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    Une quinzaine de personnes s'agglomère vers le distributeur en face du foyer. L'objet de la curiosité semble être une dispute. Effectivement un garçon et une fille s'engueulent. Mince ! C'est Dany et Ophélie ! Mon amie bouillonne d'une colère au bord de l'hystérie. Dany, réfugié dans une indifférence factice, a l'air d'un prisonnier vivant sa dernière nuit en cellule.

    — En plus tu mens !! Elle t'a vu au parc de Haute-Claire avec ta pute ! Comment t'as pu me faire ça ?! Dis quelque chose merde !

    Dany reste mutique, plus préoccupé par les regards des curieux que par la dispute.

    — Pauvre connard !!

    Elle tente en vain de lui envoyer une flopée de gifles, mais Dany repousse sans mal ses bras minces. Ophélie, frustrée dans son désir de violence, fond en larmes et s'éloigne au pas de course.

    Je m'en vais la rejoindre. Elle est partie vers l'escalier qui mène au CDI. Je la retrouve prostrée en bas des marches, bras croisés, visage baissé sur les genoux. Je lui attrape délicatement le bras, entoure sans peine son poignet fin. Elle me considère. De ses yeux humides s'échappent des ruisseaux noirs de mascara. Je prends place à ses côtés et l'enveloppe dans mes bras.

    — Ah Florent... heureusement que t'es là...

    — Tes copines sont pas là ?

   — Elles ne sont pas encore au courant... Elles m'attendent loin d'ici...

    Un sanglot achève cette dernière phrase prononcée avec effort. Je partage sa tristesse. La voir comme cela m'insupporte. Une fille comme elle ne devrait jamais être triste.

    — Les mecs c'est tous des salauds !

    Elle ne pense pas à moi en disant cela. Elle m'a déjà dit que je suis comme un frère pour elle, un mec différent des autres. En effleurant son avant-bras du bout des doigts, je constate un relief sur sa peau lisse. Mon cœur palpite à la vue d'une cicatrice rose en forme de D.

    — Pourquoi t'as fait ça ?

    Son apathie s'efface vite devant la rage qui la submerge dans un réflexe défensif.

    — C'est pas ton problème !! Dégage !! Dégage je te dis tu me soûles !!!

    C'est elle au final qui s'en va furieuse puis me laisse seul et abasourdi. C'est dur d'être traité de cette façon, mais je sais qu'elle va s'excuser dès nos prochaines retrouvailles. Ça me contrarie, mais c'est peu face à mon inquiétude qu'elle fasse une bêtise. Les semaines à venir s'annoncent difficiles, je vais devoir la soutenir régulièrement, ne pas la laisser sombrer, m'endormir chaque soir avec la peur qu'elle commette l'irréparable...

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