Le Spationef Coincé (41)

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Je m’approche de la fameuse caisse. C’est vrai que ce n’était pas du bois de cagette et je comprends pourquoi il a tant peiné pour l’ouvrir. C’est du bon bois d’arbre, tout ça ! Mais là n’est pas le plus intéressant, bien sûr. Le contenu est passionnant, pourtant, je ne saurais pas le décrire. La plupart des engins entassés là ressemblent tous à des fusils d’assaut. Tous les formats sont là : petits, grands, avec ou sans poignée. Quoique américain pure souche, je dois confesser que je ne suis pas très au fait des armes et choses de ce genre. Je laisse donc à Adolphe le soin de m'expliquer rapidement à quoi servent toutes ces machines à tuer. Une bonne vingtaine d’armes au total et une quantité impressionnante de munitions. Je m’aperçois que, terriens et extra-terrestres cultivent la même passion pour la destruction des autres. Ça me fait froid dans le dos, en fait.

-    Alors, commence Adolphe en se saisissant d’un premier engin. Tu vois, ce machin-là, quand j’ai fait un test avec, eh bien  le mur en face de moi à disparu, tout simplement. C’était chouette à voir parce que ça a fait un joli trou tout rond, sans bavure. Pour le diamètre du trou…je dirais…un bon mètre-cinquante. Pas mal, hein ? Le plus rigolo, c’est que ça n’a rien détruit d’autre. Juste le mur, sans autre dégât.

Il me le tend pour que je le soupèse. Ce truc doit être fait en fibre de carbone ou une matière de ce genre parce qu’il ne pèse presque rien.

-    Surtout, tu n’appuies sur aucun bouton, ok ? On est ici chez un de mes amis et je ne voudrais pas tout ruiner, tu comprends ?

-    Ne t’inquiète pas, lui dis-je. En fait, ce n’est pas ce genre d’arme que je cherche. J’aurais bien aimé trouvé quelque chose de plus…universel. Tu aurais ça ?

-    Qu’est-ce que tu veux dire par « universel » ?  Une arme, c’est une arme, point barre ! qu’il me rétorque d’un air navré.

Il ne comprend pas. Pas grave, je fouille avec prudence,  de peur de déclencher la fin du monde à moi tout seul.

-    Tiens, regarde ce machin-là ! fait soudain Adolphe en exhibant une sorte de lance-patate en métal noir. Tu vois ça ? Eh bien, c’est celui que je préfère. Ça te gèle tout en un instant. Mais attention ! Pas en gel de glace, hein ? Non, mon cher ami, tu as sous les yeux une machine infernale qui permet de gélifier tes ennemis en une fraction de seconde. J’ai pris un pied tout particulier à l’essayer sur les Agents que j’avais endormis chez eux, avant que tout explose. C’est magique, ce truc. Quand tu tires sur tes ennemis, ça lance une dose de je ne sais pas quoi et ça entoure ta cible d’une grosse couche de gélatine et ça la fige immédiatement. Si celui que tu as visé n’a pas eu le temps de fermer les yeux, et bien il te regarde encore comme un ahuri pendant qu’il réalise qu’il ne peut plus du tout bouger. Et il ne meurt pas ! Pas mal, hein ?

Alors là…il a exactement ce que je cherche, le père Adolphe !
Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser qu’il n’a pas hésité à tirer sur les Agents… Le prénom, sans doute, qui prédispose peut-être à ce genre de choses ? Je peste tout de suite contre cette pensée nauséabonde mais, quand même, il a tiré ! Je me dis, malgré tout, que je veillerai de près à ne pas le laisser faire de faux pas…
En attendant, je peux considérer qu’il a rempli sa mission, en dépit de nombreux dérapages totalement incontrôlés. Et puis, compte tenu de la difficulté de la tâche, il mérite mon admiration. En effet, il n’a reculé devant aucun obstacle, s’adaptant à chacun, faisant même preuve d’une redoutable propension à affronter volontairement les situations les plus dangereuses. Au moins ai-je bien décidé de celui qui pouvait relever le défi même si je dois bien  avouer que j’ai un peu joué avec le feu.
La deuxième phase de mon plan se déroule donc à peu près comme prévu. Privés de moyens de communication, privés de leur base arrière, les ennemis n’ont plus qu’à bien se tenir puisque, maintenant, nous sommes armés, nous aussi…

-    Adolphe, fais-je, un peu solennel, tu ne sais pas quel service tu viens de rendre à la Terre. Je te dois tout mon respect,  toute mon admiration et…

-    Un petit verre de quelque chose de bien frais, t’aurais pas ça, pour le moment ? coupe-t-il en me souriant d’un air un peu blasé.

Sacré Adolphe ! Je n’ai rien sous la main mais je lui promets de faire le nécessaire dès que possible. En attendant, il est question de remettre les choses en ordre. Une fois pour toute ! Je dois maintenant réunir mes troupes, c’est-à-dire Jojo et Adolphe. Avec ces deux-là, je sais que je peux renverser le monde moderne !
Nous quittons rapidement les lieux, chargés du maximum d’armes que nous pouvons porter. Pour ma part, j’ai le lance-patate gélifiant, deux bandoulières de munitions, plus quelques armes de poing que j’espère ne pas utiliser tant j’en redoute les effets.

Adolphe, fidèle à lui-même, emporte tout ce qu’il peut, au point de devoir manœuvrer dans les couloirs qui nous mènent vers la sortie. J’ai beau le prévenir qu’il ne pourra rien faire de tout son attirail, il réagit comme un qui aurait peur de manquer de tout, surtout de l’inutile. C’est tout juste si, arguant du fait qu’il serait dans l’incapacité de se défendre en cas d’urgence ou, pire, qu’il risquerait d’offrir à nos ennemis des armes supplémentaires s’il devait nous arriver malheur, qu’il accepte de laisser un tout petit truc en métal chromé. Le genre de chose qui tiendrait dans le creux d’une main de bébé… Mais comme nous ne savons pas à quoi peut donc bien servir ce machin, Adolphe consent à s’en défaire avec ma promesse, presque un serment, de revenir le reprendre plus tard, après l’action !
Une fois ces petites tractations terminées, nous pouvons enfin nous diriger vers nos ennemis et leur mettre une pâtée interstellaire.
Direction l’extérieur et tous ses dangers, donc. Ou à quelques rues près. Je ne sais plus trop où sont les Agents ni les soldats de Kenobi depuis notre absence qui a bien duré une heure, au moins. Soixante minutes doivent suffire à ces fous furieux pour décimer la moitié de la lune et ses sélénites !

Il est pourtant inutile pour moi de m’inquiéter outre mesure. En effet, à peine sommes-nous arrivés sur la première grande avenue que le tumulte des combats nous parvient nettement. Sans hésiter, je comprends que les évènements se passent encore près de l’ONU. Pauvre institution qui doit ressembler à des ruines si j’en crois les explosions qui se multiplient, amplifiées par les échos qui rebondissent sur les parois vitrées des immeubles qui nous entourent !


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