Synchronies, entre Terre et Lune

— Sommes-nous parés ?

— Oui, monsieur. Nous n’attendons plus que vos ordres. Quand…

 La femme s’interrompit un instant, hésita quant au terme à employer, puis finit par dire :

— Quand cela doit-il arriver ?

 L’homme répondit avec calme et clarté, timbre de voix définitif :

— Tout se met en place. La folie guide leurs choix, dans trois jours tout au plus, notre sort sera fixé.

 Trois jours, pensa la femme, trois jours et nous serons tous orphelins.

— Monsieur, commença-t-elle en balbutiant, la voix chevrotante, comment avez-vous su ?

 Elle entendit l’homme expirer, il devait être las, il y avait de quoi. L’humanité tout de même, ce n’était pas rien. Son sort en était jeté. L’homme répondit :

— Cette chose, aussi divine soit-elle, répond à des impératifs. Avec elle, un mystère en couve deux autres. En résoudre un ce n’est jamais que nous plonger plus intensément dans le trouble du second. Contentons-nous de survivre et de remercier le ciel de nous avoir permis de décrypter ses messages à temps.

— Oui, vous avez raison. Mais je ressens encore de la peine pour tous les humains. Ce devenir. Ce devenir si soudain et cataclysmique, je ne m’y résigne pas.

— Faites-lui confiance, elle a un plan. Elle en a toujours eu un. Quoi que cache sa logorrhée, nul doute pour que son projet soit plus élaboré que tout ce que l’esprit humain ne pourra jamais concevoir. Bien, préparez mon arrivée. Je règle quelques détails sur Terre et vous rejoins sous peu sur la base. Connaître son projet et le voir se concrétiser est l’ultime souvenir que je souhaite emporter avec moi avant le grand saut. Si je ne meurs pas avant.