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     Juliane m'attend devant la bibliothèque. Après deux mois d'université, je commence à trouver mes marques dans ce grand labyrinthe où toutes les allées se ressemblent.

    J'aime beaucoup passer du temps avec Juliane après les cours. Elle aussi est en première année, mais en psycho, une filière intéressante bien que très différente de mes études de droit. On s'entend bien, depuis Clotilde je n'ai jamais été à ce point sur la même longueur d'onde avec quelqu'un, elle est rigolote, ouverte à la discussion, sans prise de tête. Avec elle, mes lèvres s'étendent plus facilement. Elle m'éclabousse d'ondes positives, chaque moment passé avec elle vaut une séance de luminothérapie.

    La voilà ! En haut de l'escalier, avec sa pochette serrée contre la poitrine, ses lunettes à contours carrés sur le nez, et son sourire éternel, encore plus radieux qu'à l'ordinaire. Elle me fait signe de la main. Je monte la rejoindre. Sa bise est toujours aussi chaleureuse. Ses mains s'attardent sur mes épaules avec délicatesse. Nous échangeons quelques mots, brièvement, avec une certaine retenue, comme si nous voulions nous dire quelque chose sans y parvenir.

    — Ça te dirait Florent de passer dans mon studio demain après les cours ?

    — Oui bien sûr !

    Elle veut souvent passer du temps avec moi. L'autre jour elle m'a fait visiter le Vieux Lyon, nous avons arpenté les ruelles montantes et pavées de Saint-Georges, sommes passés devant les façades roses de la rue du Bœuf et avons clôturé la journée sur la terrasse d'un bistrot du quartier Saint-Jean.

    — Sinon t'as le temps de m'accompagner jusqu'au théâtre antique ? On pourra se poser quelque part en haut sur la tribune de pierre, puis discuter tranquillement, loin d'ici...

    — J'ai pas le temps désolé... Comme tous les vendredis j'ai mon train à prendre à 18h00...

    — Dans ce cas on peut se poser sur les berges de la Saône ? C'est juste à côté...

   — Pas de soucis Juliane !

    Nous emboîtons le pas en même temps, puis dès l'instant où nous entamons la descente de l'escalier, Juliane pose sa main sur mon coude et la retire vite. J'ignore si le geste était volontaire, mais j'ai bien cru qu'elle allait m'enlacer. Je regarde devant moi, avec la drôle d'impression qu'elle me dévore de ses petits yeux noirs et malicieux d'écureuil. Je tourne légèrement l'œil, je crois qu'elle vient de détourner son regard...

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