Chapitre 16

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— Hey, les petits gars, réveillez-vous ! Bravo !

Gale était accroupi au-dessus des chasseurs de primes et souriait de toutes ses dents.

— C’était expéditif en plus de ça ! poursuivi-t-il plein d’entrain. Bon, tu auras besoin d’une bonne douche, mon bon Jake. Regarde-toi, tu as confondu ton savon quotidien avec des entrailles de drake ?

— Non… maugréa l’intéressé, se réveillant à peine. J’ai dû transpercer ses écailles avec…

— Fascinant ! l’interrompit leur mentor. Dépêchons-nous de nous tirer d’ici, j’ai comme le présentiment que vos petits copains surveillent de près les environs.

Comme pour faire écho à cette parole, des sabots de chevaux retentirent par centaines autour d’eux. Émergeant lui aussi avec difficulté de l’inconscience, Kaufman tenta de se repérer. Ils se trouvaient à l’entrée du tunnel menant à la caverne, au pied des Montagnes.

Tunnel qui avait d’ailleurs disparu. L’épéiste eu à peine le temps de savourer son incrédulité avant d’être tenu en joue par une dizaine de Défenseurs, arc au poing.

Le vieux Gérald, à la tête du détachement sans doute supposé surveiller la caverne au drake, pris la parole d’un air tranquille mais plus ferme que d’habitude :

— Messieurs, voilà plusieurs mois que vous nous donnez du fil à retordre. Enfin, c’est terminé à présent ! Je ne sais pas pourquoi vous avez été assez fous pour penser que revenir ici valait le coup, mais vous êtes faits comme des rats. Rendez-vous.

— Plutôt crever ! cracha Jake en se relevant et en se préparant au combat malgré la fatigue qui engourdissait l’entièreté de son corps.

— Je vais me faire un plaisir d’exaucer ton vœu, petit insolent ! cria Gérald.

Une pierre de la taille d’un poing surgit soudain du néant et vint s’écraser à toute vitesse sur le visage de Jake. L’impact qui aurait dû l’éborgner se contenta de disperser des grains de sable gris de tous les côtés.

Réagglutinant le sable pour reformer sa tête, Jake fut abasourdi par sa propre vitesse de réaction.

Il n’avait vu la pierre venir dans sa vision périphérique qu’à l’ultime moment et n’avait même pas songé à se transformer.

Cette esquive n’aurait pas dû être possible.

— Allons allons mon bon Gérald, fit Gale avec des gestes rassurant, ce n’est pas le genre d’un homme de votre stature et votre âge de s’emporter de la sorte, n’est-ce pas ?

— La ferme, pesta le vieillard. Toi, petit merdeux, je veux n’entendre qu’une seule chose de ta bouche : ou l’avez-vous emmenée ?

L’homme balafré se gratta la tête avant de répondre d’un air faussement gêné :

— Écoutez, je pense qu’on est parti sur de mauvaises bases, vous et moi. Vous savez, malgré les apparences… Non, ce n’est pas le sujet.
Bref, vous ne nous donnez vraiment pas de marge pour négocier là, vous savez ?

— Vous n’êtes pas en état de négocier, bande de moins que rien hors la loi ! cria un Défenseur cerclé 1 aux côtés de Gérald.

Le Défenseur reçu une pierre en pleine figure, encore une fois sans rien pour indiquer la provenance de l’objet. L’homme n’ayant malheureusement pas les réflexes de Jake ou simplement pas le Pouvoir adéquat, il encaissa l’impact de plein fouet. Il tomba avec raideur de son cheval, inconscient.

— Que quelqu’un ramasse cet avorton à la langue trop pendue, ordonna Gérald, la mine sombre. Que voulez-vous ?

— Ah ! Merci de changer de posture, fit Gale visiblement soulagé. Cela nous fera gagner du temps à tous, croyez-le-moi.

— Cessez donc ces simagrées et crachez le morceau… fulmina le cerclé 2, la mâchoire serrée par la fureur qu’il contenait.

— Donnez-nous deux mois.

— Hors de question ! s’écria Gérald. Yakor nous met une pression monstre et je ne vous parle pas de l’état de la cour. Nous sommes sur le point de trouver votre cachette vu les hectares que nous avons quadrillé pendant que vous faisiez je ne sais quoi. Vous n’aurez pas autant de temps.

— Bon, bon, concéda l’homme balafré. Un mois ?

— Vendu. Où ça ?

— Vous ne rigolez vraiment pas aujourd’hui, hein ? Ils ont dû vous en faire baver ! Devant la porte Sud de la capitale.

Le Défenseur accepta d’un hochement de tête.

Jake et Kaufman ne comprenait pas un mot de la conversation des deux hommes.

Semblant se souvenir de quelque chose, Gale ajouta au dernier moment :

— Ah ! Une dernière chose monsieur Gérald ! Nous ne sommes que quatre et vous devez bien remarquer mon incapacité à me rendre utile en cas d’affrontement…

— Et alors ? répliqua le Défenseur.

— Pour respecter un minimum les échelles de puissance présentes lors de la « transaction », je vous demanderais de venir en effectif quelque peu… réduit.

— Vous ne croyez tout de même pas que je vais envoyer trois bleus pour la récupérer ?

— Oh, non bien sûr ! Loin de moi de vous demander un tel geste, cela serait bien grossier de ma part. Non je pensais à autre chose...

Gale se frotta le menton en faisant mine de réfléchir avant de continuer :

— Disons donc… Vous, la sœur, le petit compagnon de jeu de notre bon Kaufman… Kur-quelque chose… Comment s’appelle-t-il déjà ?

— Kurtis… répondit avec impatience le vieillard.

— C’est ça ! Et bien tout ça, plus le nombre de bleus que vous voudrez, ça vous va ?

Un sourire carnassier à peine voilé passa furtivement sur le visage du cerclé 2.

— C’est parfait.

— Au plaisir, à dans un mois alors ! acquiesça Gale. Jake, Kaufman, on rentre !

Les deux intéressés étaient trop déroutés par la situation pour répondre.

— Les enfants ! cria Gérald à son contingent de Défenseurs. On rentre au bercail ! Et fissa !

En un mouvement, tous les chevaux firent demi-tour et en quelques dizaines de secondes, les trois hommes se retrouvèrent de nouveau seuls devant ce qui fut l’entrée de la caverne.

— Vous aviez promis des explications, lâcha d’un ton menaçant Jake.

— En effet, répondit son mentor d’un ton tout aussi sérieux.

— Alors commencez par ça. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Pourquoi ils sont partis comme ça ? Quelle transaction ? Comment se fait-il que nous ne soyons pas encore mort ou en route vers la capitale avec des menottes aux poignets ?

— Vous vous souvenez que j’ai emmené cette chère Marjorie De l’Émeraude, sa majesté, faire une… petite balade, le jour de votre exécution ?

— Bien sûr, affirma Kaufman. Attendez, ne me dites pas que …

— M’avez-vous vu revenir avec elle ou m’avez-vous vu la déposer quelque part ? le coupa Gale.

— Non…

— Et bien, eux non plus ! s’amusa le mystérieux individu.

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