Chapitre 15

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L’entrée de la caverne était toujours là, prête à engloutir Jake et Kaufman dans son obscurité hostile.

Sous le regard inquisiteur de Gale, ils s’enfoncèrent dans la noirceur du tunnel.
Kaufman pensa à Kurtis et l’humiliation qu’il lui avait fait subir. Cela lui redonna un peu de courage et il resserra sa prise sur son épée.

Jake, quant à lui, ne se voyait clairement pas finir ses jours dans la petite vallée tranquille. Lui qui avait passé toute sa vie à fréquenter l’action et le danger, cette vie d’ermite sans embûches ne lui convenait absolument pas. Il avait besoin de l’aide de Gale pour pouvoir retourner à Abta sans se faire éliminer par les Défenseurs, et son mentor leur avait bien fait comprendre qu’ils ne pouvaient plus espérer aucune aide de sa part tant qu’ils n’avaient pas vaincu le drake.

Et ce dernier se trouvait justement de l’autre côté du rideau vert brillant devant eux.
Ils y étaient, de nouveau.
Prenant une grande inspiration, Kaufman passa cette fois-ci en premier à travers la barrière.

La caverne était comme ils l’avaient laissée.

— Pas question de se remettre à chouiner devant d’hypothétiques dieux sortis de nulle part, cette fois, averti Jake après avoir rejoint son camarade.

Ce dernier acquiesça, la mine grave et le regard fixé sur l’énorme drake qui s’éveillait sur le monticule rocheux au milieu de la grotte.

Leur tactique fut cette fois différente : Kaufman parti seul sur la droite pour se cacher derrière une formation de granit pendant que Jake restait immobile face au monstre. Sa cible désormais évidente, le drake fonça en rugissant vers le barbu.
Heureusement, la maîtrise du Pouvoir de l’homme avait évolué : il parvint in extremis à transformer son abdomen avant que trois griffes acérées ne l’éviscèrent. Le drake, emporté dans son élan, perdit quelque peu l’équilibre et offrit une ouverture suffisante à Jake pour son attaque.

L’homme utilisa le sable qui avait remplacé son abdomen pour créer une lance de sable qu’il fixa à sa moitié de bras droit.

Il projeta son dispositif avec toute la force dont il était capable dans le cou de la créature, qui poussa un effroyable cri de douleur et asséna un coup de queue fulgurant à Jake.
Ce dernier fut violemment éjecté de l’autre côté de la caverne dans un vacarme de roche éclatée.

— Merde, jura Kaufman en constatant l’échec de la manœuvre.

L’endroit où avait frappé son camarade avait à peine abîmé une écaille du drake, n’infligeant pas le moindre dégât et n’ayant pour effet concret que d’amplifier la fureur de la créature.

Rapide comme l’éclair, l’épéiste fonça vers son ami et voulut l’aider à se relever, mais le drake fut sur eux bien avant que Jake n’ait pu reprendre ses esprits. Griffes ouvertes, la créature arma sa puissante patte vers Kaufman.

Voyant la mort arriver sur lui, inévitable et cruelle, Kaufman cru une fois encore que sa vie se terminerait à cet instant.
L’épéiste fit soudain par réflexe ce qu’il s’évertuait à répéter encore et encore depuis plusieurs mois et une lumière blanche d’une intensité hors du commun jaillit de sa paume.

Le drake hurla alors et stoppa net son attaque, se roulant en boule pour protéger ses yeux de la lumière brûlante.

Le cri aigu du Monstre acheva de réveiller Jake qui constata la léthargie de son adversaire en même temps que l’inefficacité de sa précédente attaque.

— Garde ta lumière au maximum, cria Jake. J’ai une idée.

Suivant les indications de son confrère, Kaufman approcha sa main de la tête du drake, visiblement très affecté. La créature était habituée à vivre dans l’obscurité quasi-totale et ses rétines devaient être complètement brûlées.

— Dépêche-toi ! s’inquiéta tout de même l’épéiste.

— Ferme là, je fais de mon mieux, murmura Jake, les yeux clos.

L’homme barbu était au summum de la concentration. Immobile, il avait transformé l’entièreté de son bras gauche en sable qui s’accumulait au bout de son bras droit estropié. L’objet ainsi formé qui remplaçait l’avant-bras et la main droite de Jake était étonnamment adapté à la situation.

Une vrille.

Une vrille qui se mit à tourner sur elle-même de façon d’abord très mesurée, puis de plus en plus rapidement.

Jake ouvrit alors les yeux, un sourire carnassier sur le visage. Il fixa le flanc du Monstre, fit quelque pas vers lui et braqua son arme.

En poussant un cri de fureur couvrant presque le vacarme de la vrille tournant désormais à une vitesse irréelle, il la propulsa de toutes ses forces sur le flanc du drake, réussissant tout juste à conserver l’intégrité physique de l’arme lorsque qu’elle heurta la créature.

L’intérêt d’une vrille ne réside pas dans sa force mais plutôt dans sa solidité et sa vitesse de rotation, pénétrant des matériaux bien trop résistants pour beaucoup d’autres outils. Il ne fallait en effet qu’un minuscule accrochage du filetage pour se frayer un chemin parmi la plus résistante des armures.

Le léger espace entre deux écailles que Jake réussit à transpercer fut donc amplement suffisant.

Des légendes disent que, bien employée, la vrille aurait permis de transpercer jusqu’aux cieux eux-mêmes. Le chasseur de primes se contenta là d’écailles de drake, ce qui était tout à fait acceptable pour le moment.

Le cri de l’homme se mêlât à celui de la vrille et du hurlement d’agonie du drake. Entraîné par son arme, au milieu d’une gerbe de sang verdâtre, Jake se fraya un chemin à travers les entrailles de la créature.

Il continua ainsi jusqu’aux deux tiers de la largeur du Monstre avant d’être à court d’énergie. Reprenant laborieusement son souffle, le chasseur de prime s’extirpa avec difficulté du ventre fumant du drake, inerte.

Ils avaient réussi.

Tous les deux exténués mais sans blessure grave, ils reprirent leurs esprits et savourèrent leur victoire.

— Bon… Et maintenant ?

Un silence de mort régnait sur la caverne. L’air froid faisait trembler les membres de Kaufman qui se frotta les mains en une tentative vaine de se réchauffer.

— Je suppose qu’on peut sortir et que Gale va pouvoir…

Il fut interrompu par un étrange son provenant de l’entrée de la grotte. La lumière verte du portail… gonflait ?
Il n’y avait pas d’autre mot pour décrire le halo qui enveloppa bientôt tout l’espace et les deux hommes, qui sombrèrent dans l’inconscience.

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