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Communication, Espace
— Astraia ? Astraia ?
Candice tâtonnait, avançait à l’aveugle, sa main gauche contre la paroi du vaisseau. Le silence qui emplissait l’Arche la saisit, l’inquiéta. Elle sentit une bosse sur son front. Sonnée. Elle se remit debout, chancela, se tint à la carlingue.
— Mathias ?
Un sifflement perfora ses tympans, un choc sur sa droite. L’Arche tangua, crissa, tout son corps animé par la souffrance des impacts.
Candice plaça ses mains contre ses oreilles, grimaça, bouche tordue. Ça faisait un boucan d’enfer. Puis les bruits cessèrent, l’Arche se stabilisa. À ses côtés, une fumée grise, opaque, suffocante, la fit tousser. Une brèche.
Une lumière apparut derrière elle, puis une ombre la dépassa. Elle sursauta quand Mathias l’alpagua :
— Candice ! Nous devons avancer, rejoindre la soute sécurisée. Allez ! Maintenant !
Mathias la saisit, la força à se relever, il pointa le faisceau de sa lampe mécanique devant eux. Il l’emporta. Ils arrivèrent au bout du couloir, prirent l’escalier sur leur gauche, descendirent. En bas, ils empruntèrent une nouvelle coursive avant d’arriver dans un hall. Ils s’arrêtèrent devant une double porte à ouverture manuelle.
— C’est l’accès aux soutes principales.
Il accrocha de ses deux mains le volant mécanique, le fit pivoter. Les portes s’ouvrirent. Ils pénétrèrent dans une nouvelle salle. Devant eux, quatre portes à un battant. Il referma et éclaira la porte surmontée de l’inscription 4.
— C’est la zone médicalisée. Elle est isolée des charges électromagnétiques. Toutes les soutes le sont. Allez, viens, suis-moi.
Il déverrouilla la porte, la tira vers lui. Un filet lumineux passa par l’entrebâillement, et, enfin, la lumière vive de la zone médicale les éblouit. Une main devant les yeux, ils s’avancèrent à bord.
Des centaines de lits médicalisés étaient alignés sur leur droite, couffins blancs surmontés d’un couvercle transparent.
— Les unités cryogéniques.
— Oui, et pas que. Un système de régénérescence bio les équipe tous, de même qu’un module de transplantation biotechnologique. On ne trouvait pas mieux sur Terre. Suis-moi. Si le drone a réussi, alors ton amie se trouve derrière ce sas, dit-il en désignant la porte du fond.
Il parcourut la longue salle, déverrouilla une armoire, en sortit deux combinaisons, en donna une à Candice.
— Pourquoi ? demanda-t-elle.
— On ne sait jamais. Si l’IEM a été déclenchée avant la fermeture du quai de chargement, c’est le vide derrière.
Il enfila la blouse, plaça ses jambes dans le tissu, remonta la combinaison contre son torse, et passa ses mains dans les manches. Il positionna la visière contre son visage, masque à oxygène collé à son nez et à sa bouche, et, s’assurant qu’elle était correctement ajustée, il appuya sur un panneau de contrôle situé au poignet.
La combinaison fut gonflée, soufflée, emplie d’air. Elle se rigidifia, ses coutures autothermocollées. L’interface tête haute afficha le niveau d’oxygène et les constantes vitales, un hautparleur interne annonça :
Réserve d’oxygène, 72 heures. État de la combinaison : optimal.
Ils se regardèrent, hochèrent la tête, parés.
Mathias ouvrit l’accès au sas de décompression. Ils y pénétrèrent, refermèrent derrière eux. Encore une porte. Au-dessus d’elle, une lampe verte clignotait, indiquant la présence d’oxygène de l’autre côté.
— Elle clignote, annonça Mathias. On peut y entrer, mais une anomalie a été détectée.
Candice, elle ne voulait plus perdre de temps. L’anomalie, c’était Iphis. C’était tout, rien de plus. Pour elle, ce n’était que ça. Elle déverrouilla la porte.
Ils pénétrèrent dans la soute, pour rester figés sur place.
— Mais bordel ! C’est quoi l’embrouille ?
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