Chapitre 5
Les parents me confièrent les clés de leur domicile au bout du deuxième jour.
J'ouvre la porte.
Le papa est là. Il m'accueille toujours avec un grand sourire.
Je n'aime pas la gentillesse. Elle me déstabilise. Je ne m'attarde pas. Je réponds rapidement à son bonjour.
C'est un homme agréable. La quarantaine, grand, cheveux châtains, yeux noisettes.
Sa femme est urgentiste. D'allure élancée, blonde, cheveux courts. Ses tenues vestimentaires vont dans le même sens, été comme hiver, des slims, des pulls sobres mais toujours en cachemire.
Est-ce que l'on naît riche ? Sommes-nous tous égaux face à la richesse ? Comment devient-on riche ? Dès leur naissance, les riches reçoivent plus que les autres. Mieux armés dans la vie, ils ne se posent pas la question des fins de mois, vont chez les médecins sans retenue.
- Bonjour, Kalia !
- Bonjour, Monsieur.
- Avez-vous passé un bon week-end ? Ah oui ! J'ai toujours tendance à oublier que vous travaillez ces jours-là.
- Ce n'est pas grave.
- Ah ! Au fait, je n'ai pas eu le temps de m'occuper du linge, ni des courses ! J'avais des clients importants à voir aujourd'hui.
- Je vais m'en occuper, Monsieur.
- Oui ! Faites au mieux.
Il retourne dans son bureau.
Je reste là, désappointée, au milieu de tout ce désordre. J'ai le sentiment d'un éternel recommencement. Je fatigue.
Je file dans la salle de bains, je sors le linge propre de la machine, le mets à sécher dans le sèche-linge, relance une autre lessive. Mon Dieu ! Tous ces vêtements avec trois enfants !
Repars dans la cuisine et là ! Une table encore encombrée des restes du petit-déjeuner : tasses de chocolat, céréales, sucre, confiture. Je me tourne vers l'évier où s'entassent casseroles, bouteille de lait renversée, sets de table maculés de confiture. Les chaises surchargées de blousons, pyjamas, chaussettes.
J'ouvre le frigo. Le Sahel !
- On mange quoi ? ce soir me demande Pierre !
- Pâtes ! Je lui répond.
Extenuée, éreintée, tel un spectre dans la nuit, je marche sans bruit à la lueur des réverbères. Soudain, un chat passe devant moi "Salut Minou !" Il s'arrête, me regarde, repart. Je demande à un félin en mode miniature comment il va. La folie me guette-t-elle ?
Je lève les yeux.
Aucune étoile dans ce ciel parisien ! Te souviens-tu, papa ?
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