupés aux quatre vents et je dompte ma crinière comme je peux.
Quel homme voudrait d'une femme comme moi, une femme qui ne fait que survivre ?
Annotations
Versions