Chapitre 6
Lorsqu'assis dans l'herbe humide, près de l'eau, silencieux, nous admirions les étoiles, te souviens-tu, de nos parties de pêche ainsi que de ce paysage d'Auvergne ? Le vieux pont au style roman que tu traversais pour atteindre l'autre rive de la Sioule, là où un magnifique château médiéval du onzième siècle surplombait la rivière.
Lors de nos promenades, nous grimpions jusqu'au belvédère, nos yeux toujours émerveillés par cette vallée encaissée, entourée de mille chênes.
Parfois, nous étions distraits de notre contemplation par une sorte de miaulement qui nous faisait lever les yeux vers le ciel. Nous avions l'honneur de regarder des buses tournoyer au-dessus des montagnes.
Assis sur la berge.
Coiffé de ton grand feutre vert, au style cow-boy, patiemment, tu guettais les touches. Lorsqu'une truite se manifestait, doucement, sans bruit, habillé de ton wader, tu t'enfonçais dans l'eau.
Avec une précision chirurgicale, tu t'appliquais à poser la mouche sur l'affamée, puis, d'un coup sec, tu ferrais ce pauvre salmonidé. Si celle-ci se décrochait, tu reprenais le ballet avec ton lancé de soie, 12h, 14h.
La Sioule majestueuse qui ne s'admire qu'en silence, elle qui ressemble à l'Amazone avec ses rondeurs, elle qui se dessine sous une forme de goutte, elle court, serpente entre les hautes montagnes.
Tu me manques.
Déjà trois ans. Toi qui m'avais toujours dit que je n'aurais pas une vie facile : "Tu seras toute seule à élever ton fils et ta mère" Oui, ma mère ! Et son amour maternel... Oui, ma mère ! Et son éternel état dépressif....
Tu vois, le vilain petit canard ne s'en est pas trop mal sorti malgré tout ! Mais je n'ai pas fini, je vais encore avancer, je serai quelqu'un.
Je te le promets.
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