37
Iphis, espace
— Où on va ? demanda Shri.
— Nous allons chercher ta sœur, répondit Anouké.
Shri rayonna, applaudit des mains, sautilla sur place, et s’écria, enjoué :
— Ma sœur ! Ma petite sœur !
Jaspert prit Shri par les épaules, esquissa un sourire amusé en regardant Anouké, et dit :
— Iphis est ta grande sœur.
— Mais, j’ai été produit avant elle, contesta Shri.
Jaspert lui adressa un sourire, mais n’ajouta rien. L’émotivité et la sensibilité de Shri avaient fait de lui, dès son adoption par Jaspert, le petit dernier de la jeune famille, le petit bonhomme.
La pyramide s’approcha de la lune avec facilité, en un rien de temps, si rapidement que l’équipage ne se rendit compte de rien.
— Nous y sommes, dit la pyramide. Iphis se trouve dans ce vaisseau.
La pyramide fit apparaitre un hologramme sur la table centrale. Ils virent l’image tridimensionnelle de l’Arche, échappèrent des onomatopées d’étonnement, demandèrent ce qu’était ce vaisseau si gigantesque.
Soudain, une onde de choc les secoua tous
— Oh ! firent-ils à l’unisson.
La lumière à bord vacilla, clignota, puis se stabilisa.
— Il se passe quoi ? demanda Bjorg. J’ai eu comme un défaut, une baisse subite d’énergie. Vous aussi les garçons ? demanda-t-il à Archibald et à Shri.
Les deux androïdes acquiescèrent, la pyramide ajouta :
— Ils n’y vont pas de main morte, là dehors ! J’ai été secouée aussi !
John se pencha sur l’hologramme, observa l’Arche. Le vaisseau était entouré de spasmes lumineux. Puis il plongea dans le noir total.
— Une IEM. C’est une impulsion électromagnétique. J’en ai vu quand j’étais plus jeune. Celle-ci était monstrueuse. Mais attendez, il y a des vaisseaux dehors.
John se pencha jusqu’à l’intérieur de l’hologramme, les autres l’imitèrent.
— Il y a des navettes armées, cinq qui s’approchent de ce gros vaisseau. Mais bon Bouddha ! Qu’est-ce qu’elles font ?
Les vaisseaux alignés les uns à côté des autres faisaient rougir leurs canons dans l’obscurité. Ils devinrent écarlates, en jaillirent des jets plasma qui filèrent en direction de l’Arche, puis touchèrent sa coque, tous centrés sur un point d’impact.
— Oh ! fit l’équipage de la pyramide.
John fit un zoom, fixa la coque de l’Arche. Il regarda le point d’impact incandescent avant de dire :
— La structure est endommagée. Je ne sais pas combien de temps elle résistera. Ces salauds de l’empire ! Si ton amie est à bord, il faut faire vite.
— Envoyez-moi dans l’espace, dit un Georges stoïque, je peux tous les détruire.
— Blawrf !
Jack, il n’avait pas tort. Jaspert, il acquiesça.
— Oui, renchérit Archibald, ce n’est pas le SA ici, c’est l’espace, vos composants bios vont geler sur place dans l’espace.
— Ce ne serait pas une mauvaise idée…
C’était Anouké. Jack était d’accord avec elle.
— Jack a raison, Georges, répondit Bjorg. Prenons le temps d’étudier la situation.
— Oui, dit Jaspert, il faut élaborer un plan d’attaque. Comme dans le ça.
Archibald hocha la tête. Anouké les observa tous, elle bouillait :
— Non, mais ça ne va pas la tête ! Attendre ? Et puis quoi encore ? Attendre qu’Iphis se fasse tuer ? Hors de question ! Eh, pyramide ?
— Oui ?
— Tu peux nous aider ?
— Oui.
— Alors détruits les tous !
Sa fille, il ne fallait pas y toucher !
Des cris de contestation s’élevèrent. Georges dit que c’était une bonne idée, Jack blarwfa, Jaspert demanda si ce n’était pas un peu trop définitif, comme Bjorg, John eût voulu sa caméra et tout filmer, Archibald murmurait qu’une autre voie était possible, Shri suppliait que l’on sauve sa sœur.
Puis la pyramide prit la parole :
— Je peux me placer entre eux et le vaisseau. Ils ne me verront pas. Nous ne tuerons personne et nous protégerons Iphis des tirs ennemis.
Ils se turent, se regardèrent tour à tour, s’accordèrent sur cette solution. C’était un bon compromis.
— Alors, allons-y.
Elle vogua dans l’espace, subrepticement, camouflée. Ils passèrent à proximité des pilotes, distinguèrent leurs casques, leurs visières de combats. Sous les ailes de leurs vaisseaux, les canons se rechargeaient, rougis par le plasma en ébullition.
Nouveaux tirs.
— Vite ! hurla Anouké.
La pyramide fit un saut dans l’espace, un saut de puce, instantané, elle se retrouva sur la trajectoire des jets. Elle ne broncha pas, absorba l’énergie.
Anouké demanda :
— Ça y est ?
— Oui, répondit la pyramide.
— Et on fait quoi maintenant ? Comment se rendre sur le vaisseau ?
— Je peux me coller à lui, faire bouclier de mon corps et vous déposer à bord.
— Ils ont subi une IEM, rétorqua John. Plus aucun de leurs systèmes électroniques ne doit fonctionner, c’est impossible d’entrer à bord, sauf à percer leur coque.
La pyramide eut un sourire, la flamme sur la table de commandement, sa représentation à bord, ondula.
— Vous vous trompez. Il y a à bord de ce vaisseau quatre zones isolées, protégées, et encore alimentées. Et je peux ouvrir l’une des portes en partageant un peu d’énergie. Vous pourrez alors monter à bord.
— Eh bah alors ? Qu’est-ce qu’on attend ? demanda Jack.
Enfin une mission sérieuse, il était prêt, il avait fait l’armée.
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