Le Spationef Coincé (12+1)

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Je l’aimais bien mon fauteuil. Dommage qu’il rende l’âme si prématurément. Dans un ultime craquement, il s’effondre sous mon poids et je me retrouve dans un nuage de poussières qui me transforme en mannequin de cire. Je me relève comme je peux, en profite pour me planter quelques échardes dans les mains, jurant comme un charretier.

Il n’y a plus rien à faire ici, sauf à retrouver quelques papiers, du fric ou de quoi m’en procurer à un distributeur, mes clés de voiture, un peu d’eau. Un séisme n’a pas que des inconvénients ; les cloisons intérieures se sont affaissées. Du coup, j’ai une vue directe sur ma cuisine. Dommage pour l’eau : plus rien qu’un tas de pierres, quant au frigo, je pense qu’il est descendu faire un tour au rez-de-chaussée avec la façade… Dans les décombres de ma chambre, je déniche quelques objets encore utilisables ; cartes de crédit, un portable, et aussi, à force d’entêtement, quelques vêtements en bon état. Heureusement que j’ai fermé les rideaux ; ça m’aurait gêné de me changer à la vue de tout le monde dans la rue. Une fois prêt pour l’aventure, je m’approche de ce qui fut mon balcon pour jeter un œil à l’extérieur. Je repère vite un chemin pour atteindre la route sans me briser les os.

Et puis je le remarque.
Un mec, bras le long du corps, le nez levé dans ma direction. Il me regarde sans bouger d’un iota. Un pervers ?

Il a cet air sérieux et un brin rébarbatif de ceux qui se donnent l’illusion de l’importance avec leurs costumes sur mesures. Tempes grises, cheveux courts, mâchoire carrée. Manque plus que les yeux gris acier et c’est la totale… mais je ne peux pas voir à cause de ses lunettes noires, façon espion des années d’avant moi. Son costume dénote fortement dans le paysage : pas une tâche, pas un faux pli. Pas même une trace sur ses chaussures en cuir noir. D’où sort-il, et pourquoi me regarde-t-il avec insistance ? C’est gênant à force ! Un mec de la CIA ? 
Le mieux est d’aller lui demander.

Je passe les détails sur ma chute lamentable, mes éraflures et mes geignements stupides pour arriver directement au moment où je me relève, juste à ses pieds. Il ne tend même pas la main pour m’aider. Il reste planté là, impassible, à attendre je ne sais quoi. Mais il me regarde toujours. Je le sais parce qu’il ne regarde plus en l’air mais pile devant lui. Or, je suis devant lui…

Donc, on se regarde…

Mais pas longtemps ; d’un geste sec, presque mécanique, il me tend soudain un petit paquet, attend que je m’en saisisse puis se retourne avant de disparaître au coin de la rue. Ce type ne m’a pas seulement adressé la parole ! Vraiment, je vis une curieuse journée. En soupirant, je soupèse le paquet dans ma main. Quelques centaines de grammes, peut-être. Qu’est-ce que ça va être, cette fois-ci ? Après quelques dernières hésitations, je me décide à l’ouvrir. Dedans, un lecteur audio et un casque léger. Jusque là…ça va. Je branche le casque, farfouille un peu l’engin pour en trouver les commandes puis, une fois prêt, j’appuie sur la touche de mise en lecture.

Ensuite ?
Bah…je ne sais pas !

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