34 - Clap de fin

4 minutes de lecture

A partir ce jour anniversaire, et pour quelques temps, le gode est devenu leur partenaire de jeux. Jeux de rôles

Il était l'appendice de Pierre

Son vaillant soldat. Celui qui partait au combat. Celui qui s’enfoncait dans tous les territoires pour les conquérir.

Il était toujours disponible. Lui.

Il revenait toujours gagnant. Et il lui offrait en trophées le corps alangui de Claire et ses yeux amoureux.

Des trophées inestimables.

Et pourtant…

De ce soldat, il en était le maître. Mais un maître jaloux de ses succès, un maître qui le regardait toujours d’un œil inquisiteur. Saura-t-il toujours remplir la mission qui lui était confiée ?

Il n’était pas facile pour lui de se débarrasser de ses idées noires qui rodaient et le rongeaient. Il tentait bien de les taire.

Certes il avait des éclaireurs qui exploraient le terrain. Les mains prodiguaient des caresses de plus en plus douces. Les doigts glissaient. La bouche embrassait. La langue fouillait.

Il donnait. Et le plaisir de donner était immense. Et le désir de donner l’était aussi.

Il aprenait à vivre l’Amour autrement. Plus tendre. Plus de partage. Plus de sens.

Pierre je t'accompagnais dans cette nouvelle aventure amoureuse. Sans frustration.

Mais lui se demandait si elle ne jouait pas un rôle ? Question lancinante…

Il aprenait à recevoir ses caresses. Mais pas seulement.

Elle lui donnait tout ce qu’elle avait. Son Amour.

Etait-il à la hauteur ?

Le visage qu'elle essayait de garder lumineux en sa présence n’indiquait pas les tourments par lesquels il la faisait passer en ce moment.

Tu vivais ta perte de virilité comme une mort et il y avait une autre mort, plus définitive, qui planait au dessus de ta tête.

Elle devait supporter cela, elle aussi. En plus des coups de déprime de Pierre et de ses aigreurs.

Mais quand il voyait son corps exploser sous les assauts du jouet, il se reprenait à douter. Cela aurait du être le contraire !

Le désir de donner. Toujours plus ! Croire que le toujours plus remplacera un manque. Un manque qui n'est que dans sa tête. Un venin !

Un venin, oui Pierre, tu va finir par confier ce qui te ronge.

Claire range le petit-déjeuner pour rejoindre Pierre dans la chambre. Elle s'était mise en congés car elle sentait que le moment fatidique approchait. Elle ne sait pas si elle sera assez forte. Les enfants, prévenus, arriveront dans la journée. Elle aura besoin de leur soutien.

Aujourd'hui et depuis quelques temps maintenant, le gode n'a plus d'utilité. Pierre est hors de combat.

Trop rapide cheminement vers l'inéluctable.

Et Pierre se confie, conscient lui aussi des forces qui l'abandonnent.

Claire l’a comblé sexuellement. Elle aime faire l’amour et pratique la fellation divinement, le cuni la fait grimper au ciel et la sodomie la comble. Elle n'a d'autres pensées que le plaisir donné et reçu.

Il lui dit son bonheur.

Elle aime l’enchevêtrement des corps, les contacts brûlants, les baisers passionnés.

Il l’a aimée au premier jour. Pas elle.

Elle a eu une vie sexuelle intense avant de le connaître. Pas lui.

Elle a même pratiqué le triolisme ! Lui l'onanisme.

Il a été tellement heureux qu’elle pose ses yeux sur lui ! Il la croyait inaccessible.

Et elle s’est "casée" avec lui. Cependant il pensait qu'il ne pourrait jamais lui apporter, sexuellement, ce qu’elle avait connu. Il complexait en comparant leurs expériences réciproques.

Pourtant elle a cru lui communiquer, par son Amour, par sa tendresse, par les gestes et les mots du quotidien, l’apaisement.

Et Pierre a intériorisé sa jalousie.

Enfin, pour lui, il n'est pas question de jalousie. Il a du mal à trouver le bon mot pour résumer ses tourments.

Ses peurs.

Quand Claire avait une réunion il la voyait se faire prendre par un collègue sur le bureau de l'agence.

Quand elle partait en déplacement professionnel, il l'imaginait avec un amant partager le même lit.

La pensée que son corps pouvait appartenir à un autre lui était insupportable.

La pensée que sa bouche pouvait accueillir une autre bite que la sienne le bouleversait.

Aujourd’hui ces inquiétudes remontent à la surface et il les délivre à Claire. Il ne peut réprimer un sanglot.

Il a honte.

« Je n'aurais jamais pu vivre avec une autre femme que toi »

Que de films se sont joués dans sa tête ! Que des séries Z.

Claire l'écoute, le coeur gonflé, mais garde le silence.

Et Pierre parle aussi d'Olivier et les craintes qui l'ont tenaillé.

« Olivier est-il ton amant ? »

Question glaçante.

Au jeu de la vérité, Claire n'a pas envie de jouer. Ce n'est pas le moment et il n'y aura jamais de moment pour ce jeu-là.

« Non, jamais de la vie. Il est mignon, mais c'est toi que j'ai toujours aimé »

Claire est forte pour deux !

Elle s’allonge près de lui dans ce lit de mourant.

Elle le prend dans ses bras et l’enlace.

Qui d’autre que lui ?

Quel autre homme aurait pu apprécier toutes les facettes de la personnalité de Claire

Aucun autre ne l'aurait méritée.

« Claire, Oublie tout ce que je viens de dire. Oublie. Tu m'as rendu heureux au delà de mes espérances »

Sa voix est fatiguée.

Son corps est épuisé.

« Ne m'oublie pas »

Il parle à l'oreille de Claire.

Les larmes se mèlent.

La bougie se consumme.

Ils restent ainsi l'un contre l'autre.

Les enfants arrivent en fin d'après midi.

Claire et eux deux, organisent la veillée à tour de rôle. En silence.

Pierre est entouré de ceux qu'il aime et ses yeux renvoient une impression de sérénité.

La bougie s'éteint doucement.

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