CHAPITRE 4 : L'entraînement.

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Vahélor : Bien, prenez ces épées en bois. – en pointant du doigt les armes – Vous allez vous battre contre moi, vous deux en même temps. Je vais vous conseiller pendant que vous m’attaquez. Ne vous retenez pas ! Sinon ça n’en vaudra pas le coup.

Fripon et Riwalo saisirent les épées indiquées par leur père et se mirent en garde, de part et d’autre de ce dernier.

Vahélor : Intéressant. Fripon, ta garde est très offensive. Tu laisses beaucoup trop d’ouverture, mais ça, tu le perfectionneras au fil des entraînements.
Quant à toi, Riwalo, ta garde est très défensive. Tu laisses peu d’ouverture, c’est très bien. Mais crois-tu vraiment que c’est une garde adaptée, sachant que votre but est d’attaquer ?

Riwalo : (J’ai pris cette position par pur instinct… Mais avec du recul, elle n’est en effet pas adaptée.)

Les deux frères s’élancèrent alors contre leur père. Ils frappèrent de toutes leurs forces, mais cela n’eut aucun effet. Vahélor para les coups un à un sans difficulté.

Ils s’acharnèrent corps et âme sur lui, mais rien n’y fit. Ils ne pouvaient rien contre Vahélor, qui, avec un seul coup, les propulsa dix mètres plus loin.
Le bois des épées craqua sous l’intensité des coups. Le fracas de ces dernières résonna dans toute la cour du domaine, faisant fuir tout oiseau s’aventurant trop près.

Fripon : (Je ne sais pas quoi faire… Il est beaucoup trop fort. Riwalo et moi sommes à bout de souffle et il ne laisse paraître aucun point faible, même pas une simple ouverture dans sa garde. De toute manière, je dois me rappeler que j’ai seulement cinq ans. Il ne faut pas que j’essaie de faire un kamehameha… Ah mais non, je sais pas le faire moi.)

Après une trentaine de minutes qui leur parurent infiniment longues, Vahélor fit signe aux deux de s’arrêter, signifiant une pause.

Vahélor : Faites une pause de cinq minutes. Ensuite, c’est moi qui attaquerai, et vous devrez vous défendre.

Fripon : Vous allez nous tuer, père… Nous ne pouvons rien contre vous.

Riwalo : Pour une fois qu’il a raison… Je ne pense vraiment pas qu’on ait une chance de survie après un de vos coups ! (Pour une fois, cet imbécile dit vrai. Si on prend un de ses coups, nous mourrons sur le champ !)

Vahélor : Et bien, les enfants, n’ayez pas peur. Je vais me retenir. Bon, la pause est terminée ! En place, les garçons.

Tout le monde reprit alors sa position. Riwalo et Fripon, cette fois sur la défensive, étaient beaucoup moins confiants. Le fossé entre leur père et eux était si grand que le simple fait d’imaginer parer un coup semblait inconcevable.

Riwalo : (Bon… Tant que j’arrive à anticip… !!!)

Avant même que Riwalo eut le temps de finir sa pensée, Vahélor n’était déjà plus qu’à quelques centimètres de lui. Le sabre de ce dernier percuta violemment le thorax de Riwalo, l’envoyant valser une quinzaine de mètres plus loin dans un arbre.
Au moment de l’impact, Riwalo sentit ses os craquer et sa respiration se couper net. Il ne put ni réagir ni anticiper. Ce simple coup avait déjà mis fin au combat pour le garçon.

Riwalo : – gémissant de douleur, essayant de garder connaissance – Bordel… mais c’est quoi ce monstre… Il ne va pas me faire croire qu’il appelle ça « se retenir » quand même ! (Mes temps de réaction sur Terre étaient similaires… On me disait même que j’avais d'excellents réflexes… Visiblement, ils sont clairement insuffisants ici.)

Vahélor : Tu as voulu anticiper mes mouvements pour au moins pouvoir bloquer l’attaque… C’était une excellente idée. Sauf que tu es inexpérimenté et beaucoup trop lent, donc contre moi, ça n’avait aucune chance de marcher.

Fripon : – sous le choc – Ah oui quand même… Bon… (Je vais mourir… Je vais vraiment mourir.)

Fripon prit ses jambes à son cou sans même réfléchir.

Vahélor : Reviens là, toi.

Vahélor s’élança, et en l’espace d’une fraction de seconde, atteignit Fripon, lui assénant un violent coup au visage et l’envoyant au tapis, le faisant perdre connaissance un court instant.

Vahélor : Que ce soit bien clair, Fripon. La chose qui me répugne le plus en ce monde, ce sont les lâches. – dit-il en lançant un regard noir à Fripon –

Fripon : – se relevant difficilement – …Oui, père… – dit-il, en souffrance totale –

Riwalo s’était déjà relevé depuis un moment. Il attendait qu’une occasion adéquate se présente.

Et au moment précis où Vahélor lui tourna le dos, Riwalo bondit sur lui.

Mais cela ne suffit pas.

Leur père se retourna instantanément et, d’un simple claquement de doigts, projeta Riwalo au sol.

Vahélor : – haussant la voix – Qu’ai-je dit à ton frère, Riwalo ?

Riwalo : – paniqué, se mettant à pleurer – Que… que vous haïssiez les lâches, père…

Vahélor : Et qu’est-ce que tu viens de faire ?

Riwalo : J’ai essayé de vous attaquer dans le dos pour vous abattre… – baissant la tête –
(Je ne pensais pas qu’il réagirait aussi vite. J’ai simplement utilisé les seuls moyens que j’avais pour le vaincre. Même si c’est être lâche… vaut mieux l’être pour survivre, non ?)

Vahélor : Est-ce que c’est être lâche ?

Riwalo : Au vu de votre réaction… j’imagine que oui.

Vahélor : En effet. Attaquer dans le dos, on ne le fait qu’aux monstres. Jamais aux hommes.

Fripon : – toujours en train de souffrir le martyr – Sans vouloir vous offenser, père… mais vous en êtes un…

Vahélor resta immobile quelques secondes, son regard toujours posé sur Riwalo. Puis, contre toute attente, il tendit la main pour l’aider à se relever.

Vahélor : Tu as réfléchi, c’est déjà plus que ce que font beaucoup de guerriers.

Riwalo releva la tête, surpris.

Fripon : Vous pouvez aussi m’aider, père ?

Vahélor : Non, un monstre n’aide pas les humains.

Riwalo : (On appelle ça un retour à l’envoyeur… Ou le karma, ça dépend du point de vue…)

Vahélor : Bien, assez plaisanté, reprenons l'entraînement. Il est 11h, il vous reste donc 1h. Cette fois, je vais vraiment me retenir.

C’est ainsi que les deux garçons et Vahélor reprirent l’entraînement.
Il était toujours fort, bien trop fort pour nos jeunes protagonistes. Chacun de ses mouvements semblait impossible à suivre, chaque attaque parfaitement maîtrisée.
Et pourtant…

Riwalo : (Je le vois… À chaque attaque, il y a un instant, une infime fraction de seconde où son centre de gravité se déplace. C’est petit, trop petit pour qu’on puisse lui faire des dégâts, mais peut-être peut-on tenter quelque chose ?)

Fripon, de son côté, serrait les dents.

Fripon : (Bon… fuir c’est mort, j’ai pas envie de me faire encore crier dessus. Réfléchir… j’sais pas trop faire… alors il reste quoi ?)

Et à cet instant, Fripon fonça sur Vahélor.

Riwalo : ATTENDS, FRIPON !!

Vahélor para sans difficulté le coup de Fripon.
Mais Riwalo profita de cet instant pour se placer légèrement sur le côté et frapper de toutes ses forces, non pas pour blesser, il n’en était pas capable de toute manière, mais pour dévier l’arme de Vahélor.

Clac !

L’épée de Vahélor changea très peu de trajectoire.
Un silence s’installa.
Puis un sourire très discret apparut sur le visage de leur père.

Vahélor : Enfin !

Les deux garçons restèrent figés.

Vahélor : Vous êtes faibles. Lents. Inexpérimentés. Mais pour la première fois depuis le début de cet entraînement, vous avez enfin réussi une attaque.

Le carillon de la cour résonna midi. Fripon et Riwalo s’écroulèrent d’épuisement.

Fripon : On a survécu, Riwalo… Nous sommes toujours vivants…

Riwalo : J’y aurais pas cru… (C’était quoi cet enfer… Je vis dans une famille de fous… Comment peut-on penser qu’un entraînement pareil soit adapté à un gamin de 5 ans !)

Vahélor : Vous allez vite progresser, j’en suis sûr. Mais retenez bien ceci. Dans le futur, vous serez amenés à affronter des monstres plus ou moins puissants. Leur seul but sera de vous tuer. Vous ne pourrez donc faire preuve ni de pitié, ni de compassion. Pour autant, ne devenez pas vous-mêmes des monstres. Il y a une nette différence entre les affronter eux et des humains.

C’est ainsi que l'entraînement ou, aux yeux de nos protagonistes, l’enfer.. prit fin.
Ils allaient pouvoir profiter d’un bon repas en famille. Du moins, normalement.

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