1 - Murder in Hawaï (2/2)

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 Le soleil disparait à l’horizon et Katherine se précipite dans la salle de bain pour récupérer son Monolith qu’elle avait laissé là-haut. Elle cherche à joindre Makan puis Leilani et enfin tente de contacter les différentes sociétés à qui elle a fait appel pour comprendre comment en est-on arrivé là. Personne ne répond. Pire même, sa pierre semble ne pas fonctionner correctement. Elle ne parvient pas à utiliser le réseau de cristaux DATA pour contacter le monde extérieur.

 C’est la première fois que ce genre de situation lui arrive. Les cristaux DATA n’ont aucun secret pour elle. C’est même grâce à ses découvertes qu’elle a fait fortune et qu’elle a pu s’installer sur cet îlot du Pacifique pour finir ses jours heureux et en paix. Les ondes quantiques par lesquels les cristaux communiquent au cœur des Monoliths sont réputés infaillibles. Comment a-t-on pu la couper ainsi du reste du monde ? C’est à n’y rien comprendre.

 Afin de tiré tout cela au clair, elle se précipite vers l’atelier de son homme à tout faire pour chercher les outils qui lui permettront d’ouvrir son appareil aux multiples fonctions et détecter l’anomalie. Elle n’a pas fait ça depuis plus de dix ans. Malgré tout, elle se rappel très bien les leçons qu’elle enseignait à ses étudiants au MIT. Les réflexes reviennent dans son cerveau comme bulles de champagnes qui remontent à la surface d’une flûte.

 Après quelques tours de tournevis d’électronicien, elle ouvre le petit boitier pour voir apparaître le processeur, cartes graphiques et plaques de cristaux qui composent ses appareils révolutionnaires. Les cristaux DATA sont semblables à des grains de riz parfaitement alignés et totalement inertes lorsqu’on les observe à l’œil nu. Mais, en vérité, ils sont capables de contenir des centaines de milliers de kilos octets d’informations et sont capable de gérer leur propre réseau de connexion. On appelle cela, le SupraNet. De plus, les cristaux communiquent par onde quantique, c’est à dire qu’ils projettent des photons entre eux afin de se mettre à jour continuellement. C’est également cela qui génère les hologrammes qui ont envahi le quotidien de l’humanité.

 Après une rapide observation des cristaux, rien ne semble lui infirmer son expertise. Le Monolith n’a pas pu être piraté. De toute façon, qui le pourrait ? C’est elle-même qui est à l’origine de cette technologie !

— Un problème Professeure ?

 Mrs Parker sursaute en entendant cette voix inconnue et pourtant familière. Comme surgit d’outre-tombe. Personne ne l’avait appelée ainsi depuis plus de dix ans. Tout le monde ici ignorait son passé au MIT. Elle avait préféré retrouver l’anonymat pour ne plus être associée à sa fonction d’enseignante qu’elle avait méprisée toute sa vie. En se retournant, elle aperçoit la silhouette d’un homme grand et mince dans l’encadrement da la porte. L’atelier étant plongé dans la pénombre, elle ne parvient pas à distinguer son visage.

— Qui... qui êtes-vous ? balbutie-t-elle.

 Comme pour essayer de se défendre, elle menace l’inconnu avec son ridicule petit tournevis. L’homme ne semble nullement impressionné et s’approche d’elle d’un pas assuré.

— Tss tss tss, siffle-t-il d’un air menaçant. Allons, allons, professeure. Vous n’imaginez pas tout le mal que j’ai eu pour vous retrouver ? Et c’est ainsi que vous m’accueillez ?

— Je n’hésiterai pas à m’en servir ! dit-elle fébrile, la main crispée sur le tournevis.

— Baissez votre joujou Madame, vous pourriez vous blesser.

— Je ne plaisante pas !

— Moi non plus.

 L’homme tend alors son bras vers elle pour lui montrer à la lumière de la lampe le canon d’un revolver impressionnant qui la regarde dangereusement. L’inconnu arme le chien de son magnum dans un cliquetis caractéristique. Mrs Parker a le temps d’apercevoir la pointe cuivrée d’une balle fichée dans le barillet se déplacer derrière le canon. En effet, il n’est pas là pour plaisanter.

— Allons dans votre salon, ma chère, poursuit l’homme d’une voix calme et inquiétante. Nous serons plus tranquilles pour discuter.

 Sous la contrainte, Katherine se plie aux exigences de l’inconnu et se dirige vers la grande pièce de réception encore en chantier. Derrière elle, l’homme continu de pointer son arme avant de lui demander de s’arrêter pour lui demander de s’assoir sur le canapé. Katherine ne peut réprimer des larmes de peur sur son visage maquillé. Tous ces efforts pour paraître jeune et séduisante aux yeux de ses invités réduits à néant par cette visite impromptue.

— Mes invités, dit-elle soudainement. J’attends du monde dans les minutes qui arrivent. Vous ne pourrez pas vous en sortir espèce de...

— Vos invités ne viendront pas, professeure, coupe l’homme tandis qu’il prend place à ses côtés. Je me suis chargé d’annuler votre petite sauterie à la dernière minute.

 Il lui montre une pierre noire semblable à celle qu’elle a démonté il y a peu pour l’analyser. Elle peut voir son visage à présent. C’est un homme d’une trentaine d’années, le regard sombre et le visage émacié. Il a une attitude à faire froid dans le dos et un sourire à vous glacer le sang. Elle a déjà vu son visage auparavant mais il a quelque chose de différent. Cet homme était forcément un de ses anciens étudiants de l’époque où elle enseignait encore dans le Massachussetts. Les souvenirs commencent à émerger peu à peu de la surface. S’il est bien l’étudiant qu’il pense être, elle ne parvient, néanmoins, pas à mettre un nom sur ce visage terrifiant. Une chose est sûre, s’il l’a retrouvée, ce n’est pas pour lui parler du bon vieux temps. Ou plutôt si, mais pas seulement. Il vient probablement récupérer son dû.

— Vous... bégaye-t-elle en sanglotant. Je vous connais.

— Bien, je vois que ces années d’oisiveté ne vous ont pas fait oublier votre passé. Physiquement, en revanche, je dois avouer que vous avez beaucoup changé. J’ai bien failli ne pas vous reconnaître.

 Mrs Parker, dans un réflexe futile, ajuste sa robe de chambre pour recouvrir son corps et le cacher aux yeux de cet intrus.

— Que voulez-vous ? Qu’attendez-vous de moi ?

— Vous souvenez-vous de moi, ma chère ?

 Il est si près d’elle qu’elle pourrait sentir l’odeur de ses vêtements ou même son haleine. Pourtant, elle ne sent rien. Cet homme n’a pas d’odeur. Il est comme un fantôme menaçant et imprévisible.

— Je... crois, répond-elle en tremblant.

— Quel est mon nom ?

— Je... je ne sais plus.

— Vous ne savez plus ? répète-t-il avec un ton narquois tout en balayant délicatement une mèche de cheveux du visage crispé de Katherine. Ou vous ne voulez plus savoir ?

— Je... vous êtes... vous étiez un de mes étudiants au MIT.

— Voilà qui est mieux, dit-il avec une complaisance malsaine. Mais je ne suis pas n’importe quel étudiant, n’est-ce pas ?

— N... Non, en effet, admet-elle tandis qu’elle ne peut retenir une larme chargée de fard à paupières couler le long de sa joue.

— Laissez-moi vous raconter une petite histoire, voulez-vous ? commence-t-il en se levant pour prendre un objet derrière le canapé. Je me suis permis de me servir dans la cuisine, j’ai pris une bouteille de champagne et deux flûtes, vous ne m’en voulez pas ?

 L’homme se place face à elle en lui montrant l’une des bouteilles qu’elle avait prévu pour sa soirée inoubliable. Il est grand et élancé. Il porte un pantalon noir et un pull à damier d’où dépasse le col d’une chemise blanche. Il a rangé son Magnum dans un holster d’épaule que recouvre une veste d’un blanc immaculé. Si son physique est loin d’être dans les standards des corps qu’apprécie Katherine, il n’en demeure pas moins impressionnant par sa prestance et son aura maléfique. Il porte des gants en cuir noir aux mains et une montre en Monolith au poignet gauche. Sans attendre de réponse, il fait sauter le bouchon de champagne pour remplir les verres d’un geste assuré. Il tend l’un des deux verres à son otage avant de se rassoir à ses côtés tout en lui passant le bras autour des épaules.

— Où en étais-je, reprend-t-il comme s’il était en train de raconter une histoire drôle. Ah oui. Il était une fois, un jeune garçon sans un sous qui parvient à s’installer dans une banlieue chaude de Karmapolis, la Ville de demain. Il espérait y vivre un nouveau départ dans cet antre de l’opportunisme et du progrès. Malheureusement, ayant grandi dans un centre de déconstruction pour garçon pendant toute son enfance, il est resté un paria pour cette société convertie au féminisme exacerbé. C’est là qu’il finit par déverser sa haine dans la Fosse. Un lieu tenu secret, perdu dans les bas-fonds de Karma où tous les hommes frustrés se retrouvent pour dézinguer de la viande fraîche. Là, il y partage la vision de Bishop, le visionnaire à l’origine de ce lieu hétéroclite.

 Où veut-il en venir ? pense soudain Katherine qui tient sa flûte à champagne sans trop savoir comment s’y prendre. Pourquoi lui raconter tout ça ? Que va-t-il faire d’elle ? Après une gorgée, l’homme reprend son récit.

— Un jour, alors que les combats dans la Fosse ne le satisfont plus, il trouve l’illumination. Il s’est découvert un but, une destinée. Il a trouvé le Grand Projet qui lui permettra de prendre sa revanche sur tous ceux qui l’ont maltraité, martyrisé et mis au rebus. Il va détruire un symbole qui marquera les esprits !

 L’homme semble avoir des étoiles dans les yeux lorsqu’il évoque ce projet mystérieux qui l’habite. Mrs Parker est complètement décontenancée et ne parvient pas à déterminer quel rôle elle a à jouer dedans.

— Je vais créer un super-héros qui défendra la justice et combattra le crime organisé à Karmapolis. J’ai établit tout un plan pour y parvenir, mais je vous passe les détails, ça ne vous intéresserai pas. En revanche, je vais faire de ce personnage un symbole de vertu et d’espoir pour l’humanité. Quand il sera parvenu au sommet de sa gloire, qu’il aura anéanti le Syndicat du crime mené par le Marionnettiste à Karmapolis. Lorsque tout le monde verra qu’il se bat pour une cause noble et juste, qu’il sera leur sauveur et qu’il défendra les valeurs de la bonne pensée, alors je le détruirais ! Ainsi, je prouverais que le mal peut enfin triompher du bien et j’anéantirais tout espoir sur Terre. Je vais tuer le héros de Mon histoire.

 Il est complètement fou, pense Katherine désespérée. Il est en train de parler de Karmapolis, une mégalopole située à près de dix mille kilomètres des côtes hawaïennes. De plus, elle ignore totalement de qui il parle lorsqu’il évoque un certain Bishop ou même le Marionnettiste. Elle sait simplement que le richissime homme d’affaire, Franklin Magnus Mamford, bienfaiteur de la ville et propriétaire de la société de transport qui fait la fierté de la cité y est un personnage très influent.

 Est-ce de lui dont il parle ? Mrs Parker ne l’a jamais invité à aucune de ces soirées. Pourquoi lui parle-t-il de tout cela alors qu’elle n’a rien à voir avec Karmapolis ? Elle a toujours préféré rester éloignée de cette ville à la réputation malsaine. La Ville de demain a bien d’autres surnoms évocateurs et peu recommandables. Le plus connu d’entre eux est certainement la Baie des requins.

— Je vous passe les détails qui m’ont permis d’en arriver jusqu’à la création de mon personnage mais, sachez que d’échecs en déconvenues, j’ai fini par atteindre mon premier objectif. J’ai créé mon super-héros. Enfin, ce n’est qu’un bébé pour le moment, mais, je compte bien réussir à lui faire tracer la voie que j’ai décidé pour lui.

 De quoi parle-t-il ? se demande Katherine de plus en plus effrayée par la folie des grandeurs de cet homme. Il a fait naître un enfant uniquement dans le but d’en faire un personnage de comics book ? Qu’est-ce qu’il ne tourne pas rond chez lui ?

— Il s’appelle William, dit-il en montrant une photographie en hologramme sur son Monolith.

 La photo représente un jeune couple avec un large sourire illuminant leur visage. Ils tiennent un bébé dans les bras. Au vu de la robe de chambre portée par la maman et ses cernes sous les yeux, Mrs Parker en déduit que l’holo-photographie a été prise peu de temps après l’accouchement.

— Il est avec ses parents ici mais, je les ai fait tuer il y a quelques mois déjà.

Katherine esquisse une grimace de surprise, choquée par la révélation de l’inconnu.

— Ne vous inquiétez pas c’était prévu par mon plan. Bref, je vais désormais devoir attendre qu’il grandisse pour qu’ensuite, je lui montre la vérité sur ses origines. Cette ultime révélation devrait pouvoir lui permettre de prendre les armes afin de lutter contre la corruption qui gangrène sa ville natale.

— Pourquoi vous me racontez tout cela ? ose-t-elle demander les yeux rouges de larmes. Je n’ai jamais mis les pieds à Karmapolis. Qu’ai-je à voir dans votre projet moi ?

— C’est vrai, vous avez raison. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, admet-il presque amusé par la situation. C’est juste que, pendant que je réfléchissais à mon plan, je me suis rappelé d’un événement qui m’était arrivé durant mes années d’études au MIT. Vous vous doutez bien que pour organiser un tel projet, il me fallait connaître parfaitement les rouages du système, le Syndicat, la technologie des Monoliths et bien d’autres choses.

 Katherine se surprend à acquiescer alors qu’elle aurait souhaité ne pas répondre. Mais la réponse était tellement évidente qu’elle ne put s’en empêcher. Pour organiser un tel projet, il faut plus que des compétences en informatique ou des connaissances en cristaux DATA. Il faut un QI plus élevé que la moyenne et une santé mentale particulièrement atteinte. Cet homme semble cocher toutes ces cases.

— Laissez-moi remonter un peu dans le temps. Quelques années avant que ce jeune garçon ne s’installe à Karmapolis. Il était une fois, un étudiant qui fit une découverte remarquable un jour qu’il étudiait les ondes quantiques émises par les cristaux DATA. C’était il y a très longtemps mais son enseignante doit s’en rappeler comme si c’était hier puisque la découverte de cet étudiant lui a permis de s’envoler pour Hawaï en prenant soin de larguer son bedonnant de mari.

 Katherine avait vu juste. Il s’agit bien de l’étudiant qui lui a permis de faire fortune. Elle avait pris ses travaux pour les présenter à d’autres experts et avait fini par déposer un brevet au mépris des règles et des conventions morales d’un professeur envers ses étudiants. Cet élève était brillant mais imbu de lui-même et tellement arrogant. Il n’avait que ce qu’il méritait, c’est à dire rien. Il allait encore être un homme qui réussit tout au détriment des jeunes filles qui doivent encore passer par des bourses de genres pour parvenir à ce niveau d’étude. Elle a fait ce qui lui semblait juste et a préféré mettre son passé sous le tapis pour pourvoir continuer à se regarder dans un miroir. Comment s’appelait-il déjà ?

— Je m’appelle John Chessman, et je suis venu pour vous tuer, dit-il aussi simplement que s’il venait de passer commande au restaurant.

 Aussitôt, la jeune sexagénaire jette le champagne à la figure de son ancien étudiant pour tenter de s’échapper de ce guet-apens. Elle se précipite vers la baie vitrée pour sortir dans le jardin et crier de toutes ses forces pour appeler de l’aide. Malheureusement, la porte est verrouillée et sa commande vocale ne répond plus.

— À l’aide ! hurle-t-elle vainement. Ouvre-toi !

— J’ai créé la technologie qui permet de rendre les maisons intelligentes, dit l’homme sereinement tandis qu’il s’approche d’elle dangereusement. Tu t’égosilles pour rien, j’ai pris toutes les précautions nécessaires.

— Ordure !

— Non, le mot de passe c’est « Traîtresse » !

 Comme par enchantement, la baie-vitrée s’ouvre enfin et laisse Katherine s’exfiltrer de la maison. Elle hurle de peur tandis qu’elle s’approche de sa piscine éclairée par quelques lanternes. La nuit est déjà bien avancée et personne n’est là pour entendre ses appels au secours. Son agresseur a pris soin de vider sa propriété pour qu’ils soient tous les deux tranquilles à discuter du bon vieux temps.

 Est-ce encore par un de ces tours de passe-passe avec les Monoliths qu’il a pu réaliser cela ? Selon elle, c’est impossible. La technologie des cristaux DATA est infaillible et inviolable. Mais, il a raison sur un point. C’est bel et bien lui qui a permis l’émergence de cette technologie. S’il y a bien une personne capable de ce genre de prouesse sur cette Terre, c’est bien ce John Chessman.

 Désespérée, Mrs Parker se retrouve totalement démunie au bord de la piscine, sa robe de chambre en soie est désormais ouverte sur son corps nue et refait. Désemparée, elle cherche une solution autour d’elle mais, l’homme arrive déjà à sa hauteur. Elle n’a que le temps de sentir une petite pression dans son dos qui la fait chuter dans la piscine. Empêtrée dans sa robe rouge aux motifs floraux, elle tente de regagner la surface mais, elle sent une main gantée la maintenir immergée.

 L’air ne circule plus, Katherine commence à entrapercevoir la mort qui vient la chercher. Impuissante face à cette force démoniaque, elle sent la vie la quitter petit à petit. Les poumons gorgés d’eau, elle finit par s’épuiser, la lutte est vaine et l’issue inéluctable. Au bout de quelques minutes, le corps de Katherine Parker ex professeure Standman ne réagit plus et flotte dans l’eau telle une poupée de plastique que l’on aurait oubliée dans un égout. Déjà, son maquillage se dilue dans l’eau de la piscine, tel des volutes crasseuses valsant autour d’elle. Le prix à payer est lourd pour une femme qui a voulu voler trop près du soleil. Pourtant, la vengeance de l’homme qui n’aimait pas les femmes ne fait que débuter.

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