Chapitre 19

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Le souffle du premier impact fut colossal. Brisant les pavés de pierre grise et soulevant poussière, roche et terre autour des pieds des deux femmes, Anita bloqua tant bien que mal le premier coup de poing de Mandra. Cette dernière continua les assauts avec une fureur décuplée, ne laissant aucun répit à son adversaire.

La Défenseure ne semblait cependant pas accuser le même manque d’expérience que Kurtis. Ses esquives étaient dans les temps et les quelques ratés ne laissaient que peu de traces sur la jeune femme qui était très résistante en plus d’être rapide.

Un coup bien placé au visage passa néanmoins la garde d’Anita et elle fut projetée au sol sur plusieurs mètres. Se relevant souplement, elle sourit, du sang coulant du bord de sa bouche.

— Toi aussi tu as progressé, la vioque.

Soudain Jake apparut derrière la femme, son bras gauche transformé en lance de sable. Il avait réussi à se faufiler discrètement hors du champ de vision de la Défenseure et se préparait à lui asséner un coup fatal.

Il fut interrompu par une énorme dalle de roche qui s’écrasa contre lui, dispersant des gerbes de sable tout autour de l’impact.

— Ne croyez pas que je vais vous laisser interférer dans ce duel mes enfants, gronda Gérald.

Le sable lévita à toute vitesse et se réagglutina à côté de Kaufman, révélant un Jake saint et sauf.

— Je vais m’occuper de vous deux, menaça le vieux Défenseur avec un grand sourire en s’approchant du duo.

Quelques mètres plus loin, Gale observait avec fascination les deux combats prendre place devant lui. Anita l’intéressait particulièrement car il la devinait en mauvaise posture et savait qu’elle devrait tôt ou tard dévoiler son Pouvoir à plus d’yeux qu’elle ne l’aurait souhaité. Il espérait simplement que Mandra ne finirait pas dans le même état que la dernière fois qu’elle avait combattu la cerclé 2.

Cette dernière était effectivement dans ses retranchements. Ayant de plus en plus de mal à échapper aux coups de poings nimbés de lueur dorée de la cheffe des chasseurs de primes, elle esquiva de justesse un ultime coup avant de battre en retraite d’un grand bond en arrière.

— Fais chier, grommela-t-elle, l’air frustrée.

Déroger ainsi à son attitude inexpressive en dévoilant une émotion était chose rare chez elle, observa Mandra avec satisfaction. Cette dernière redevint cependant sérieuse en sentant, d’instinct, le Pouvoir de son adversaire commencer à prendre forme.

— M’obliger à me révéler ainsi devant autant de personnes... Personne ne viendra te sauver cette fois, ma vieille, ragea Anita.

« Brûle. »

La Défenseure s’embrasa. Contrastant brusquement avec le froid de son regard braqué sur Mandra, des flammes jaillirent de part et d’autre de son corps. Sa cape bleu sombre brula en premier, puis le reste de sa tunique parti également en cendre, révélant une armure noire parfaitement ajustée.

Entourée d’une aura de flammes crépitantes, elle bondit en direction de la chasseuse de prime et lui asséna un coup de poing enflammé qui fut adroitement bloqué par les mains gantées de lumières de la vieille femme.

Mandra fut cependant contrainte de s’écarter sachant d’expérience que la proximité avec la Défenseure n’était pas sans danger, la partie brûlée de son visage l’ayant bien compris.

— Tu penses que maintenir la distance avec moi te permettra de ne pas finir calcinée ? interrogea Anita avec un demi sourire carnassier sur le visage.

Sans atteindre de réponse, elle se plaça de profil et tendis le bras, main ouverte vers son ennemie.

« Lance ardente ».

— MANDRA ! hurla à plein poumon Gale en entendant ces mots.

Son cri fut couvert par une démonstration de Pouvoir d’une prouesse que ni Kaufman, ni Jake, ni même Gérald n’avaient jamais constaté. Interrompant le temps d’une respiration leur affrontement avec fierté pour l’un, avec horreur pour les deux autres, ils contemplèrent l’attaque surréaliste d’Anita.

Une gigantesque colonne de flammes hurlantes fut violemment projetée de la paume de la Défenseure vers Mandra, qui disparut sous une montagne de langues pourpres incandescentes.

Un sourire satisfait sur le visage, Anita baissa le bras et se tourna vers Gale.

— A ton tour, menaça-t-elle en marchant lentement vers lui.

L’intéressé ne parut pas inquiété par l’intimidation et se contenta de répondre au sourire de la cerclé 2 en lui dévoilant deux belles rangées de dents.

— Je te croyais plus consciencieuse que ça, petite enflure.

Ce n’était pas Gale qui avait parlé.

Ouvrant des yeux ronds comme des billes, Anita se stoppa nette et se retourna brusquement vers l’origine de ces paroles.

La fumée et la poussière soulevée par l’attaque incandescente de la Défenseure se dissipait et elle s’attendait à y voir le cadavre de Mandra complètement carbonisé par les flammes.

Il n’en fut rien.

Une lumière dorée apparut progressivement sous la nappe de fumée. Anita reconnu d’abord les mains et pieds éclairés du halo de Pouvoir de Mandra, mais ses yeux s’agrandirent d’autant plus lorsqu’elle comprit.

Le halo ne se contentait plus d’envelopper les extrémités des membres de la chasseuse de prime.

Recouvrant complètement la silhouette de Mandra, c’était à présent une véritable armure de lumière dorée qui habillait la vieille femme.

Son visage était lui aussi baigné dans ce halo et seul un simple triangle pour le nez et un trait fin pour la bouche étaient distinguables en plus de ses yeux. Le regard de la chasseuse de prime était abondant d’énergie. La lumière dorée était tellement sous pression à cet endroit qu’elle jaillissait des sphères dorées représentant ses yeux pour s’échapper vers le haut, donnant au regard de Mandra une intensité sans égal.

Sa grande tresse de cheveux nimbée de doré flottant à mi-hauteur de façon surnaturelle, son visage forma un sourire et Anita frémit en voyant son adversaire avancer lentement vers elle.

La Défenseure était incapable de se souvenir de la dernière fois qu’elle avait ressenti de la peur. Peut-être lorsque Yakor avait haussé le ton contre elle, il y a deux ans, lors de son unique entraînement contre lui ?

Anita était désormais complètement en dehors de sa zone de confort. Beaucoup trop entraînée et disciplinée pour paniquer totalement, elle fit néanmoins un grand bond précipité en arrière et sortit avec hâte un appareil blanc de l’intérieur sa cape.

Le dispositif était semblable à une petite arbalète à poing de la taille de l’avant-bras de sa porteuse. Aucune flèche n’était cependant encochée et aucune corde ni manivelle n’était présente pour assurer un quelconque mécanisme.

Mandra compris rapidement. Un objet avec une couleur si pure et des lignes si parfaites ne pouvait être créé par l’humain : elle était en face d’un Artefact.

Un souvenir s’imposa à Mandra à la vue de ce dernier.

***

L’air était fétide et la chasseuse de prime avait du mal à respirer. Elle et Gale progressaient avec difficulté dans une jungle toxique sur le chemin du retour aux Montagnes. Ils venaient de rencontrer un Monstre particulièrement coriace et son cadavre gisait au pied de Mandra : une créature s’apparentant à serpent géant affublé d’un seul croc reluisant de poison.

Elle avait échappé plusieurs fois de justesse à une blessure mortelle lors de son affrontement avec la créature et sa gorge serrée, ses épaules voutées et son expression crispée montrait l’épuisement et l’état de stress dans lequel elle se trouvait.

— Tu devrais jeter un coup d’œil au croc de cette bête, commenta Gale en revenant prêt d’elle.

Comme à son habitude, l’homme n’avait pas participé au combat et s’était contenté d’observer.

La vieille femme cracha par terre comme pour éjecter le goût pourri présent dans sa bouche à cause de l’atmosphère, mais suivi malgré tout le conseil de l’homme.
Ses indications s’étaient révélées trop pertinentes à beaucoup trop de reprises pour ne pas au moins les considérer.

— Je ne vois rien de spécial, fit Mandra en observant avec précautions le croc recourbé de deux bons mètres de longueur. Devant le regard inquisiteur de Gale, elle tenta à contrecœur de poser sa main gantée dessus.

La dent de serpent se détacha alors et resta dans la main de la femme. Un halo de lumière violette entoura l’objet : le croc rapetissa à vue d’œil et sa base se transforma progressivement.

— Oh … s’émerveilla la chasseuse de prime.

***

En voyant l’Artefact sorti précipitamment de la cape de la Défenseure, Mandra plongea également la main dans son ample veste et sorti un étrange objet qui fit frémir Anita.

Dans la main de la vieille femme se trouvait une grosse rapière, formée d’une garde rudimentaire composée d’écailles d’un violet sombre et prolongée par une fine aiguille blanche ressemblant à s’y méprendre à un croc de serpent.

— Pas très malin de me révéler tes cartes comme ça ma vieille, railla la Défenseure d’une voix mal assurée.

— Parles pour toi, répliqua l’intéressée.

Mandra savait bien qu’il aurait été à son avantage de garder son atout caché en attendant le moment propice. C’était d’ailleurs son plan depuis le début de l’affrontement.
Mais ce plan fut reconsidéré au moment où Anita avait laisser ses émotions transparaître.

La jeune femme habituellement froide et disciplinée avait été décontenancée en voyant son adversaire capable de résister à ses flammes et Mandra l’avait bien saisi.
La chasseuse de primes fit donc le pari risqué de capitaliser sur cette faiblesse en lui montrant son Artefact.
Elle espérait ainsi ajouter doute, peur et danger dans la tête de son adversaire.

Pour appuyer sa manœuvre, Mandra bondit sur Anita. Elle envoya un crochet du droit en direction du buste de la Défenseure qui ne recula qu’a l’ultime moment. L’attaque fut poursuivie sans relâche : un coup de pied pivoté, une tentative d’uppercut et finalement un coup d’estoc avec son arme, qui fut esquivé très difficilement par sa cible qui se jeta en arrière.

Le mouvement de recul d’Anita fut principalement motivé par la peur qui pouvait se lire dans son regard. Déséquilibrée, elle tomba au sol quelques mètres plus loin.

Anita était certes très bien entrainée mais restait jeune : son flegme avait des limites.

Incapable de se relever à temps, la jeune femme ne put qu’observer la chasseuse de prime se jeter sur elle.

Mandra était sur le point de transpercer son adversaire quand elle fut projetée dans les airs avec violence.

Un bruit sourd avait retenti dans toute la plaine et Mandra s’écrasa lourdement sur le sol, une main sur son flanc droit.

Un énorme pieu, d’un blanc immaculé, de plusieurs mètres de longueur et de la largeur d’un avant-bras avait brisé son armure dorée et était enfoncé profondément dans son abdomen.

Anita haletait, un mélange de panique et de fureur dans les yeux. Son bras droit tendu tremblait et brandissait l’arbalète blanche sortie un peu plus tôt, manifestement responsable du carreau géant mordant la chair de Mandra.

Le projectile disparu brusquement et la plaie se mit à saigner abondement.

— Putain, souffla difficilement Mandra, se relevant tant bien que mal.

Elle posa sa main sur la blessure et une lumière dorée se mit à la recouvrir, comblant le trou dans son armure et soulageant quelque peu la chasseuse de primes.

Je peux pas me permettre de reprendre un truc comme ça¸ pensa Mandra en relevant les yeux juste à temps pour voir jaillir un second projectile.

Grâce à des réflexes inhumains, elle parvint à rouler in extremis sur le côté, laissant le pieu blanc s’enfoncer profondément dans le sol à l’endroit exact où elle se trouvait une demie seconde plus tôt. Dans un fracas assourdissant, l’impact brisa une quantité impressionnante de roche dans un grand nuage de poussière.

Le projectile se dissipa en quelques secondes, comme le précédent.

Fléchissant les genoux et prenant appui sur un lampadaire en métal noir pour reprendre son souffle, Mandra braqua sur regard sur Anita.

Cette dernière avait calmé sa respiration et semblait de nouveau en maîtrise d’elle-même. Par un mouvement fluide et précis, elle attrapa de sa main droite une sphère blanche fixée au niveau du bec de son arbalète. Sans la désolidariser de l’Artefact, elle ramena la sphère vers elle jusqu’au bout de l’arme, au niveau de son coude.

De manière surnaturelle, deux filaments naquirent de la boule blanche et vinrent saisir deux crochets situés de part et d’autre de l’avant de l’Artefact.

Puis la Défenseure lâcha la sphère. Voyant le coup venir, Mandra bondit sur la droite en s’aidant du lampadaire saisi à deux mains pour accélérer son mouvement.

La sphère blanche, sprintant dans les airs à toute vitesse, s’allongea et se transforma en un battement de cil en énorme pieu blanc qui brisa en quatre la dalle de pierre sur laquelle se trouvait la vieille femme. Sans l’aide du lampadaire qui avait accéléré son esquive, Mandra se serait peut-être retrouvée avec un second trou dans le corps.

Elle avait visualisé le fonctionnement de l’arbalète et le bilan était problématique. Mandra ne disposait que d’un Artefact utilisable au corps à corps – information que ne disposait pas Anita mais dont elle se doutait surement – tandis que la Défenseure pouvait l’atteindre à distance.

Pire encore, elle pouvait percer son armure sans aucune difficulté apparente.

La chasseuse de prime savait qu’il lui était impossible d’esquiver les projectiles de son adversaire sur un terrain plat pendant longtemps.

Et il n’y avait aucun obstacle ou protection sur toute la distance qui la séparait de son opposante qui aurait pu lui permettre de se dissimuler ou absorber les tirs.

Le temps était compté.

Rangeant son croc sous son armure, Mandra se positionna de profil, les deux mains semi ouvertes, et affermit ses appuis avant de braquer son regard sur Anita.

Comprenant son objectif, cette dernière afficha un sourire en coin avant d’armer son arme qui avait entre-temps recréé une petite sphère blanche à son extrémité. Elle répéta la même manœuvre de chargement et un immense pieu fut expédié à toute vitesse vers Mandra.

Le choc fut impressionnant : cet Artefact n’était pas n’importe quel objet.

Mandra fit preuve d’une habileté sans pareille. Concentrant une lumière dorée sur ses deux paumes, la vieille femme tenta avec succès de contenir et bloquer l’inertie du pieu blanc.

Elle recula sur une dizaine de mètres en un bruit crissant de raclement de pierre, fermement accroupie en solide appui sur sa jambe arrière.

Une grande trace noire couvrait désormais le sol à partir de l’endroit de l’impact jusqu’à l’emplacement où la femme s’était enfin arrêtée avec un sourire victorieux sur les lèvres, le pieu solidement ancré entre ses mains. Mandra jeta avec négligence l’objet sur le côté et se redressa.

— Pas mal la vioque, prononça Anita d’un ton mal assuré. Mais pourras tu tenir ainsi bien longtemps ? Je te ferais reculer jusqu’à la Frontière s’il le faut.

Elle encocha une nouvelle sphère pour appuyer ses paroles.

Sans prendre le temps de répondre, Mandra s’avança légèrement avant de reprendre la même posture de réception, du moins aux yeux d’Anita.

Gale, plus observateur et posté un peu plus proche de la chasseuse de prime que la Défenseure, nota de très légères modifications dans la posture de sa disciple. Croyant deviner les intentions de Mandra, la montagne de muscles fronça les sourcils, jugeant une telle manœuvre trop difficile à réaliser en si peu de temps d’analyse.

Lorsque le pieu fut envoyé, projeté comme un éclair blanc sur sa cible à l’armure dorée, Mandra eu le temps de se décaler très, très légèrement. Pas suffisamment pour pouvoir esquiver le projectile : non, ce fut seulement un léger mouvement de quelques centimètres.

Les points d’appuis modifiés, le bassin imperceptiblement pivoté, Mandra accueilli le pieu au creux de ses mains, comme au tir précédent, à quelques détails prêts.

Gale constata avec surprise le corps de sa disciple tournoyer violemment sur lui-même en encaissant le pieu, laissant le projectile continuer sa trajectoire au-delà d’elle sans absorber l’entièreté du choc.
Elle avait consolidé au maximum sa réception pour éviter de se faire transpercer, et, pour éviter d’être projetée en arrière, avait légèrement modifié ses appuis et sa position pour que le pieu ne la touche pas pile sur son centre de gravité, mais légèrement sur la droite.

Il en résultat une vrille incontrôlée qui laissa Mandra affalée sur le sol, mais indemne.

La chasseuse de primes se releva rapidement, quoi que titubant légèrement, et poussa un soupir d’exaspération :

— Ah ! Je vais finir par avoir le tournis si on continue, nargua-t-elle.

Anita n’en revenait pas. Avec seulement deux tirs d’analyse, la chasseuse de primes avait pu déterminer avec suffisamment de précision comment se placer, sous quel angle et dans quelle posture, pour réaliser ce pseudo blocage qui, en plus de ne pas la faire reculer, économisait bien plus d’énergie qu’un blocage de front.

Elle avait de toute évidence sous-estimée son adversaire.

Adversaire qui ne lui laissa pas le temps de retrouver ses esprits : Mandra, bien décidée à en finir, se jeta en avant avec tellement de force qu’elle brisa la roche à ses pieds.

Secouant la tête en tentant tant bien que mal de garder son sang-froid, Anita braqua son Artefact sur sa cible et tira avec précipitation. Son affolement n’était pas suffisant pour lui faire manquer de précision et le pieu fonça tout droit faire la vieille femme.

Cette dernière était prête : elle se mit en position et accueillit parfaitement le pieu qui se contenta encore une fois de la faire tournoyer et de continuer sa folle course dans les airs avant de s’échouer une dizaine de mètres plus loin. Encore plus habile que la dernière fois, Mandra fut moins déstabilisée par sa vrille et reparti quasi instantanément, dans un nouveau fracas d’éclatement de dalle de pierre.

Les deux femmes étaient désormais quasiment au contact. La Défenseure avait pu encocher une autre sphère et visa avec une certitude : la chasseuse de prime ne pourra jamais réaliser sa manœuvre avec si peu de distance entre elles.

Un sourire sur les lèvres, la chasseuse de prime sauta.

Sauta.

Désormais haute dans les airs, il lui était impossible de bien se positionner pour répéter sa manœuvre d’esquive.
Ébahie, Anita leva la tête pour viser, les yeux écarquillés de surprise devant tant de bêtise.
Yeux qui se plissèrent aussi vite qu’ils s’étaient ouverts. Elle fut quasiment aveuglée par une lumière encore plus dorée et intense que celle du Pouvoir de Mandra.

Par chance ou par habileté, Anita ne le saurait jamais, mais Mandra s’était parfaitement alignée avec le soleil.

Le lampadaire, les distances et directions choisies pour esquiver, tout cela avait été calculé minutieusement pour ce moment précis ? Impossible.

Poussant un cri de rage et d’impuissance, la jeune femme décocha tout de même la sphère.

Anita était une prodige. Depuis toute petite elle avait fait preuve d’une habileté inouïe dans tous les domaines : tactique, stratégie, utilisation du Pouvoir, capacités physiques et mentales…

Ainsi, même aveuglée par le soleil, le pieu qu’elle envoya dans les airs vers son adversaire était très bien ajusté : il filait tout droit vers le torse de sa cible avec un écart presque négligeable.

Presque. Ce fut suffisant pour Mandra.

Pivotant les épaules à l’ultime moment, les deux mains jointes pour réceptionner la violence du choc, la chasseuse de prime fut capable de dévier suffisamment le pieu pour qu’il enclenche une prodigieuse rotation de son corps plutôt que de la transpercer.

Suivant l’impact détonnant, Mandra tourna si vite sur elle-même que les contours de sa silhouette se floutèrent et se transformèrent en un sublime ovale doré, mimant la forme et la grâce du soleil.

La vitesse de rotation donna largement assez de vélocité au lancer de Mandra.

Le croc blanc mordit la chair d’Anita au niveau du flanc gauche sans qu’elle puisse réagir. La Défenseure sentit le poison de l’Artefact gagner ses veines et elle tomba à terre, paralysée.

Les pieds de Mandra regagnèrent le sol un souffle plus tard, débarrassés de leur lumière dorée. Une main sur sa plaie, elle tomba à genoux, le visage crispé par la douleur.

Elle se releva au bout de quelques secondes et boita vers Gale, un sourire satisfait sur les lèvres.

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