chapitre 7
Focus : Devenir riche.
En me déshabillant dans la salle de bain, je regarde ma carcasse, par endroits, elle a les couleurs d'un fruit trop mûr, normal ! À toujours me heurter contre le mobilier des chambres, je ne prête guère attention aux coups que je m'assène.
Malgré tout, je me permets de détailler mon corps. Et d'en ressentir une certaine satisfaction : mes seins n'ont pas encore la forme de gants de toilette, mon grand fessier reste encore ferme, point de culotte de cheval à l'horizon et les disgracieuses ailes de chauve-souris ne sont pas trop apparentes, par contre les abdominaux sont à redessiner.
D'allure encore digne, je n'ai pas une démarche voûtée.
Et pourtant, Dieu seul sait que je ne m'aime pas ! Tu as vu maman ? Toi qui aimais tant à me dire : "On verra dans quel état tu seras à mon âge !" Je n'ai pas encore atteint cet état de délabrement irrémédiable mais, je te le concède, il faut que je prenne soin de moi, je ne veux plus rester ainsi, ni ici.
Je veux sortir de cette petite vie, gluante, végétative. M'extraire de cette populace qui : m'étouffe, m'emprisonne, m'exaspère. Je ne veux plus être cette petite femme de chambre qui a élevé seule son petit génie.
Je ne veux plus ressentir cette angoisse qui me suit à chaque moment.
Savoir prendre des risques, c'est savoir grandir.
Et quand bien même, sur le chemin de l'apprentissage, si je devais subir un échec, je le surmonterais, si un arbre venait à me faire obstacle, je l'abattrais, si un rocher venait à me faire chuter, je me relèverais, si un mot venait à me faire défaut, c'est avec des livres que je le combattrais.
De toutes ces embûches, je sortirais plus forte, grandie.
Descartes le disait bien : "La volonté est tellement libre de sa nature qu'elle ne peut être sans contraintes."
Une phrase me revient en mémoire, celle de mon fils qui un jour m'avait dit : "Il faut que tu t'éduques, maman !"
Si je me bouge, la Terre entière bougera avec moi ! Je veux lui faire savoir que j'existe ! Je veux qu'elle garde en mémoire mon empreinte.
Plan d'action : Visionner les conférences de Tony Robbins, lire, réorganiser ma vie, optimiser mes temps libres, prendre rendez-vous chez l'orthodontiste, m'inscrire dans une salle de sport.
Aujourd'hui une page se tourne.
J'ai pris rendez-vous dans un centre dentaire. Je rentre dans la salle d'attente, je ne suis entourée que d'adolescents aux dents presque parfaites.
Je ne suis pas à mon aise, prête à fuir.
D'un bond, je me lève. Trop tard ! J'entends mon prénom.
- Kalia !
- Oui...
- Oh ! Veuillez m'excuser, Madame, en règle générale nous ne recevons que des enfants !
- Ce n'est pas grave.
- Allongez-vous. N'ayez crainte vous ne sentirez aucune douleur.
L'orthodontiste me tend un miroir.
- Serrez les dents, s'il vous plait
Je m'exécute.
Bêtement. Je grimace et découvre un sourire en acier. Le Transsibérien. Le Paris-Moscou. Une vraie ligne de chemin de fer est collée à mes dents.
Qu'importe ! Je suis la plus heureuse femme de la terre et dans quelques temps, j'arborerai un sourire digne d'une célébrité hollywoodienne. Après plusieurs recommandations de l'assistante, je sors du cabinet en liesse, ma joie est commutative.
Le processus est enclenché.
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