Bonjour !! Voici le troisième chapitre de "Les Clans"! Bonne lecture !!  

« Oui, l'armée des Rebelles. »

Alors elle existe réellement... Je ne sais pas quoi dire. Cela fait si longtemps que j'ai éradiqué de mes pensées la possible existence de ce groupe.

Je fixe mon interlocuteur, muette et choquée. Il m'observe un instant, le sourire aux lèvres, avant de reprendre la parole :

« Mon équipe et moi avons reçu l'ordre de vous amener auprès de notre Général. Nous avons dû tuer la femme qui vous accompagnai et les soldats qu'elle partait rejoindre. J'ai ensuite dû vous droguer pour remplir totalement cette mission. Vous vous trouvez actuellement au Quartier Général de l'Armée des Rebelles, dans la partie réservée aux soins. »

Il me fixe, son sourire devenant une mine soucieuse, avant de continuer :

« Je pense que tout ceci doit être difficile à intégrer, mais je vous prierais de me croire sur paroles : je ne peux vous prouver que nous sommes effectivement dans un tel lieu, nous ne pouvons rejoindre la surface sans autorisation... »

Je sors soudainement de ma torpeur :

« Nous sommes sous terre ?

_ Oui, me répond-il. Plus exactement au nord du Territoire, loin de nos ennemis. Euh... vous arrivez à intégrer cette idée sans preuves ?

_ J'y suis bien obligée... pour le moment. Mais cela ne signifie pas que je vous fais totalement confiance : n'oubliez pas que vous m'avez droguée.

_ Je ne peux pas l'oublier. Je ne me le permettrais pas non plus. »

Je reste muette quelques instants puis demande :

« Quand pourrais-je rencontrer le Général Alen ? J'ai crus comprendre par vos paroles qu'il était à l'origine de ma présence ici.

_ C'est bien cela. Je vous mènerais à lui quand votre état vous permettra de vous déplacer sans problèmes... En attendant, je vous prierais de vous reposer.

_ J'ai compris, dis-je en soupirant. »

Je me lève difficilement du lit puis, posant les pieds au sol, essaie de marcher. La douleur qui transperce mon flanc gauche m'arrache des larmes mais j'arrive à avancer. Lorsque j'arrive au niveau du soldat Tomas, celui-ci se lève, décidé à m'aider et me soutient dans mon effort.

Il m'aide à passer la porte. Nous nous engageons dans un couloir blanc du sol au plafond. Le carrelage, la peinture, les néons... tout est blanc.

« Pourquoi tout ce blanc ? articulé-je, éblouie.

_ Cela nous permet de conserver une certaine habitude à la luminosité naturelle, afin de ne pas devenir aveugles lorsque nous remontons en surface, répondit-il. »

J'hoche la tête. Nous continuons de marcher, traversant ces couloirs aussi blancs que silencieux. Nous atteignons une porte, blanche, quelques minutes plus tard. Tomas se détache de moi quelques secondes, après m'avoir déposée au sol, afin de toquer à la porte.

Il frappe trois fois au centre de la paroi puis une fois en haut et une fois en bas avant de s'éloigner. La porte s'entrouvre et il m'aide à me relever doucement du sol. Nous nous laissons alors glisser par l'ouverture.

Nous arrivons dans une pièce sombre meublée d'un simple bureau en bois et de quelques sièges, l'un d'eux occupé par un homme de petite taille. À notre arrivée, celui-ci se lève... ce qui ne changea en rien sa taille. Tomas le salue de la tête et prend alors la parole :

« Général, voici Mademoiselle Ettel, Mademoiselle, je vous présente le Général Alen. Vous souhaitiez vous entretenir avec elle Monsieur ?

_ C'est bien cela. Vous pouvez disposer, Soldat.

_ ... Avec votre permission, je souhaiterai assister à cette entrevue s'il-vous-plaît, dit-il en me lançant un regard de coin.

_...très bien, prenez place, dit-il, s'asseyant dans son fauteuil. »

Tomas m'aide à m'assoir sur une chaise avant de se placer près de moi.

« Commençons. Mademoiselle Ettel, j'irais droit au but : je souhaite vous intégrer au sein de mon armée. Vous serez gradée Colonel dès votre entrée dans nos rangs et aurez ainsi la possibilité de combattre à nos côtés, de diriger et de prendre des décisions avec nous autres supérieurs. Vous jouerez donc un rôle important dans le sort de notre armée, et en quelque sorte, dans le sort du Monde. »

Il fait une pause, me fixe du regard, et reprend :

« Qu'en dites-vous ?

_ Je vous remercie pour cette offre alléchante mais je me dois de refuser : je ne crois pas à l'existence de votre armée. Je n'y crois plus. Ce lieu n'est pas une preuve suffisante : si personne ne l'habite, je ne vois pas comment je pourrais le considérer comme le quartier général de quoi que soit.

_ Je vois...

_ Merci. Sur ce, si vous n'avez plus besoin de moi... »

Je me lève avec difficulté et rejoins la porte. J'ouvre celle-ci et sors dans le couloir. Alors que je vais la refermer, le Général reprends la parole :

« Je n'en attendais pas mieux d'une jeune fille comme vous, Mademoiselle.

_ ...

_ Une princesse telle que vous... »

Je n'arrive pas à l'ignorer, je réplique :

« Je ne vois pas en quoi ma généalogie influence mon choix : toute personne sensée aurait pris la même décision. On ne peut s'engager dans quelque chose dont l'existence n'est pas prouvée. Et je ne suis pas plus princesse que vous n'êtes à la tête d'une armée, Général.

_ Ahah !! Vous persistez donc à croire que l'Armée des Rebelles est inexistante ? Bien, mais sachez que votre généalogie n'influence peut-être pas vos choix mais qu'elle a une certaine influence sur la position actuelle du monde. Dois-je vous rappelez Mademoiselle, que vos parents sont à la source de nos problèmes ? Qu'ils sont à l'origine de la Première Guerre, celle qui a engendrée ces conflits actuels auxquels nous sommes confrontés ?

_ Je sais déjà tout cela, Général, mais merci. Et sachez, de votre côté, qu'on ne peut admettre l'existence d'une armée quand le QG de celle-ci est rempli de couloirs vides.

_ Dans ce cas, que diriez-vous de rendre visite à nos troupes, Princesse ?

_ Menez moi donc à ces fantômes. »

J'entends un bruit de chaise. Tomas sort de la pièce, me tend la main et me guide à travers les couloirs.

Pendant que nous marchons, traversant couloirs et salles vides, nos pas résonnent sur le sol. Ce bruit me rappelle de mauvais souvenirs : le bruit de mes pas solitaires enjambant seuls des cadavres défigurés dans le palais royal quelques années auparavant... mes pieds nus couverts de sang...

Des bruits de vie me sortent de ma torpeur. Des bruits de pas sur le sol, des rires d'enfants, des voix étouffées par la distance qui nous sépare. Je m'arrête. Je ne peux le croire. Cet endroit est vide. Cette armée est inexistante. Mon espoir de renverser l'ordre du monde s'est évanoui depuis longtemps. Ce ne peut être vrai, j'ai imaginé ces bruits.

Je me tourne vers mon guide. Il me regarde, un sourire au coin des lèvres puis m'entraîne à nouveau vers notre destination.

Je les vois. Les propriétaires de ces bruits. Toutes ces personnes.

Elles sont en train de s'atteler à des tâches particulières. Je vois des femmes, des hommes qui transportent des armes dans leurs bras, les nettoient, les passent à leurs voisins... Je vois des enfants rassemblés dans une pièce, assis au sol autour d'une femme qui leur fait la lecture. Je vois tous ces gens occupés à leur travail.

Lorsque nous arrivons près de l'encadrement de la porte, Tomas frappe deux fois du talon sur le sol. Toute activité cesse. Tous les regards se tournent vers nous. Ils délaissent leur travail et nous salue, articulant tous en cœur :

« Bienvenue à toi, Princesse. »

J'ai la tête qui tourne, mon corps s'effondre presque. Je leur rends leur salut et m'avance vers eux, lâchant Tomas, supportant seule ma douleur. Arrivée à leur hauteur, une femme m'apporte un siège. Tous m'invitent à m'asseoir. Je leur obéis. Ils s'approchent alors de moi, et chacun leur tour, se présentent. Ils me font part de leur prénom, leur nom, leur âge, leur rôle dans cette Armée...

Je leur réponds en me présentant à mon tour, même si tous paraissent me connaître. Peu font attention à mon véritable nom et prénom, tous ont ce mot à la bouche : Princesse...

Ce mot que je ne veux plus entendre prononcer... bien qu'ils l'emploient tous avec un profond respect, ce mot me met intérieurement en rage. Je déteste que l'on me nomme ainsi, « je suis une fille comme les autres, je n'ai pas besoin de ce titre !! » ai-je envie de crier.

« Vous allez bien, Princesse ? me demande Tomas, s'approchant de moi.

_ Ça va, merci. Mais s'il-te-plaît, ne m'appelle pas comme ça... lui dis-je, me forçant à lui sourire.

_ Bien... Mademoiselle Ettel. »

***

Les minutes se transforment vite en heures. Je reste avec ces personnes, à discuter de l'avenir du Monde et de l'avenir de l'Armée, essaie de les aider à leurs tâches, mais tous me rejettent respectueusement :

« Vous n'êtes pas en état, Princesse. Mais nous apprécions votre envie de nous aider. » et cetera.

Les discutions commencent à s'estomper. Je salue une dernière fois la foule et me dirige vers la sortie, où Tomas m'attends. Tous me saluent avant de repartir à leurs occupations. Nous rejoignons le silence froid des couloirs qui nous mènent au bureau du Général.

Arrivés devant la porte, Tomas toque de la même manière que la première fois et nous pénétrons pour la seconde fois dans le bureau sombre. A la place du Général, un homme reconnaissable entre tous nous fait face :

« Maître Crowl ?!

_ Père... »