1 - Murder in Hawaï (1/2)

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 Une soirée dans la propriété de Mrs Parker est toujours un événement. Mais ce soir-là, la richissime jet-setteuse fête ses soixante ans et elle a décidé de mettre les petits plats dans les grands. En grande amatrice de la fête et de la démesure, elle a fait venir du continent des caisses remplies de bouteilles de champagne de haute qualité ainsi que des mets introuvables sur la petite île de l’archipel d’Hawaï où elle réside. Elle a également fait appel à une société privée pour assurer le service et quelques petits extras afin de choyer ses invités venus des quatre coins du monde.

 Katherine Parker est une femme pleine de ressource qui aime recevoir dans l’opulence et parfois même jusqu’à l’excès. Une fois, elle a fait venir des flamants roses d’Afrique pour impressionner ses invités lors d’une envolée majestueuse, depuis le jardin de sa propriété. Suite à cet événement, les conséquences écologiques ont été catastrophiques pour l’île mais, pour elle, l’émerveillement de ses invités n’a pas de prix. Il lui est également arrivée de faire venir, tous frais payés depuis Broadway, une troupe entière de music-hall afin de présenter leur spectacle devant un parterre de personnalités conquises. Mais ce que peu de gens savent, c’est que Mrs Parker est également une incorrigible amatrice d’orgies et de soirées chaudes baignant dans la luxure la plus totale.

 Pour son anniversaire, elle compte bien rincer ses invités de champagne, de petits fours mais également de parties de jambes en l’air avec des invités triés sur le volet. Ce soir, elle promet d’organiser la plus grande orgie sexuelle qu’ai connu le Pacifique. Des dizaines de jeunes éphèbes ont été sollicités pour servir les invités dans le plus simple appareil. Elle a fait venir des coussins, tentures et autres tapis confortables du Maghreb pour assurer tout le confort et encourager les invités à se laisser aller au plaisir de la chair.

 Pour pimenter la soirée, elle vient de recevoir une caisse remplie d’ustensiles, costumes en tous genres pour des jeux sexuels toujours plus inventifs les uns que les autres. Elle s’imagine déjà embarquer un des serveurs nus et masqués, le corps glabre, vers la cage installée dans sa bibliothèque afin de l’enchaîner et le cravacher comme on le ferait pour esclave.

 Katherine a ce fantasme pour l’humiliation masculine. Dans sa jeunesse, Elle était une fervente militante, partisane de la révolution féministe qui a vu le monde basculer vers la domination des femmes sur les hommes. Elle estime bénéficier de toutes ces années de lutte contre le patriarcat oppressif pour, maintenant, profiter de la jouissance de dominer à son tour le sexe opposé.

 Son passé de femme mariée sur le continent est loin derrière elle. Désormais, Katherine n’apprécie que la compagnie des jeunes garçons pour paraître toujours plus jeune et désirable. Depuis son divorce, il y a une dizaine d’années, on la voit souvent accompagnée de jeunes garçons d’une vingtaine d’années tout au plus. D’aucuns diront qu’elle se paye les services d’Escort boys pour la satisfaire et faire croire aux autres qu’elle est encore capable de séduire les jeunes garçons. Depuis son arrivée dans l’archipel, personne dans son entourage ne sait vraiment quel a été son passé. On sait seulement qu’elle a fait fortune de manière spectaculaire et qu’elle a pris une retraite anticipée sans son ex-mari resté sur le continent.

 La vérité c’est qu’au moment de faire fortune, Katherine, qui était encore enseignante au MIT, le Massachussetts Institute of Technology, a pris soin de ne pas en faire bénéficier son mari de l’époque, un certain Harry Standman. Avec sa fortune nouvellement acquise, elle a pu obtenir les faveurs de prétendants bien plus séduisants et riches que son imbécile de mari, chauve et sans avenir. Une nouvelle vie s’est offerte à elle et Katherine en a profité pour régler son divorce, plier bagage et atterrir ici, en plein cœur du Pacifique, sur la perle de l’océan.

 Katherine se prépare en cette fin journée dans l’une de ses sept salles de bains de son immense propriété, toutes plus grandes et majestueuses les unes que les autres. Entièrement nue sous une simple robe de chambre en soie rouge et aux motifs floraux, elle s’applique a préparer sa peau pour accueillir les différentes couches de maquillage qui viendront masquer les imperfections de son âge.

 D’abords, elle prend le temps d’étaler une crème hydratante sur son visage avec des gestes doux et appliqués. Katherine déteste cette étape car, malgré ses séances de piqures avec le docteur Kalani, elle aperçoit toujours de nouvelles rides apparaitre sur le contour de sa bouche boursouflée ou autour de ses yeux étirés.

 Ensuite, elle unifie son teint à l’aide d’une crème bio qu’elle a fait venir depuis la Chine. Elle commence à se rassurer en se disant qu’elle n’a plus à observer ses tâches brunes sur son front. Puis vient l’étape du contouring. À l’aide d’un pinceau à fond de teint, elle applique une couleur claire, plus clair que sa couleur de peau, au centre de son front en formant un grand V. Cela a pour but d’ajouter de la luminosité sur des zones précise de son visage. Elle réitère le même geste sous les yeux avant de tracer ensuite une grande ligne sur l’arête de son nez puis sur le menton.

 Avec une couleur légèrement plus foncé, elle répète les mêmes gestes sur de nouvelles zones du visage, sous les pommettes, de chaque côté du nez, le long de la mâchoire puis sur le tour du front au niveau de la racine des cheveux. Cela a pour but de définir les zones d’ombres avant de les accentuer davantage. Ainsi, elle poursuit son rituel en passant une nouvelle teinte plus foncé, puis encore une et encore un autre derrière. Elle enchaine cinq teintes différentes jusqu’à ce qu’elle ressemble à un portrait raté de Pablo Picasso.

 Enfin, elle se saisit du pinceau de finition pour estomper le tout, juste assez pour ne plus voir la définition des lignes qu’elle vient de tracer. Elle estime avoir bien meilleur allure désormais. Il ne lui reste plus que les touches finales. Elle prend le temps de redessiner ses sourcils à l’aide d’un crayon noir puis, avec une nouvelle couleur, contourne ses lèvres pour les grossir plus qu’elles ne le sont déjà. Enfin, elle ajoute le fard à paupière mauve, son mascara noir et termine avec un rouge à lèvres du plus mauvais goût.

 La voilà désormais avec plus de couches de maquillage sur le visage que de peinture sur une toile de Chagall. C’est à ce moment-là que la sonnette de sa propriété retentit. Elle active alors sa pierre noire d’une simple caresse de son doigt à l’ongle acéré pour regarder l’heure qui s’affiche en hologramme. Les serveurs doivent être arrivés, pense-t-elle sans prendre la peine d’aller vérifier elle-même. Son majordome doit déjà être en train de les accompagner vers le petit salon d’où ils pourront se préparer.

 La soirée promet d’être spectaculaire et inoubliable, s’impatiente-elle. Il lui reste encore deux bonnes heures de préparation avant que ses premiers invités n’arrivent. Mais, savoir que des dizaines de jeunes mâles au corps sculptés comme des statues grecques sont en train de se déshabiller dans son petit salon la fait frétiller d’excitation. N’y tenant plus, elle décide de les rejoindre pour s’offrir les services de l’un d’eux afin d’assouvir une pulsion sexuelle qu’elle ne peut réprimer. Ce sera un peu comme un petit apéritif, se dit-elle en ajustant sa chevelure teintée de brun pour camoufler ses mèches grises.

 Katherine descend les marches de son escalier de marbre pour rejoindre l’immense hall de la maison. Elle passe sous l’impressionnant lustre en cristal de l’entrée pour rejoindre le couloir du fond à la hâte. Elle ne s’étonne pas de ne croiser aucun membre de son personnel de maison, ni même les installateurs de la décoration qu’elle a fait venir du Maghreb. Elle a l’esprit trop absorbé par l’arrivée des jeunes éphèbes.

 Une fois parvenue devant la porte de son petit salon, elle prend le temps d’ajuster sa robe de chambre pour l’échancrer au niveau de sa poitrine siliconée. Elle espère que cela attirera immédiatement l’attention de l’assemblée de jeunes hommes venus satisfaire ses besoins primaires.

— Bonsoir mess... !

 Quelle n’est pas sa surprise quand, lorsqu’elle ouvre la porte à la volée pour surprendre ses employés d’un soir, elle trouve une salle parfaitement vide. Exactement dans le même état qu’elle l’a laissée en fin de matinée.

— Bah ! s’étonne-t-elle avec un mélange de surprise et de déception. Où les a-t-il mis ? Makan ?

 Makan, c’est son majordome. Un insulaire qui partage sa vie depuis près de cinq ans maintenant. Elle le paye grassement pour qu’il réponde à ses moindres caprices de femme riche et oisive. Katherine se souvient parfaitement lui avoir demandé d’installer les grooms dans ce salon dès leur arrivée et leur donner les masques dorés pour qu’ils puissent se changer.

 Les masques à l’effigie du Dieu Apollon sont bels et bien présents mais encore soigneusement empaqueter. Personne n’a encore touché au carton depuis qu’elle l’a reçu ce matin-là. Pourquoi diable Makan aurait-il décidé d’installer les serveurs à un autre endroit ? Soufflant de colère, Mrs Parker referme la porte d’un coup sec pour tenter de retrouver son majordome.

— Quel genre d’initiative il a encore pris celui-là ?

 Ce n’est pas la première fois que Makan prend des décisions sans la consulter au préalable. Elle avait un excellent homme de maison avant qu’il ne parte à la retraite. Ce dernier lui avait même conseillé Makan, arguant qu’il avait un excellent curriculum. Il fait très bien son travail, c’est quelque chose qu’elle ne peut lui reprocher. En revanche, il a parfois tendance à prendre des libertés quant à la gestion de la maison et Katherine ne supporte pas ça.

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